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Témoignage : « Ménaka semble coupée du reste du Mali »

L’insécurité continue de durement affecter les populations à Ménaka, déjà confrontées à des difficultés sur le plan social et économique. Ménaka semble coupée du reste du pays.

 

Depuis 2012, la ville de Ménaka a complètement changé. A cause de la présence des mouvements armés– dont certains sont signataires de l’accord pour la et la réconciliation– et l’activisme des présumés djihadistes, la population de Ménaka ne sait même plus à quel saint se vouer. Elle est devenue une ville dans laquelle on ne peut plus s’habiller décemment sans se faire agresser. Malgré la présence de différentes forces militaires, chaque jour des personnes se font tuer.

Autrefois, Ménaka était une ville très fréquentée. Faisant frontière avec le Niger, la ville était dominée par les activités pastorales et commerciales. La vie était moins chère. La crise multidimensionnelle que vit le Mali depuis 2012 a complètement bouleversé le quotidien de la population qui vit majoritairement sous le seuil de pauvreté.

« Ménaka n’est plus cette ville que nous avons connue »

Pendant les premières heures de la crise, Ménaka était paisible après la conquête de la ville par le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (MUJAO). En 2013, le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) s’est installé. Dès lors, les jeunes, ne travaillant pas, privés d’école et en manque de perspective ont commencé à basculer dans le banditisme. A Ménaka, à partir de 19h, personne ne peut sortir se balader librement à cause du banditisme. Les populations sont agressées jusque dans leurs concessions.

Un jeune ami témoigne : « Ménaka n’est plus cette ville que nous avons connue. Des jeunes m’ont pris mon téléphone à 17h devant notre porte à Touloupe (un quartier de Ménaka, ndlr). » J’étais choqué. Un enseignant de la ville s’est aussi fait voler son téléphone et ses deux paires de chaussures. Désespéré, il est allé trois jours après dans une boutique pour acheter un nouveau téléphone, et y a retrouvé le sien volé.

Comme dans la jungle

Les populations, qui avaient en partage des valeurs la solidarité et l’entraide, vivent dans la méfiance. Une crise de confiance généralisée s’est installée entre elles et les autorités, qui n’arrivent pas à sécuriser les personnes et leurs biens. La justice est inexistante face à la loi des armes. Face à ces défis, des campagnes sont toujours en cours pour désarmer les détenteurs d’armes au sein des populations, qui les utilisent pour se protéger.

Des mouvements comme la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), le Groupe autodéfense touareg Imghad et alliés (GATIA) ou encore le Mouvement pour le salut de l’Azawad (MAA), y font des patrouilles de routine. Le paradoxe, c’est que ce sont les éléments isolés de ces mouvements qui sont aussi à la base de ce banditisme. C’est connu de tous mais personne ne peut en parler pour ne pas risquer sa vie. Nous sommes comme dans la jungle.

Distribution erratique

Le tronçon Gao -Ménaka et Ménaka-frontière du Niger est impraticable. Vu l’état de dégradation avancée, des coupeurs de route profitent pour dépouiller les voyageurs de leurs biens. Cette situation est malheureusement devenue le quotidien des populations.

La distribution de l’électricité est erratique. L’eau potable devient un privilège. Les prix des denrées alimentaires ont flambé. Il y a aussi le problème lié au réseau téléphonique mais aussi à la connexion Internet.  Pour avoir une bonne connexion, il faut attendre 3h du matin.

Ménaka est devenue une région depuis 2018, mais la plupart des structures étatiques qui doivent y être installées sont à Gao. Résultat : ils ne sont pas imprégnés des difficultés des populations. On pourrait dire que Ménaka semble coupée du reste du Mali.

Source : Benbere

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