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Suite à notre SOS pour Koursalé : Les Autorités réagissent, mais…

Suite à notre série d’articles sur la situation de Koursalé où le drame écologique ajouté au conflit foncier sont les ingrédients d’un cocktail explosif, les Autorités ont réagi certes, mais sans attaquer le mal à la racine afin d’installer définitivement la paix dans cette localité. En effet, les germes non extirpés risquent encore de fleurir et de produire les mêmes fruits toxiques.

Nous saluons la prompte réaction des Autorités suite à notre interpellation dans notre avant-dernière édition. La gendarmerie a été même envoyée sur les lieux pour constater les dégâts de la furie dévastatrice qui s’est abattue sur des familles que l’on veut chasser du village parce qu’il faut, justement, faire place nette à la spéculation foncière.

Le vrai problème de cette localité se situe à ce niveau : la prédation foncière. D’abord, les exploitants de sable et de gravier qui ne payent que 5.000 à 10.000 FCFA par jour d’exploitation, quel que soit le nombre de camions chargés, ont fini de saccager les berges du fleuve où ils n’ont laissé que d’énormes trous béants. Des falaises artificielles qui empêchent désormais l’activité économique traditionnelle des villageois sur ces berges : agriculture et élevage.

Les berges du fleuve ne faisant donc plus leur affaire, avec la complicité de personnes qui entourent le chef de village pour le manipuler, les exploitants de sable et de gravier s’attaquent aux parcelles de terrain qui relèvent pourtant de la propriété privée. Même des parcelles qui sont des titres fonciers ne sont pas épargnées, comme ce conflit entre une dame et une société de la place qui a saccagé sa parcelle en la transformant en carrière. Nous détenons les photos après le passage des engins de ladite société. Pendant ce temps, le village ne voit pas trace des maigres sous versés par les exploitants pour avoir le droit de saccager ainsi leur environnement.

Ensuite, la boulimie des spéculateurs fonciers étant sans limite, des parcelles de terrain appartenant à des familles au nom du droit coutumier et exploitées par leur famille, depuis plusieurs générations, sont arrachées à leurs propriétaires légitimes et vendues à vil prix, si elles ne servent pas, à travers la largesse suspecte de proches de la chefferie du village, de devenir la propriété de gens bien placés et en mesure de leur garantir une certaine protection, voire de l’impunité, en cas de conflit avec les vrais propriétaires.

Il suffit que le ministre de l’Administration territoriale et son homologue de la Justice demandent la liste des acquéreurs de parcelles dans cette localité ces dernières années pour se rendre compte avec étonnement, non seulement de l’étendue des surfaces attribuées, mais aussi et surtout de l’identité des acquéreurs. Ce qui leur fera comprendre pourquoi certaines personnes de cette localité se permettent tout, jusqu’à démolir des concessions d’autres villageois parce qui ont osé protester contre les pratiques mafieuses des bradeurs de leur patrimoine foncier. Avec la distribution de parcelles les membres de la mafia locale du foncier ont construit un réseau qui permet, illico presto, de faire embastiller tous ceux qui empêchent leur business de faire florès.

Si la lutte contre la corruption et la délinquance financière est bien une priorité des autorités nationales actuelles, il y a de quoi se pencher sérieusement sur le cas de Koursalé où la loi est toujours défiée, l’impunité des prédateurs fonciers étant la règle. Le dernier exemple est ce refus d’obtempérer aux injonctions de justice, suite à un ordre d’arrêt de travaux sur une parcelle privée convoitée par les prédateurs fonciers. L’arrêt des travaux sur ce terrain, bien qu’ordonnée par la justice, n’est pas respectée.

Que dire aussi du protocole d’accord signé entre Quincaillerie 2000 et deux chefs de village, notamment celui de Koursalé et Koursalé Coro ? Ce protocole pour l’exploitation de sable et de gravier prévoit des dispositions comme une étude d’impact environnemental et social, jamais réalisée à ce jour. Et l’on comprend alors la désolation laissée derrière eux par les dizaines de camion qui font la navette journalière pour transporter le sable, la latérite et le gravier extraits du sol de Koursalé.

Rappelons que, selon les dispositions en cours à Koursalé, sans qu’on ne sache pourquoi et comment, il suffit tout simplement de payer 5000 à 10000 FCFA par jour pour avoir le droit de charger un nombre indéterminé de camions de sable et de gravier par jour. En plus, qui encaisse cet argent ? A quoi sert-il ?  Y a-t-il une traçabilité ? Un bien commun, le patrimoine de tout un village, ne doit pas être géré comme un bien privé. Voilà aussi une pomme de discorde au sein de cette localité et les autorités doivent la trancher.

En effet, l’Etat doit voir de ce côté-là car un problème relatif à la chefferie n’étant pas réglé depuis près de dix ans, les villageois qui osent élever la voix pour se plaindre de la gestion de leur village, et surtout du bradage de leurs terres, reçoivent des menaces parfois suivies d’expéditions punitives. L’un des chefs de village, très vieux et souffrant de problèmes de vision, est assisté par un conseiller qui est assume cette responsabilité depuis une trentaine d’années et se trouve souvent en conflit avec des villageois. En témoignent les multiples différends entre lui et des ressortissants du village connus des juridictions et services de sécurité de Kati.

Amadou Bamba NIANG

Journaliste et Consultant

Source: Aujourd’hui-Mali
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