A une semaine de la fête de l’Aïd El Kébir autrement appelée la fête de Tabaski ou encore des moutons au Mali, la bourse des Maliens apparait précaire cette année. Avec la conjoncture née de la crise multi dimensionnelle que vient de traverser notre pays, se procurer aujourd’hui le prix d’achat d’un mouton est devenu un casse tête pour les fidèles musulmans. Car, c’est plus cher que les années précédentes.
En plus de la rareté du bétail, le constat est amer quant aux prix qui prennent l’ascenseur sur les différents marchés à Bamakois. Le prix à doublé, sinon triplé par rapport aux années précédentes. Il varie entre 50 000 et 250 000 fcfa.
Selon Moussa Touré, vendeur de bétail au marché de Kalaban depuis des années, « il y a vraiment pas de marché cette année. Les acheteurs viennent rarement. Pire encore, de notre côté, les frais ont augmenté à grande vitesse. Ce n’est pas notre souhait d’élever du bétail ou de l’acheter pour ne pas le revendre. Mais la clientèle ne comprend pas, elle pense que nous augmentons le prix par cupidité. En plus de cette cherté de la vie, il y a d’autres ressortissants de pays voisins qui viennent acheter le bétail afin de le revendre chez eux. C’est tout ce qui rend les choses compliquées».
La fête de tabaski, qui vient tout juste après la rentrée scolaire, n’est pas une chose aisée pour les chefs de famille et les parents d’élèves. La question que se posent les maliens est de savoir si les familles moins aisées pourront acheter le « Lahiya » afin d’accomplir l’acte d’Abraham le matin de la tabaski.
Pour Oumar Dicko, rencontré au marché de kalaban, ce n’est pas certain « Avec la montée des prix cette année, je pense que nous les pauvres, nous ne pourrons pas nous réjouir de cette fête en accomplissant ce sacrifice. Je suis venu tôt cette année comme d’habitude, en pensant que les prix sera moins cher avant le jour J. Malheureusement ce n’est pas le cas. L’argent que j’ai ne suffit pas, donc je vais devoir aller compléter pour revenir ».
C’est tout comme cette dame qui était entrain de ronger ses ongles d’inquiétude, faute de n’avoir pas pu avoir un mouton pour sa maman : « Cela fait des années que j’achète le mouton pour maman, depuis que je suis mariée. Mais cette année ce n’est pas facile du tout. Je me demande même si je pourrais le faire cette année car j’achetais de 35 000 à 40 000 FCFA. Mais cette année, avoir un mouton de 50 000 FCFA n’est pas une chose facile. Il ne que reste que le plus petit des béliers. Surtout à ne pas oublier qu’il y a d’autres charges pour la famille».
Avec de telles difficultés, cette tradition de la religion musulmane ne risque-t-elle pas d’être compromise ? Du coté des vendeurs ou acheteurs, tout le monde crie. Pourtant il y a d’autres choses, plus ou moins onéreuses, essentielles pour embellir la fête, les habits, la coiffure, les chaussures, etc. Cette année la fête de la Tabaski promet de donner beaucoup de souci aux pères et mères de familles nombreuses.
Habibatou Coulibaly
La fête de tabaski
Une contrainte pour les maliens
Autrement appelé fête du moutons, la Tabaski s’achemine à grand pas. Et les chefs de famille de se préoccuper pour les dépenses auxquelles ils doivent impérativement faire face. C’est de prime abord l’achat des moutons qui a tendance à causer le plus de contraintes, parce que considéré comme acte obligatoire dans la religion musulmane.
Chaque chef de famille est censé l’avoir. En plus de ce grand défi, il doit satisfaire les enfants en les chaussant et en les habillant. Vu la situation actuelle du pays et des maliens en majorité, le contexte de la fête du mouton est vraiment difficile. Certains accusent « la guerre qui a amené tous ces difficultés ». Est-ce vrai ?
Le parc de moutons de Lafiabougou Koda, très animé, grouille de moutons pour la fête de Tabaski. Seydou Fofana, un marchand de bétails, nous explique : « Nous achetons nos moutons dans les villages environnants de Bamako. De ce jour jusqu’au dimanche le prix minimum d’un mouton est de 60 000 FCFA à 150 000Fcfa et à une semaine de la fête nous allons augmenter jusqu’au jour de la fête et ceci dépend du marché.» Ce qui prouve que toutes ces contraintes sont dues aux maliens eux-mêmes.
Peut on espérer un changement dans ces conditions, sachant que d’année en année les mêmes problèmes surviennent ? Face à la situation, les clients composés de chefs de famille en général ne cachent guère leur impuissance face à la contrainte que pose le prix du mouton sur les marchés aujourd’hui. Mahamadou Gakou, chef de famille, ajoute : « Ces dernières années ont été très dures pour moi. On est à une semaine de la fête, je n’ai aucun espoir encore. Ce qui me préoccupe c’est le prix de mon (Lahiya) mouton aussi les habits pour mes enfants. Si rien ne change d’ici la fête, je vais devoir laisser le mouton puisque ça demande beaucoup d’argent et m’occuper des habits de mes enfants. »
Au-delà de son caractère religieux, la Tabaski est devenue, par la force des choses, un événement hautement social, pour lequel de nombreux musulmans s’endettent à tort. Les Maliens doivent savoir que la fête de Tabaski ne veut pas dire raison d’angoisse, trouble ni discorde entre les gens. Il est tout le contraire.
Fatoumata Doumbia