Le Mali a décidé de rompre les accords fixant le cadre juridique de la présence des forces françaises Barkhane et européennes Takuba sur son territoire. L’annonce a été faite à travers un communiqué lu à l’ORTM par le ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, Porte-parole du gouvernement, le colonel Abdoulaye Maïga, ce lundi 02 mai 2022.
« Depuis un certain temps, le gouvernement de la République du Mali constate avec regret une détérioration profonde de la coopération militaire avec la France » explique le Porte-parole du gouvernement, Abdoulaye Maïga, avant de dénoncer « l’habitude unilatérale du partenaire, la France qui a décidé le 03 et 07 juin 2021 sans consulter au préalable le Mali, de suspendre les opérations conjointes avec les Forces armées maliennes (FAMA) et de mettre fin à l’opération Barkhane ». Pour cause, les autorités maliennes reprochent aux autorités françaises l’annonce en février 2022, sans aucune consultation de la partie malienne, le retrait des forces Barkhane et Takuba, et les multiples violations de l’espace aérien malien par les appareils français, malgré l’instauration par les autorités de la Transition d’une zone d’interdiction aérienne au-dessus d’une vaste partie du territoire national. Le ministre a ajouté que le traité de coopération en matière de défense, conclu en 2014 entre le Mali et la France, est lui aussi rompu. « Cette dénonciation, notifiée lundi après-midi, aux autorités françaises, prendra effet six mois après réception de la notification de la France » précise le Porte-parole du gouvernement. « En revanche, c’est avec effet immédiat que les autorités maliennes dénoncent les accords de mars 2013 encadrant l’engagement de la force française Serval, puis Barkhane, ainsi que le protocole additionnel de mars 2020 s’appliquant aux détachements européens de Takuba , le regroupement d’unités spéciales européennes lancé par la France » déclare-t-il. Le ministre de l’Administration territoriale a aussi dénoncé la manœuvre dilatoire consistant pour la France, à demander une réunion d’experts pour la relecture du traité de défense au lieu d’envoyer ces amendements au-delà de plus de deux mois après l’envoi par le Mali de ces amendements depuis le mois de décembre 2021.
« Au regard de toutes ces insuffisances graves ainsi qu’aux atteintes flagrantes à la souveraineté du Mali, le gouvernement de la République du Mali a pris ses responsabilités de rompre les accords militaires qui lient le Mali à la France. Toutefois, le gouvernement du Mali réaffirme à ses partenaires, sa disposition à coopérer avec l’ensemble des États du monde dans le respect mutuel » conclut le ministre de l’Administration territoriale.
Falaye Sissoko
Source : Canard Déchainé