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Tisserand : Une fonction en disparition

Le tissage artisanal est un très vieux métier, réservé aux hommes qui travaillent généralement en groupe et en plein air. Il fait partie de l’art de vivre et tend à disparaître.

 

Le tissage artisanal faisait partie des us et coutumes du Mali. Lors des mariages, baptêmes, décès, la tenue traditionnelle avait toute sa place soit dans les dots, les habits mortuaires ou parmi les atours.

Chaque ethnie se distinguait de par son pagne traditionnel. Le métier de tisserand consiste à fabriquer plusieurs bandes d’étoffes, les couvertures, les pagnes le grand boubou des hommes…  Au quartier Médina Coura, en commune II du district de Bamako, Demba Sow a installé son métier à tisser. Chaque jour entre 6 heures et 18 heures, il s’adonne à cette activité, qu’il exerce depuis 25 ans. Demba Sow est un artisan venu de Nioro du Sahel, dans la région de Kayes.

“Nous fabriquons beaucoup d’étoffes, actuellement je tisse les pagnes et couvertures qu’un client a commandé pour le mariage de sa fille. Il y’a plusieurs motifs de pagnes traditionnels, mais le fils que nous achetons à la Comatex est constitué de sept couleurs. Ces couleurs peuvent être utilisées dans la fabrication de couvertures multicolores même de tapis qu’on accroche au mûr pour embellir sa maison”, explique Demba Sow. “Le tissage artisanal peut être héréditaire comme dans ma famille, mais nous apprenons notre art à tous ceux qui veulent se former”, ajoute.

Pour devenir tisserand, la formation dure entre 3 et 5 ans. Elle n’a lieu qu’en dehors des périodes hivernales, pour ne pas empêcher les apprenants à cultiver ou à aider les parents au champ. Tout au long de sa formation les étoffes qu’il aura à tisser reviennent à son maître.

“Une jeune mariée devrait avoir au moins 100 à 3000 pagnes dans son trousseau de mariage et les parents y veillaient minutieusement. Mais seuls quelques Banambais suivent cette coutume à la trace, même si peu y sont attachés maintenant il suffit d’avoir un ou deux pagnes traditionnels pour se marier et rares sont les jeunes filles qui en ont.

Chaque pagne a une signification dans la tradition, un nouveau-né qui a été enroulé dans un pagne traditionnel n’aura pas la même vie que celui qui n’a pas eu cette chance car chaque pagne que le tisserand tisse est fait par un savoir-faire, une incantation dont lui seul a le don.

Les tisserands se font rares pour la simple raison que les tenues traditionnelles ne sont plus valorisées et sont moins rentables. “Beaucoup de nos amis qui exerçaient ce métier ont plié bagages maintenant ils ont fait fortune, si nous autres continuons de l’exercer c’est par amour du métier et on est ancré dans notre tradition car celui qui abandonne sa tradition au profit d’une autre n’est qu’une chauve-souris”, confie Demba Sow.

Oumou Fofana

Mali Tribune

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