C’est l’un des messages forts que le président du Parti pour la renaissance nationale (Parena), Tiébilé Dramé a livré le samedi 22 novembre 2014 à l’occasion de la cérémonie d’ouverture du 3e congrès de l’URD. C’était au Palais de la Culture. Toujours égal à lui-même, Tiébilé Dramé n’a pas pris de gants pour dénoncer les dérives de l’actuelle gouvernance.
En introduisant ses propos, M. Dramé s’adressant aux militants de l’URD a fait savoir que « l’histoire récente de notre pays a permis de constater que pour vous, la République n’est pas une vue de l’esprit, la Constitution n’est pas un chiffon de papier qu’on utilise à sa guise. Ce n’était pas le cas de tout le monde, notamment de la plupart de ceux qui, aujourd’hui, siègent au gouvernement. Beaucoup de ceux qui dirigent aujourd’hui le Mali étaient fréquents à Kati. Beaucoup parmi eux ont fricoté avec la junte qui a failli détruire le Mali ».
Le président du Parena de dénoncer avec véhémence les accointances entre l’appareil d’Etat et les putschistes détenus dont l’objectif demeure leur libération. « Il n’est pas étonnant que les mêmes qui ont eu les faveurs du capitaine Sanogo, les mêmes qui complotaient avec la junte contre la démocratie et la République soient ceux-là mêmes qui, profitant aujourd’hui de leurs positions dans l’appareil d’État, grenouillent pour que le capitaine Sanogo et ses complices échappent à la justice. De manière indécente, ils envoient des SMS aux putschistes détenus pour les réconforter en attendant une libération prochaine, comme si les tortures abjectes, les exécutions sommaires, les charniers de Diago et de Kambila n’avaient jamais existé. Qu’ils sachent que les mères, les épouses, les sœurs, les pères, les frères et les orphelins des suppliciés de la junte exigent la vérité sur les crimes commis. Ils exigent que justice soient rendue. Qu’ils sachent qu’ils trouveront devant eux toute l’opinion démocratique, tous les démocrates et tous les républicains ».
Il faut dire que Tiébilé Dramé n’arrive pas à pardonner le Premier ministre Moussa Mara pour sa visite « hasardeuse » à Kidal en mois de mai dernier. Il le rappelle à toute occasion comme ce fut le cas au congrès de l’URD. « J’en appelle à la conscience démocratique du président de la République, s’il est encore en mesure d’agir, pour mettre fin aux mic-macs politiciens du Premier ministre. Le Chef de l’État a laissé les mêmes nous entraîner, avec légèreté et irresponsabilité ( semble t-il par SMS ) dans une guerre improvisée en mai dernier avec les conséquences militaires et politiques dévastatrices que l’on sait. Notre nation et notre armée en ont été humiliées.
Nous avons enregistré près de 200 morts entre le 17 et le 21 mai. Des dizaines de 4×4 et des véhicules blindés ont été emportés par les groupes armés rebelles.. Nous payons encore les conséquences de cette aventure irresponsable. En effet, les “Éléments de synthèse” issus des discussions d’Alger que tout le monde conteste sont le reflet du rapport des forces créé au Nord à la suite de l’aventure de Kidal ! Outre un rapport des forces défavorable, l’action du gouvernement sur le Nord continue d’être caractérisée par un manque de vision et de leadership, des louvoiements et un manque criard de contrôle du Mali sur le processus de sortie de crise ! »
Aux militants de l’URD, M. Dramé dira « Pour la défense de la Constitution, des valeurs et des principes républicains, nous sommes ensemble et nous serons ensemble ! »
A en croire Tiébilé Dramé, le 3e congrès de l’URD s’est tenu à un moment particulièrement difficile de la vie de notre nation du fait d’une gouvernance chaotique instaurée depuis septembre 2013 par le président IBK.
« La situation est tellement grave qu’on se demande s’il y a un gouvernement au Mali ! S’il y en a un, que fait-il ? A quoi consacre t-il ses journées ? A surfacturer ? Voyez les scandales financiers ! L’affaire du 2ème avion, les paradis fiscaux, les sociétés-écrans… L’affaire des fournitures militaires, la caution de 100 milliards pour couvrir les commandes de Guo-Star, les virements insolites sur des comptes bancaires à Abidjan…
Nous avons souhaité, lors de la rencontre du jeudi 20 novembre à Koulouba, que le président de la République s’explique sur toutes ces affaires. Nous avons souhaité qu’il nous dise combien a coûté le boeing 737 présidentiel ? 17 milliards (comme il l’a annoncé lui-même à Jeune Afrique) ? 20 milliards (comme indiqué aux députés par le Premier ministre) ? 21 milliards (selon le ministre des Finances) ? Ou tout simplement 7 milliards 470 millions, comme le ministre de la Défense, co-signataire du contrat d’achat de l’avion l’a dit au Bureau du vérificateur général (BVG) ? Vous connaissez la réponse, le Président ne veut pas s’expliquer. ” je ne le ferai jamais”, a t-il dit ! Et pourtant, le peuple veut savoir où est la vérité ? Quel est le prix d’achat réel de l’avion ? Pourquoi l’avion n’est pas immatriculé au nom du Mali ? Pourquoi est-il immatriculé à Aruba dans les Antilles néerlandaises ? Pourquoi est -il exploité par Mali BBJ Ltd, une société offshore créée sur un territoire britannique des Caraïbes ? Où vont les redevances générées par la location ?
Pourquoi, il y a eu des dizaines de milliards de surfacturations quand il s’est agi d’équiper l’armée ! Pourquoi le gouvernement a apporté un fonds de garantie de 100 milliards pour couvrir les activités d’une société privée ? Quelle est la destination de plus de 10 milliards bizarrement tirés du fonds de garantie ? Ces scandales minent la confiance des citoyens en leurs dirigeants.. Ils plombent le relèvement du Mali ! ».
Pour ce qui concerne Ebola voilà ce que le président du Parena a dit aux militants de l’URD :
Par ailleurs, vous voyez comment le gouvernement gère la grave crise d’Ébola ?
Négligences, lenteurs et dysfonctionnements, rétention ou mauvaise circulation de l’information sont les caractéristiques de notre réponse à la crise d’Ébola !
Dès le 28 octobre, le gouvernement a été alerté par l’OMS-Guinée sur la cause probable la mort de l’imam de Kourémalé. L’on a perdu deux semaines précieuses jusqu’à l’apparition des symptômes d’Ébola chez le personnel de la clinique Pasteur.
Illustration des négligences et lenteurs qui caractérisent la gestion de la crise d’Ébola, le gouvernement s’est avéré incapable d’informer, à temps, le Chef de l’Etat du décès du Docteur Assane Diomandé de la clinique Pasteur, laissant le Président annoncer aux partis politiques, le 20 novembre, son espoir d’un prochain rétablissement du praticien pourtant décédé six heures auparavant ici à Bamako.
Ces insuffisances du gouvernement et d’autres dysfonctionnements font que le Président est déconnecté des réalités du pays !
Il ne saurait en être autrement quand on sait que ce gouvernement est paralysé par des querelles intestines et que certains de ses membres, préoccupés par leur image, sont en campagne électorale permanente tel, le Premier des ministres, qui prie chaque vendredi dans une mosquée différente ! On se demande pourquoi le Président laisse faire ces jeux politiciens dans les mosquées ?
En souhaitant plein succès à vos travaux. Je dis mon espoir que notre pays aujourd’hui balloté, fragilisé et affaibli, se relèvera, c’est sûr, c’est certain…
Source: Autre presse