Le “sounakari” (repas de rupture de jeûne) est devenu une tradition au Mali pendant le ramadan pour garder de bons rapports avec sa belle-famille. Au lieu que ce geste consolide les liens de parenté et d’alliance, il les fragilise. Beaucoup font ce geste pour leurs belles-familles sans savoir si ce geste relève de la tradition ou de la religion.
Le mois de ramadan est un mois béni, un mois de partage, de générosité où les musulmans accomplissent l’un des piliers de l’islam. Pendant ce mois, les actes de générosité, sont encouragés, les écritures saintes enseignent que pendant le ramadan la récompense des bonnes actions sont énormes, voire démultipliées donc un moment favorable pour les bonnes œuvres.
Généralement, pendant ce mois, les femmes préparent des mets pour leurs belles familles communément appelé “sounakari”. Et les gendres offrent du sucre à la famille de madame en retour.
Ce geste de considération et de générosité n’est plus vu comme un acte de considération, mais plutôt une obligation. Et le fait de le voir comme telle fragilise les liens entre belle-famille et gendre ou belle fille.
Les femmes ont tendance à exiger cela sur leur époux, cette exigence est fréquente dans les familles où il y’a beaucoup de gendres alors les femmes exigent que leurs époux donnent du sucre à leur famille dès les 10 premiers jours du ramadan.
En approchant certaines personnes, nous pouvons dire que beaucoup l’accomplissent malgré eux pour ne pas attirer les foudres de la belle-famille tout en ignorant son origine, O.T en est la preuve. “ J’offre du sucre à ma belle-famille chaque année. Malheureusement, j’ignore si c’est la tradition ou la religion qui l’exige, je m’acquitte juste de cette pratique sociétale chaque ramadan”. Si O.T. ne connait pas les origines de cette pratique, tel n’est pas le cas de Mohamed Dembélé. “C’est une tradition qui renforce les liens même si je n’en sais pas plus sur sa provenance. Mais une chose est sûre, certaines de nos belles- familles sont tellement aisées qu’ils peuvent t’acheter toi et ton sucre”.
Alors tradition ou une obligation religieuse ? Selon Badra Aly imam, membre d’une association de bienfaisance éclaire nos lanternes sur cette tradition citadine. Selon l’imam, “ce geste n’est pas mentionné dans le noble Coran. Il ne figure nulle part. Ce geste peut être considéré comme un acte de générosité envers sa belle-famille. Rien de plus et le ramadan est l’occasion rêvée pour faire des donations et la religion nous exhorte aux bonnes actions”.
Si chaque année les belles filles se donnent tant de mal pour concocter de mets délicieux, cette année fera exception avec cette crise sanitaire qui traîne avec lui son lot de cherté. Certaines belles filles affirment ne pas être en mesure de faire ce geste avec la flambée des prix et la crise sanitaire qui n’arrange rien de la situation. Comme le dit l’adage “les habitudes nées des moments d’abondance, disparaîtront à la disette”.
Oumou Fofana
Source: Mali Tribune