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Tebboune ou le déni de diplomatie : Le parrain parle !

Le président algérien Abdelmadjid Tebboune a récemment accordé une interview au journal français “L’Opinion”, où il a abordé plusieurs questions importantes, y compris celles concernant le Mali. Auparavant, il s’était exprimé devant les deux chambres du Parlement, réunies en session extraordinaire. Dans ses sorties, il revient constamment sur les relations franco-algériennes comme une hantise et oublie que ce que lui-même reproche à la France son tuteur célèbre est ce que lui-même opère chez nous au Mali avec nos opposants belliqueux et armés et certains de nos chefs et guides religieux, hébergés dans son pays. Il était temps que le parrain se mette à table et parle…

En analysant le rendu sur cet entretien exclusif du président algérien Abdelmadjid Tebboune avec le journal français L’Opinion, des observateurs ont pu parler de “démonstration de force tranquille” et de “diplomatie stratégique“. Par ce décryptage, l’on se rend vite compte que le président Tebboune ne fait que survoler avec légèreté les clairs enjeux du moment qui cernent son pays aux plans diplomatique, sécuritaire et économique. Dans cette situation inextricable où est plongée l’Algérie, le dialogue politique est évidemment sa seule dernière carte pour apaiser ses tensions internes résultant du climat délétère instauré entre elle et la France. Une mésaventure des deux côtés qui ne peut que profiter à notre pays. Mais attention ! Plus de trente ans de conflit armé au nord du pays avec les protégés d’Alger nous ont suffisamment ouvert les yeux tellement que la parenthèse 2012-2022 a été riche en enseignement pour nos dirigeants et nos forces armées de défense et de sécurité (Fads). Il ne reste pour nous, face aux bisbilles franco algériennes, que la fermeté et la détermination devant les enjeux cruciaux et les intérêts défendus. Ce qui laisse présupposer de définir les règles pour de saines relations entre notre pays et l’Algérie, tout en minorant son rôle inexpliqué dans la gestion des conflits intra-maliens au nord du territoire national faisant frontière commune à elle, l’Algérie, et la Mauritanie plus à l’ouest. Un regard stratégique serait bien indiqué pour comprendre les positions de l’Algérie sur des dossiers sensibles comme la Palestine, le Sahel, et la normalisation avec Israël. Mais sur le Mali, c’est l’Omerta. Parce que l’Algérie sait que l’accord d’Alger est définitif enterré et que les autorités maliennes actuelles ne permettront plus aucune ingérence algérienne dans ses affaires intérieures et à ses frontières territoriales et sur tout qui concerne la géopolitique sahélo-sahélienne dont la diplomatie sous régionale de la Confédération des États du Sahel et l’orientation de leurs relations internationales.

Parmi ses messages clés, Tebboune évoque les tensions diplomatiques, le Sahara occidental, et les relations avec la France, les États-Unis et la Chine, mais l’Algérie manque de courage pour défendre ouvertement ses intérêts au nord du Mali où il prône la médiation avec les groupes terroristes hébergés par elle, dans cette zone aux ressources exploitées illégalement par elle, sans respect de notre souveraineté.

Or le voilà qu’il fait des révélations sur ses échanges inédits avec Emmanuel Macron et Marine Le Pen, tout en rappelant l’importance de la mémoire historique et de la souveraineté algérienne, pour confirmer que les deux pays, dans leur apparente division et opposition frictionnelle sont loin d’être dos à dos sur le dossier sahraoui avec le Maroc et le dossier du Nord Mali pris en cause par leurs agissements au plan international. Voici quelques zones d’ombre qui permettent de lire sa pensée.

Primo: les Relations avec le Mali. Tebboune a exprimé son désir de maintenir des relations diplomatiques stables avec le Mali, malgré les tensions récentes. Il a souligné l’importance de la coopération régionale pour la stabilité et la sécurité dans la région du Sahel. Un vœu pieu pourrait-on dire, pour signaler son ministre des Affaires étrangères.

Secundo : la lutte contre le terrorisme. Le président algérien a réaffirmé l’engagement de l’Algérie dans la lutte contre le terrorisme et a appelé à une collaboration renforcée entre les pays du Sahel pour éradiquer cette menace. Il ne s’agit pas de refaire la carte du printemps mais de savoir qu’on ne refait pas l’histoire.

Tertio : la médiation par la diplomatie. Tebboune a évoqué le rôle de l’Algérie en tant que médiateur dans les conflits régionaux, notamment dans le cadre de l’Accord d’Alger de 2015, qui vise à résoudre les conflits dans le nord du Mali. Il restera nostalgique de cet accord mort-né et enterré à jamais et pour toujours. Car les autorités maliennes ne re-signeront plus un accord sous l’égide de l’Algérie.

Quarto : le développement économique. Il a également parlé des efforts de l’Algérie pour soutenir le développement économique dans la région, en mettant l’accent sur les projets d’infrastructure et de coopération économique. Si ce n’est pas l’Alliance franco-algérienne pour le Sahel qui est une initiative de coopération entre la France et l’Algérie visant à stabiliser et développer la région sahélienne, sur laquelle elle compte, ce ne sont pas les trois États de la Confédération des États du Sahel qui vont lui tendre la perche pour pouvoir continuer à pomper le brut malien avec ses protégés hébergés chez elle. Car son alliance s’inscrit dans le cadre plus large de l’Alliance Sahel avec l’Union européenne et l’Agence française de développement (Afd). Quant à la plateforme de coordination de l’Alliance des États du Sahel elle se consacre au développement des territoires et localités du bassin du Liptako-Gourma regroupant le Mali, le Niger et le Burkina Faso.

