Le chef d’état-major de l’armée éthiopienne a été abattu quelques heures après une tentative de coup d’État dans l’Amhara, État régional dont le président a également été tué, a déclaré le 23 juin une porte-parole du Premier ministre.
La porte-parole d’Abiy Ahmed, Billene Seyoum, a affirmé à la presse qu’un « commando de tueurs », dirigé par le chef de la sécurité de l’Amhara (nord-ouest), avait fait irruption dans une réunion samedi après-midi, blessant mortellement le président de la région Ambachew Mekonnen et un autre haut responsable.
« Plusieurs heures plus tard, dans ce qui semble avoir été une attaque coordonnée, le chef d’état-major des forces armées éthiopiennes, Seare Mekonnen, a été tué à son domicile par son garde du corps », toujours selon la porte-parole. Un général à la retraite qui lui rendait visite a également été abattu.
Le garde du corps a été arrêté, mais le chef de la sécurité de l’Amhara, Asaminew Tsige, est en fuite, selon d’autres sources. « La situation dans la région d’Amhara est actuellement totalement sous le contrôle du gouvernement fédéral en coopération avec le gouvernement régional », a assuré le bureau du Premier ministre.
« Pas de signes d’une tentative de coup d’État plus large »
« La tentative de coup dans l’État régional d’Amhara est contraire à la Constitution et vise à saborder la paix chèrement acquise dans la région », avait auparavant déclaré dans un communiqué le bureau du Premier ministre.
Un journaliste présent à Bahir Dar, la capitale régionale, a dit à l’AFP que des coups de feu ont été entendus peu après le coucher du soleil et se sont poursuivis plusieurs heures durant. La fusillade s’est ensuite calmée, a-t-il rapporté.
« Nous ignorons les intentions des attaquants (de l’Amhara). Il ne semble pas qu’il y ait un projet organisé pour renverser le gouvernement régional, mais c’est possible », a déclaré un expert du centre International Crisis Group, William Davison. « Il n’existe pas de signes clairs d’une tentative de coup d’État plus large à Addis », a-t-il affirmé à l’AFP.
Depuis son arrivée au pouvoir en avril 2018 après deux ans de troubles en Éthiopie, le Premier ministre réformateur Abiy Ahmed s’est efforcé de démocratiser le pays.
Il a notamment légalisé des groupes dissidents, amélioré la liberté de la presse et réprimé les atteintes aux droits humains en arrêtant des dizaines de responsables de l’armée et des services de renseignement.
Il s’est également lancé dans un programme de réformes économiques, et a fait la paix avec l’Érythrée après plus de vingt ans de conflit.
Tensions interethniques récurrentes
Mais il doit faire face à des tensions interethniques récurrentes, généralement liées à la possession des terres et à l’utilisation des ressources, qui dégénèrent souvent en violences dans ce pays de plus de 100 millions d’habitants.
Plus d’un million de personnes ont été déplacées par ces violences interethniques, que les analystes attribuent également à l’affaiblissement du Front démocratique révolutionnaire du peuple éthiopien (EPRDF), le parti au pouvoir autrefois tout-puissant, et à divers groupes qui profitent de la phase actuelle de transition politique pour essayer d’imposer leurs intérêts.
En juin 2018, une attaque à la grenade au cours d’un meeting auquel participait Abiy Ahmed avait fait deux morts. Le procureur général éthiopien avait indiqué qu’un officier de renseignement non identifié était soupçonné de cet attentat.
JA