Au menu de la conférence qui s’est tenue vendredi 9 août, les élections législatives, attendues depuis 2015, la cherté de la vie et les récentes violences communautaires.
Depuis trois jours, des violences entre agriculteurs et éleveurs endeuillent l’est du Tchad. Elles ont fait 37 morts dans la province de Ouaddaï, « une région qui n’a pourtant pas connu de conflits communautaires jusqu’à présent », a expliqué ce vendredi à Ndjamena Idriss Déby.
Lors de cette conférence de presse, le chef de l’État a assuré que des mesures ont été prises, comme la suspension de chefs traditionnels et le remplacement de certains gouverneurs. « Il faut voir aussi la situation autour de nous », rappelle le président tchadien. Il fait référence ici aux conflits communautaires voisins au Niger, au Burkina Faso et au Mali. « Des armes circulent dans la zone et atteignent le pays », indique-t-il. Des unités spéciales pour le désarmement ont donc été créées.
Concernant les élections législatives, attendues dans le pays depuis 2015, elles seront organisées prochainement, a-t-il assuré. Le président laisse le soin à la Commission électorale et au cadre national de dialogue politique de définir l’agenda.
Enfin, Idriss Déby justifie la large crise économique et la cherté de la vie par « l’insécurité, les réfugiés et surtout la baisse du prix du pétrole », rappelant les conséquences directes sur les Tchadiens et plus particulièrement sur les fonctionnaires. Et il n’est toujours pas prévu de rétablir l’intégralité de leur salaire.
Réactions
Pour le député Saleh Kebzabo, le président de l’Union nationale pour la démocratie et le renouveau (UNDR), le gouvernement n’est pas en mesure de restaurer la sécurité des habitants.
Depuis quelques années, il ne se passe pas une semaine sans qu’il y ait un conflit intercommunautaire avec des morts à la clé. Le dernier conflit (…) fait suite à d’autres affrontements dans la même zone. Vous quittez cette zone et vous descendez au Sud, vous avez des affrontements toutes les semaines avec des morts à la clé. Donc ça veut dire que le gouvernement est incapable de gérer cette situation alors qu’il se prévaut par ailleurs sur le plan international d’être le seul en mesure de gérer les problèmes d’insécurité.
L’opposant Succès Masra parle d’un discours déjà entendu, notamment sur le souhait exprimé par le président Déby de voir les législatives se tenir avant la fin de l’année, comme prévu. Il rappelle que le chef de l’État avait déjà annoncé des élections pour mai dernier, en pleine période de ramadan. « Je crois que si on veut bâcler les élections, les élections pourront avoir lieu, pointe-t-il, mais tout le monde, y compris des techniciens, disent en off que ce n’est pas tenable d’organiser des élections dans des conditions vraiment sérieuses et crédibles. »