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Tiégoum Boubèye Maïga sur Joliba Tv news : ‘’Au Mali, la presse est le secteur qui a embauché le maximum de chômeurs ! ‘’

Invité de l’émission «En toute liberté» de Mohamed Attaher Halidou, sur le plateau de la chaîne d’information Joliba Tv news, Tiégoum Boubèye Maïga, journaliste chevronné et non moins ancien directeur de communication de la présidence, a donné son avis sur presse malienne et  les défis de la profession. Si le grand professionnel qu’il est  ne transige pas avec le fait que «Le journalisme est un métier qui s’apprend…» et partage l’opinion aujourd’hui répandue qu’on est  «dans un champ de ruines ! »,  il invite les pouvoirs publics à se rappeler que la presse est le secteur qui a embauché le maximum de chômeurs, une mission avant tout régalienne « On est fragilisé et on ne nous prend pas au sérieux. La maison ne doit pas être nettoyée, mais mise en ordre ».

 

Quand on analyse le discours du président de la Maison de la presse, on est d’accord avec lui qu’on est dans un champ de ruines, parce qu’il a tout dit. La presse est le reflet de la société, le miroir de la société. La presse est mal formée on s’est battu jusqu’à la création d’une école. La formation des journalistes relève de l’État et même si les privés le font, mais c’est le devoir de l’État. «Un journaliste mal formé, c’est comme un singe laissé dans la rue avec un couteau».

Les conditions salariales insuffisantes

Au problème de formation, s’ajoute celui de la précarité des moyens. « Disons-nous la vérité, les journalistes maliens ne sont pas payés. Quelqu’un qui n’est pas payé, qui a des charges sociales, des responsabilités familiales devient une proie facile à la corruption. Et comme je l’ai dit tantôt la presse est le miroir de la société, parce qu’on a une société corrompue ». Quel que soit le secteur qu’on prend aujourd’hui, explique M. Maïga, on trouve des brebis galeuses. Il ya malgré tout des efforts dans le domaine de l’information, mais force est de déplorer aussi c’est un véritable champ de ruines.

L’autre évidence qu’on ne saurait nier dans la presse malienne est que chacun veut être directeur de publication. « Nous nous sommes toujours battus pour qu’il y ait au moins cinq personnes dans une rédaction même si dans une vraie rédaction, il faut aller à cinquante voire cent. Aujourd’hui malheureusement, nous avons des rédactions d’une personne et ce n’est pas du journalisme. »

Sous la première transition en 1991, rappelle-t-il, a été organisée la 1ère Journée nationale de l’information et de la communication. Il était prévu de faire le point tous les cinq ans. « Mais au bout du compte, nous n’avons eu que trois journées sur les 30 ans ». Il serait bon que le gouvernement et les faîtières se mettent autour de la table pour organiser la 4ème journée afin de mettre tous les problèmes sur la table.

Loi obsolète

« La loi qui gère la presse date de Juillet 2000, c’est-à-dire avant même la création de la HAC.  Nous sommes en 2022 avec tous les changements qui ne sont pas forcément positifs. Nous avons près de 250 journaux, près de 500 radios et une quarantaine de télés. On va où avec tout ça ? »  s’interroge-t-il. Au moins, il faudrait bien que les personnes qui sont dans ces organes soient bien formées.

Formation de base

Le journalisme est un métier. ça s’apprend. Il ne suffit pas d’être un beau parleur ou savoir faire une dissertation. Le journalisme, ce n’est pas de la dissertation. Il faut être formé pour pouvoir collecter de l’information, savoir quelles sont les sources, les sources documentaires, humaines… Une fois que la collecte est finie, il faut savoir traiter l’information et c’est bien cela le côté science technique de l’information.

«Quand on dit cela aux jeunes, certains pensent que nous voulons leur fermer les portes. Non ! En 1991, il y avait un collègue qui voulait qu’on fasse un Ordre professionnel comme pour les médecins. Ceux qui n’étaient pas journalistes n’auraient pu exercer. Nous nous y sommes opposés parce que c’est quand même le symbole de la liberté d’expression. Ni les portes ni les fenêtres n’ont été fermées. Mais pour cela, ils sont plus nombreux que ceux qui sont formés. Ils viennent avec leurs propres déontologies et éthiques…On ne peut pas faire grand-chose pour le moment. … Ça nous ramène à la formation de base, il faut que les faîtières s’impliquent.» Et véritablement.

Moulaye Hassane Haïdara

Source : Le Challenger

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