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Système d’écriture : Le n’ko a fait du chemin

Créée en 1949 par Solomana Kanté, un chercheur guinéen, cette écriture est aujourd’hui enseignée dans nos universités et dans plusieurs centres d’enseignement dans le monde, y compris à Harvard et Indiana (états-Unis) et en égypte.

 

C’est un hiéroglyphe qui a acquis droit de cité dans notre pays depuis sa création en 1949 par Solomana Kanté. Le n’ko dans l’imaginaire populaire renvoie à une introspection, à la connaissance du passé et de notre culture, mais c’est une écriture qui a connu beaucoup d’évolution. Le créateur de cette écriture a ouvert la voie en écrivant des documents dans différents domaines, notamment la géographie, l’histoire, les mathématiques et autres. Depuis, le n’ko a fait du chemin car des documents des nouvelles technologies de la communication et de la santé sont transcrits dans ce système d’écriture.

La promotion du n’ko continue à travers la multiplication des formations informelles, la publication de livres et l’apprentissage en ligne, notamment sur les réseaux sociaux. Sur la base d’un constat empirique, on est en droit de confirmer un regain d’intérêt pour le n’ko et même sans donner de statistiques précises, les maîtres de cette écriture attestent avoir maintenant un grand nombre d’adhérents.

CHEMIN PARCOURU- L’écriture n’ko a été introduite dans l’enseignement supérieur, notamment au niveau des universités. Solomana Kanté est fier de voir le chemin parcouru, notamment en termes d’acceptation du n’ko. Si le n’ko n’utilisait au départ que les dialectes madenkan, dioula, bamanankan, mandengo ou khassonké, cette écriture peut se faire maintenant dans toutes les langues nationales. C’est dans cette logique que le Forum pour la généralisation internationale du système d’écriture n’ko a vu le jour en 2018.  Yaya Konaté, membre de ce forum, explique, tout d’abord, que l’objectif de cette association est de persuader les adeptes du n’ko que toutes les langues africaines doivent être écrites pour réaliser le rêve de son initiateur, c’est-à-dire à trouver une écriture propre à l’Afrique. C’est pourquoi, le Forum pour la généralisation internationale du système d’écriture n’ko est en train de conquérir les pays tels que le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, le Mali, la Guinée, la Gambie et le Sénégal pour que les locuteurs des langues nationales de ces États adoptent le système d’écriture n’ko.

Y. Konaté a déjà à son actif six livres rédigés en n’ko. Ces ouvrages abordent des thématiques liées à l’islam et la vie associative. D’autres écrivains se sont intéressés à l’électricité, l’informatique, aux vertus des plantes et la mécanique. « La médecine traditionnelle n’est pas un secret pour moi. Il y a beaucoup de livres de « Karamako » Solomana Kanté qui expliquent les vertus des arbres et parlent des maladies », félicite le tradi-thérapeute Konaté. Il rend hommage à ce savant.

Solomane Traoré, lui aussi est membre de l’association « Lawada » qui signifie en français la connaissance et le développement du n’ko. Le sexagénaire explique à qui veut l’entendre que le n’ko a des avantages. À ce moment précis de notre entretien, il exhibe son téléphone muni d’un système d’exploitation mobile android. Tous les contacts de son répertoire sont écrits en n’ko. Tout cela est faisable grâce à une application conçue à cet effet, explique-t-il, avec une pointe d’enthousiaste. Dans le domaine de l’informatique, le système d’écriture n’ko est représenté dans l’Unicode, un standard informatique qui permet des échanges de textes dans différentes langues, à un niveau mondial.

Boubacar Diakité, docteur en linguistique, fait partie de ces hommes qui mènent des recherches dans le sens de la généralisation du système d’écriture n’ko. Lors d’une de ses conférences, tenue en août dernier, le linguiste avait présenté à l’assistance quelques unes de nos langues nationales qui peuvent désormais être écrites en n’ko. «Nous avons pu créer les sons qui n’existaient pas dans le système mais qui existent dans les dialectes comme le bamanakan, le khassonkan, le dafinkan et d’autres», avait expliqué l’universitaire qui ajoutera que leurs recherches ont permis d’ajouter de nouveaux sons au système n’ko et de simplifier son système tonal. Précisons qu’auparavant, l’alphabet du n’ko comptait 27 lettres. On y a rajouté des lettres pour le ramener  à 34 actuellement.

AVANCÉE IMPORTANTE– Pour lui, l’objectif de ces recherches est de contribuer à développer l’alphabet du n’ko au profit de toutes les langues africaines. Dr Diakité a rassuré que ses recherches ne s’écartent pas de la trajectoire tracée par le créateur du système n’ko qui, selon lui, consiste à toujours faire des recherches et adapter cette écriture aux nouvelles découvertes. Une autre avancée importante a été enregistrée par le n’ko. Il est devenu un système d’écriture international car l’alphabet phonétique international est totalement traduit en n’ko, explique-t-il.

Adama Coulibaly, président du Forum pour la généralisation du système d’écriture n’ko au Mali, enseigne le n’ko à la Faculté des sciences administratives et politiques (FSAP). Nous l’avons rencontré dans une petite librairie au Banconi. Dans ses rayons, on trouve plusieurs ouvrages écrits en n’ko, notamment des livres d’initiation à l’écriture n’ko, des dictionnaires, des documents sur les termes administratifs et juridiques et des livres de grammaire. Il explique, l’air très serein, qu’outre quelques institutions supérieures dans notre pays, le n’ko est enseigné dans plusieurs universités dans le monde, y compris à Harvard et Indiana (états-Unis) et une autre en égypte.

Le Forum souhaite sortir des formations informelles et mettre en œuvre un curriculum. « Nous avons entamé les travaux pour l’élaboration de ce curriculum qui nous permettra d’offrir des formations qui mettent l’accent sur la spécialisation », révèle le président du Forum. Il précisera également que le n’ko est une discipline enseignée à la FSAP, depuis deux ans. Selon lui, certains étudiants ont été ajournés à leur examen pour des insuffisances dans le n’ko.

Lassana Camara attend la reprise des cours pour débuter la deuxième année à la FSAP. L’étudiant de 23 ans est motivé à apprendre cette écriture car il est certain qu’elle sera indispensable dans les années à venir. « J’ai opté pour le n’ko afin de mieux comprendre ma langue maternelle et son importance », justifie-t-il, avant de préciser que grâce à cette écriture, il est possible de parler sa langue sans recourir à une langue étrangère.

Lassana et ses camarades qui ont choisi d’apprendre les signes du n’ko, apprennent notamment à lire et à écrire d’abord. Ils tenteront ensuite de maîtriser les termes de l’administration et des sciences politiques en n’ko. Yaya Konaté pense que les partisans du n’ko doivent rester mobilisés et soudés pour la promotion de cette écriture. C’est à ce prix, soutient-il, qu’ils parviendront à atteindre leur objectif commun : la valorisation du n’ko par le gouvernement.

Mohamed D. DIAWARA

Source : L’Essor

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