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Tchad : la France toujours conciliante, l’Allemagne hausse le ton

Entre l’Allemagne et le Tchad a débuté une crise diplomatique. Berlin reproche à Déby d’avoir prolongé la période de transition. De son côté, la France reste étrangement silencieuse.

Vendredi dernier, Le gouvernement tchadien priait l’ambassadeur allemand à N’Djamena, Jan Christian Gordon, de quitter le Tchad. Il était reprochée au diplomate une « attitude discourtoise » et le « non-respect des usages diplomatiques », selon les termes du communiqué officiel du gouvernement. En retour, l’Allemagne a demandé à l’ambassadrice du Tchad, Mariam Ali Moussa, de quitter Berlin. Derrière les mots bien pesés de N’Djamena, la crise diplomatique aurait été lancée par une phrase de Jan Christian Gordon, qui reprochait au Tchad de trop prolonger sa période de transition.

Il faut dire que Mahamat Idriss Déby, le président de la Transition de la république du Tchad, semblait jusqu’ici bénéficier d’une certaine mansuétude de la part des diplomaties occidentales, là où l’Union européenne n’hésite pas à mettre la pression sur le Mali ou encore le Burkina Faso pour que ces derniers accélèrent leur processus de transition. Le président français est d’ailleurs particulièrement silencieux sur le sujet, même si Paris, Berlin et La Haye ont dit leur « préoccupation » après le retard pris par Déby.

Arrivé à la tête du Tchad en avril 2021, Mahamat Idriss Déby avait promis de remettre le pouvoir aux civils avec l’organisation d’« élections libres et démocratiques ». Il avait également affirmé ne pas vouloir être candidat à la présidence de la république. Mais la transition patine : en octobre dernier, alors qu’il devait être le début de l’accélération du processus, le dialogue national a été un fiasco, boycotté par une très grande partie de l’opposition et de la société civile. Déby avait prolongé la transition de deux ans, dans une indifférence quasi générale à l’international. Dans le pays, en revanche, des manifestations avaient été organisées.

Une hypocrisie française

Mais pourquoi Paris, si prompt à réagir aux événements maliens, est si conciliant avec N’Djamena ? Tout d’abord, parce qu’après le départ de Barkhane du Mali, le Tchad s’est imposé comme une solution de repli. De plus, depuis le début des opérations antiterroristes au Sahel, ce sont les combattants tchadiens qui ont été en première ligne et ont payé un lourd tribut en vies humaines.

Reste que Paris ne soutiendra pas forcément Déby encore longtemps. Pour l’ONG Urgences Panafricanistes, « ce qui se passe maintenant au Mali peut arriver au Tchad, car les Tchadiens d’hier ne sont pas les Tchadiens d’aujourd’hui et qu’on ne peut pas les faire dormir debout donc ça suffit ». L’ONG Survie dénonce, elle, une « hypocrisie » française. Après la répression de l’armée lors des manifestations, elle écrivait : « L’hypocrisie d’un soutien à une pseudo-transition démocratique au nom de la stabilité régionale et de la ‘lutte contre le terrorisme’ doit cesser ».

Si la France continue de soutenir le régime tchadien, l’Allemagne pourrait être le fer de lance de la contestation internationale. Car Berlin semble soutenir l’ambassadeur qui a critiqué le retard pris dans la transition, là où Paris reste en retrait.

Source : lejournaldelafrique.com

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