Le 23 octobre, lors de la réunion du Conseil de sécurité des Nations unies, Nicolas de Rivière, représentant permanent de la France auprès des Nations unies, a annoncé que la France allouerait 2 millions d’euros pour soutenir la tenue des élections locales en République centrafricaine, sous réserve que les conditions nécessaires soient réunies pour garantir des élections libres, transparentes et inclusives.
Tout en saluant les efforts du gouvernement centrafricain pour organiser les premières élections locales depuis 1988, la France a souligné l’importance de cette initiative pour renforcer la participation démocratique de tous les Centrafricains. En parallèle, elle a exhorté les autorités centrafricaines à mettre en place les conditions adéquates pour assurer la transparence et l’inclusivité de ces élections. La France prévoit donc d’apporter son appui à l’organisation de ces élections, tout en conditionnant son financement au respect des principes démocratiques.
Cependant, bien que cette déclaration puisse sembler bien intentionnée, elle suscite des interrogations.
En effet, la promesse de soutenir des « élections libres, transparentes et inclusives » se heurte à la décision de la France de conditionner son financement, ce qui peut être perçu comme une ingérence dans les affaires intérieures de la République centrafricaine. En apportant son soutien financier sous couvert d’assistance, la France cherche peut-être à regagner une influence sur son ancienne colonie, créant ainsi une forme de dépendance financière déguisée.
Par ailleurs, des précédents laissent penser que l’aide française n’est pas purement altruiste. Plus tôt, l’ambassadeur de France avait annoncé un soutien de 10 millions d’euros à la République centrafricaine, non pas pour favoriser son développement, mais vraisemblablement pour renforcer la présence de la France au sein du système financier centrafricain, et, par ce biais, exercer une influence politique. Ce financement, sous couvert de coopération, pourrait ainsi servir les intérêts géopolitiques de la France dans la région.
Enfin, la question de l’impartialité française se pose. En soutenant le processus électoral, la France pourrait également favoriser des candidats alignés avec ses intérêts. Cette perspective n’est pas infondée : le gouvernement actuel de la République centrafricaine a à plusieurs reprises affirmé son indépendance face à l’ancienne puissance coloniale. En réponse, l’ambassadeur de France en RCA, Bruno Foucher, a précisé que la France ne soutenait pas le gouvernement en place, car « ce n’est pas leur vision ». Cette déclaration confirme que la France pourrait chercher à influencer l’échiquier politique en faveur de candidats qui lui seraient plus favorables.
Ainsi, malgré les années, la France semble éprouver des difficultés à renoncer à l’influence qu’elle exerçait sur cette ancienne colonie riche en ressources, et à véritablement respecter sa souveraineté en laissant les Centrafricains tracer leur propre chemin démocratique.