Sur un autre plan, dénonçant l’instrumentalisation faite des accords de 1968 avec le gouvernement français, il les qualifie de «coquille vide pour rallier les extrémistes comme du temps de Pierre Poujade», affirme ne pas vouloir rompre avec la France et appelle à ne rien mettre sous le tapis en matière de coopération mémorielle et de décontamination des sites où ont été réalisés des essais nucléaires français. Laissant entendre qu’il s’agit d’un impératif sur les plans «humain, moral, politique et militaire» et que la coopération sécuritaire pourrait bientôt reprendre avec la France. Mais, ajoute-t-il, «il appartient à la France de traiter les cas des djihadistes qui se sont radicalisés sur son territoire…». Tebboune oublie ses propres djihadistes qu’il a contribué à jeter en masse de hordes sauvages sur les populations maliennes.

Par ailleurs, il indique que la balle est désormais dans le jardin de l’Élysée, si la France ne veut pas «tomber dans une séparation qui deviendrait irréparable». Or c’est toujours lui qui tient à ne pas vouloir rompre le fil des relations avec la France comme il le souhaite du gouvernement malien avec les forces rebelles combattantes au nord du Mali. Peine perdue ! Sur le dossier du Sahara occidental comme sur celui du Sahel, la France et l’Algérie ne sont pas claires avec le Maroc et le Mali et c’est, dans tous les secteurs de la crise multidimensionnelle créée de façon superficielle dans un but économique et énergétique : le pillage de l’or et du pétrole maliens. C’est dans ce contexte d’extrêmes tensions avec le Mali qu’Abdelmadjid Tebboune parie d’«une campagne systématique de dénigrement» par la droite et l’extrême droite françaises à son sujet. Et ce serait à juste titre que de réclamer dans la foulée, la suspension de l’octroi des visas, la dénonciation des accords sur la circulation des personnes, le gel de l’aide et des transferts financiers.

Le Mali ne va plus tergiverser pour accuser ouvertement l’Algérie d’ingérence et de complicité avec des groupes terroristes

De cette même manière, les relations tendues vécues avec le Mali, sont une raison suffisante pour appliquer de telles décisions entre nos deux pays, afin que l’Algérie se déconnecte complètement du Mali et mette ainsi un terme aux déclarations intempestives de son ministre des Affaires étrangères, Ahmed Attaf. Le Mali ne va plus tergiverser pour accuser ouvertement l’Algérie d’ingérence et de complicité avec des groupes terroristes opérant dans la région du Sahel. Car Bamako a déjà maintes fois exprimé son mécontentement face à ces agissements et ces propos incendiaires. En septembre 2024, lors de la 79ème Assemblé générale des Nations unies, l’actuel PM Abdoulaye Maïga, qui a effectué une partie de ses études dans ce pays, descendait en flamme ses dirigeants pour excès d’ingérence dans les affaires maliennes. Une attitude diplomatique de la partie algérienne considérée comme une atteinte à notre souveraineté. En réponse, l’Algérie avait rappelé son ambassadeur à Bamako et a convoqué l’ambassadeur malien à Alger pour discuter de la situation.

Mais les tensions entre les deux pays pourraient avoir des implications importantes pour la sécurité régionale et la coopération dans la lutte contre le terrorisme, si l’affaire de l’Imam Dicko n’est pas entièrement vidée. Car par elle-même, cette crise diplomatique a mis en lumière les défis complexes auxquels est confrontée la région sahélienne, en proie à l’instabilité et à la menace terroriste, à cause des relations tièdes entre l’Algérie et le Mali. Les récurrentes frappes de drones de l’armée malienne dans la région de Tinzaouatène, près de la frontière algérienne, ont fait perdre à Alger sa voix de médiateur dans le conflit au nord du Mali. Malgré que l’Algérie a exprimé son mécontentement face à ces actions, les considérant comme une menace pour sa sécurité nationale, son représentant permanent auprès des Nations unies, Amar Bendjama, a lui aussi critiqué l’utilisation de «mercenaires» par le Mali et a demandé des sanctions contre les auteurs de ces frappes. Ces accumulations de contre-vérités et d’accusations infondées ont envenimé davantage les relations entre les deux pays.

Les forces armées algériennes ne sont plus en odeur de sainteté sur notre territoire en raison des accusations d’ingérence et des rencontres controversées entre les autorités algériennes et les chefs des groupes armés terroristes et djihadistes. Parce que l’Algérie n’est plus cet acteur clé dans la médiation de l’Accord d’Alger de 2015, visant à résoudre les conflits dans le nord du Mali. Cependant, la situation entre le Mali et l’Algérie reste complexe et tendue, avec des risques de rupture définitive des liens diplomatiques entre les deux pays, dont l’un est à la poursuite des groupes terroristes armés, et l’autre se dit protecteur des groupes séparatistes armés aussi.

 

Khaly Moustapha LEYE 

 

Source: L’Aube

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