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Terrorisme dans le Sahel : « Le problème se trouve au Mali » Ministre Algérien

Il a parlé d’une banque, dont le nom a été gommé dans le câble, qui serait «la banque des terroristes».

«Nous devons supprimer cette banque où la connexion entre le trafic de drogue et le financement du terrorisme est établie», a-t-il affirmé. Le général Lallali a indiqué que l’effort de l’Algérie de faire criminaliser le payement de rançons, à travers l’ONU, vise à contenir le rôle de la corruption dans la propagation du terrorisme.

Guenaïzia a soutenu que l’Algérie a apporté une aide technique au Mali sans lui fournir d’armes de peur qu’ils ne fassent l’objet de trafic en Côte d’Ivoire ou en Guinée. «Bamako a un double langage», a-t-il assuré. «Nous pouvons apporter notre aide en discutant avec le Mali et avec ceux qui ont de l’influence sur le Mali pour assurer un certain niveau de volonté politique», a promis Vicki Huddleston.

La situation au nord du Mali est, pour le responsable algérien, un grand obstacle devant la lutte contre le terrorisme.

Il a évoqué la connexion entre l’action armée, le trafic de drogue et la contrebande dans cette zone ouverte. M. Guenaïzia a ajouté que les terroristes utiliseront n’importe quels moyens disponibles pour financer leurs activités, y compris la corruption et la prise d’otages.

Vicki Huddleston a confié à son interlocuteur que les Etats-Unis sont préoccupés par le trafic de drogue colombienne en Afrique du Nord et au Sahel.

Selon elle, ce trafic a tendance à élargir son périmètre géographique et à faciliter le recrutement de terroristes. Elle a cité le cas du groupe Boko Haram au Nigeria. M. Guenaïzia a indiqué que les narcotrafiquants sont bien organisés et ont une formation militaire. Il a reproché au Maroc de ne pas fournir d’efforts pour traquer les trafiquants. «Il faut une politique implacable pour neutraliser les terroristes et leurs supports», a-t-il préconisé.

Le ministre délégué à la Défense nationale a annoncé, déjà à l’époque, l’intention des pays du Sahel saharien de créer un commandement conjoint d’état-major à Tamanrasset.

Dès le départ, le Mali, le Niger et la Mauritanie avaient accepté l’offre algérienne. Il a révélé que la Libye, le Burkina Faso et le Tchad étaient intéressés à se joindre à ce commandement.

«Il s’agit de coordonner des efforts contre des menaces terroristes en respectant la souveraineté de chaque pays. Des efforts militaires communs sont nécessaires pour empêcher Al Qaîda au Maghreb (AQMI) de s’implanter dans la région», a-t-il soutenu en parlant de «défi fondamental». Qualifiant la création du centre de Tamanrasset de pas positif, il a prévenu que les résultats ne se feront pas sentir dans l’immédiat. «Ce que l’on ne pourra pas trouver entre nous, on le cherchera parmi nos amis », a-t-il ajouté.

Néanmoins, il a pris soin de souligner que la réussite opérationnelle dépend de la conjonction des efforts militaires et politiques.

«Les leaders militaires régionaux ont fait leur travail, maintenant il appartient aux leaders civils de la région de se manifester et d’agir», a appuyé M. Guenaïzia.

Il a évoqué le sommet qui s’est tenu fin 2009 à Bamako et qui avait réuni plusieurs responsables des pays du Sahel et du Sahara pour coordonner leurs efforts de lutte contre le terrorisme.

Les propos du responsable du ministère de la Défense ont été relayés publiquement, de manière diplomatique, par Vicki Huddleston lors d’une conférence de presse tenue au siège de l’ambassade américaine à Alger : «Les Etats-Unis apprécient le rôle que l’Algérie joue dans la région. Un rôle que nous avons toujours encouragé, car utile pour faire face au phénomène du terrorisme dans la région du Maghreb et au nord du Mali. Nous souhaitons voir davantage de volonté politique de la part des gouvernements des pays de l’Afrique subsaharienne pour affronter ce fléau.»

Le partage de renseignement est, pour Abdelmalek Guenaïzia, le meilleur moyen pour les Etats-Unis d’aider l’Algérie, et les pays de la région, à lutter contre l’action de type terroriste.

«Il y a quelques années, l’Algérie a accepté une fois le survol de son territoire par des avions de reconnaissance américains, mais l’expérience a rapporté peu de résultats positifs pour l’Algérie bien que les renseignements rassemblés étaient liés directement à la sécurité nationale», a-t-il regretté. Vicki Huddleston a répondu que les Etats-Unis et l’Algérie partageaient déjà la plupart des renseignements.

Elle a indiqué que chaque mission de reconnaissance coûte 50 000 dollars. «Donc, nous devons à chaque fois être sûr des résultats», a-t-elle affirmé conseillant à M. Guenaïzia de poser le problème devant le commandant du Commandement américain pour l’Afrique (Africom).

Le général William Ward était venu à Alger presque un mois après cette rencontre. Guenaïzia a expliqué que l’Algérie a besoin de certains équipements électroniques pour récolter les renseignements et brouiller les communications.

Il a indiqué que des groupes armés utilisaient des téléphones portables pour faire exploser à distance des engins explosifs. «Cela entraîne des pertes humaines. Malgré cela, les partenaires de l’Algérie sont lents à répondre à nos demandes d’achat de brouilleurs», a-t-il assuré citant l’exemple du Portugal. Il a également parlé de la visite de la délégation du groupe aéronautique stratégique américain Northrop Grumman pour discuter d’un projet de plateforme Awacs à monter sur un Boeing 737.

«La communauté internationale a mal compris la portée du problème et laissé l’Algérie seule se battre contre le terrorisme dans les années 1990.

L’Algérie a fait face à un embargo international. Malgré cela, elle a relevé le défi de protéger un pays de 2,3 millions de kilomètres carrés et une population de 34 millions », a estimé M. Guenaïzia. Selon lui, la situation s’est améliorée considérablement. «Mais les restes du terrorisme constituent une menace sérieuse et l’Algérie maintiendra le même niveau de pression dans sa lutte contre le phénomène. Comme un boxeur habile, il doit garder la pression sur son adversaire et augmenter sa capacité de manœuvre», a-t-il ajouté, soulignant que le terrorisme menace toute la région. Il a indiqué que l’Algérie veut que le combat contre le terrorisme soit mené au-delà de ses frontières.

«L’Algérie ne tolérera pas que AQMI ou d’autres groupes armés établissent des camps pour la logistique le long de sa frontière avec l’intention de faciliter l’entrée d’insurgés formés, d’armes et d’explosifs dans le pays», a-t-il précisé.

La responsable américaine a eu des discussions également avec le secrétaire général du ministère de la Défense, le général-major Ahmed Senhadji, le directeur de la coopération et des relations extérieures, le général Mekri et le colonel Mohamed Benmousset, directeur de projet auprès du général-major Senhadji. Elle a déclaré à ses interlocuteurs que les Etats-Unis reconnaissent «le rôle leader» de l’Algérie en Afrique. «L’Algérie a soutenu les mouvements de libération en Afrique et contribué à la promotion du développement social et économique dans le continent », a-t-elle souligné.

Fayçal Métaoui

Publié par El Watan

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