Depuis le 25 mars 2020, la personnalité la plus influente du Mali après le président de la République est portée disparue : Soumaïla Cissé, un bon père de famille, un digne époux, un ami sincère, un patriote accompli, un vrai démocrate… Il incarne toutes ces qualités qui font que sa famille, ses amis et partisans, ses compatriotes s’inquiètent de cette absence troublante. « Un seul être vous manque, tout est dépeuplé », a dit Alphonse de Lamartine. Alors Monsieur le Président de la République, quittez votre posture de carpe muette pour dire aux Maliens ce qui nous arrive, ce qui vous arrive, et ce qui arrive à Soumaïla Cissé. Ou dites-nous donc ce qui ne lui arrive pas. Se porte-t-il bien ? Mange-t-il et dort-il bien ?
Monsieur le Président, nous posons ces questions parce que nous savons que depuis sa disparition vous n’avez pas mis les pieds chez Soumi ni à Niafunké ni à Badalabougou (Bamako) car cela ne saurait se passer à l’insu des Maliens et surtout des hommes de presse que nous sommes. Le simple bonjour à sa famille et pour vous enquérir des nouvelles de vos enfants et de leur mère, voilà ce que vous vous n’avez pas fait à l’endroit de votre frère qui s’est montré respectueux et généreux à votre endroit à l’aube de votre accession au pouvoir en se rendant à votre domicile pour matérialiser un pacte d’honneur. Depuis, il est resté humble, courtois, pacifiste dans la limite de son droit à s’opposer à un homme dont il ne partage ni la vision du Mali ni la gestion du pouvoir. Vision du reste erronée, et gestion catastrophique au point que ceux qui avaient cru en vous estiment que vous avez les mains liées.
Cependant, rien ne justifie votre attitude à l’endroit de Soumaïla Cissé et des Maliens que vous n’arrêtez pas de faire pleurer, souffrir. Pourtant, vous avez le temps de pleurer pour les autres, vos maîtres connus de tous depuis Paris. Qu’avons-nous donc fait pour mériter tant de déconvenues : une école mourante, des élections au forceps avec des résultats tronqués, une gestion moribonde de la maladie de coronavirus, et la disparition de l’homme qui compte beaucoup pour l’avenir du Mali ?
Nous pensons donc que nous sommes en droit de vous demander des comptes Monsieur le Président de la République. Et en pareil cas, nous le signalons tout de suite, il ne servira à rien de vous complaire dans une réplique incendiaire, mais de nous éclairer sur l’état de Soumaïla Cissé. Car ce n’est pas une demande, nous l’espérons, au-dessus de vos capacités. C’est pour les enfants et l’épouse de Soumi, pour vos sœurs et frères Cissé, pour la grande famille URD qui compte aujourd’hui au Mali, pour tous les Maliens inquiets depuis la disparition mélancolique de l’honorable Soumaïla Cissé. C’est pour l’honneur du Mali. Soumaïla ne devait pas passer le mois de carême et la rentrée parlementaire en dehors de sa famille et de l’hémicycle. Alors qu’il soit parmi nous avant la fête de ramadan. Tout le Mali vous implore.
Mamadou DABO
Zénith Balé