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Tieman Hubert Coulibaly, ministre de la Défense sur l’ORTM : Aveu d’impuissance et incertitude !

Les deux journalistes ont posé de bonnes questions, mais ils avaient sur le plateau un ministre de la défense qui n’en avait pas l’air, ne maîtrisant pas les vraies questions militaires, fuyant des questions de Yaya Konaté et Sidiki Dembélé, deux journalistes émérites de l’Ortm, et s’abritant sous la couverture du fameux ‘’secret défense’’. Mais quelques aveux d’impuissance.

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Premier aveu officiel : l’Etat malien perd le nord jusqu’à nouvel ordre. Le ministre de la défense ne sait pas quand est-ce que notre armée foulera le sol de la ville kidaloise, qui lui est interdit.

Deuxième aveu: c’est désormais officiel, la visite irresponsable du Premier ministre Moussa Mara à Kidal, en mai 2014, nous a fait perdre la souveraineté dont on pouvait se prévaloir sur le nord et particulièrement sur la ville de Kidal, où flottait fièrement notre étendard national vert-jaune-rouge, sur la station régionale Ortm Kidal, le gouvernorat et le camp de l’Armée malienne à Kidal. Aujourd’hui d’autres font la loi, souffle la tempête et l’accalmie sur notre territoire, sans nous-mêmes.

Troisième aveu officiel : l’Accord de cessez-le-feu du 23 mai 2014 signé sous l’égide du président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz, entre le gouvernement du Mali et les trois groupes armés, le Mnla, le Hcua et le MAA, continue de régenter l’Etat malien et constitue un document de référence officiel pour notre gouvernement, malgré la signature de l’Accord pour la Paix et la Réconciliation nationale, issu du processus d’Alger.

Le gel des positions des belligérants à la date de ce cessez-le-feu, fatalement en défaveur de la souveraineté nationale sur toute l’étendue du territoire malien, reste de rigueur. Le ministre de la défense du Mali Tieman Hubert Coulibaly, réaffirme et certifie, la validité de l’état des lieux et des rapports de force à la date de la signature du cessez-le-feu du 23 mai 2014. Aussi voudrait-on aller à Kidal, qu’on ne le pourra pas ; on ne peut rien contre notre expulsion commandée de Kidal. Aussi longtemps que cela prendra, l’entrée de notre armée à Kidal dépendra du bon vouloir des anciens rebelles, signataires du cessez-le-feu, si nous en croyons aux explications du ministre de la défense. Ce qui parait scandaleux pour nous.

En tout cas suivant ce « processus qui part des évènements de 2014, le cessez le feu, le gel des positions », tels qu’évoqués par le ministre, on ne doit pas compter sur le gouvernement pour dresser un agenda, pour le retour de l’armée et l’administration à Kidal, cela n’arrivera pas. Pour l’avoir écrit va-t-on nous opposer le principe sacro-saint de secret- défense ?

Devoir de transparence

La reconstruction de notre outil de défense est un projet cher à nos hautes autorités, et nécessite la mobilisation de beaucoup de moyens humains et financiers, pour l’acquisition des matériels. Le ministre situe ce projet dont dépend la sécurité de notre pays et de nos populations, dans le cadre de la Loi d’orientation et de Programmation militaire, qui mobilisera environ 1 230 milliards de FCFA  pendant un quinquennat. Le ministre Tieman Hunert Coulibaly a évoqué l’enrôlement de 5000 ‘’citoyens’’ qui seront le socle pour reconstruire l’armée de l’air, renforcer les capacités de l’infanterie …

Les 1 230 milliards ne sont pas déposés dans un compte, mais il s’agit d’une prévision budgétaire pour plus de 200 milliards de FCFA par an, a précisé le ministre de la Défense. Cependant les souvenirs d’un passé récent de détournement de fonds alloués aux FAMas, sont encore vivaces dans notre mémoire de Malien.

L’achat des matériels, des équipements, et aussi de nouvelles tenues pour donner une bonne apparence à nos soldats, a occasionné des détournements de fonds, des surfacturations, pour des centaines de milliards de FCFA au profit des bandits à col blanc et au détriment des vaillants soldats qui vont se battre au front pour que toute la population malienne dorme tranquillement. Est-on sûr que les auteurs de malversations ont été extirpés des rouages du ministère de la Défense et de l’administration malienne. Combien dans ces 1 230 milliards destinés à la mise en œuvre de la Loi de la Programmation militaire, ira réellement à l’armée ?

Le ministre de la Défense veut bien croire que ces détournements de fonds appartiennent au passé. Mais les pratiques ont la vie dure et les habitudes ont la manie de revenir au galop. Selon l’invité de l’Ortm, certains ont attribué au gouvernement d’avoir acheté des pickups à 50 millions de FCFA, alors qu’ils ont été acquis à moins de 25 millions de FCFA.

Il en fait un scandale, et met en doute jusqu’à leur patriotisme, alors qu’il suffisait que le gouvernement communique à temps pour dire aux imposables que nous sommes, à combien il a acheté des véhicules de tel type, rien que pour défendre le pays, protéger les populations et leurs biens. A moins que cela ne relève encore de ‘’secret défense’’ ? A défaut d’avoir communiqué avant les rumeurs, le ministère de la Défense devrait se voir dans l’OBLIGATION de nous communiquer, à nous les populations pour lesquelles il travaille, la ‘’bonne information’’ sur les marchés controversés. C’est peut-être Secret défense ?

Après les marchés douteux d’achat des équipements et matériels militaires, les hautes autorités de notre pays devaient consentir à la révision d’un article du code des marchés publics, qui mettait sous la coupe du Secret défense la passation de certains marchés publics. Il s’est trouvé que cette disposition servait de paravent à certains pour un vaste détournement de fonds, sous le couvert de secret défense. Sous la pression du FMI, cette disposition a été purement et simplement supprimée de notre code des marchés publics. Aussi doit-on manipuler la notion avec beaucoup d’attention, et éviter de le brandir ou de l’opposer à tout bout de champ aux citoyens, aussi patriote que personne.

Après trois ans de règne de ce régime en place, notre armée reste toujours très mal lotie, pas d’avion de combat, notre parc volant est nul. Mais le ministre indique que nous avons au moins un hélicoptère qui se trouverait à l’aéroport. Dans trois mois un avion sera acquis et le mouvement va se poursuivre. Personnellement, je voudrai bien croire… Mais, c’est depuis le 4 Septembre 2013. On peut convenir qu’un avion s’achète sur commande. Il faut du temps pour le construire. Le Mali a passé ses commandes, mais on attend toujours.

A Ségou le président avait décrié la lenteur et l’avait assimilée à un ‘’embargo’’ de certains partenaires du Mali sur les armes du Mali. Le ministre de la Défense ne confirme pas, ou du moins ne voudrait-il pas s’engouffrer dans cette brèche. Il explique cette lenteur par une tension sur le marché de l’armement, qui s’explique par le nombre de foyers de tension dans le monde. La durée moyenne pour construire un avion ? Le ministre botte en touche, Yaya Konaté relâche, au risque de se voir rappeler sur le Secret défense.

  1. Daou

Source : Le Républicain

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