À la veille de sa nomination comme Premier ministre, l’information circulait partout que le Tigre de Badalabougou avait donné des garanties pour sa réélection à IBK. Les premières actions du Premier ministre furent d’interdire toutes les marches par la force.
Il a fait mater les femmes et autres travailleurs de l’Huicoma qui voulaient marcher sur Bamako ; les jeunes de ‘Waati sera’ ont subi la même répression. Ces derniers voulaient marcher sur l’ambassade de France à Bamako.
Les femmes du Collectif Les Amazones en ont eu pour leur compte devant l’Assemblée nationale lors de leur sit-in en lien avec les violences faites aux femmes. Même quand celles-ci ont tenté d’aller vers la Maison de la presse du Mali, pour faire une déclaration, elles en ont été empêchées par les forces de l’ordre.
La Plateforme ‘Debout sur les Remparts’ a été interdite de tenir sa première manifestation sur l’esplanade de la Bourse du Travail. La restriction des libertés est de retour, plus personne ne tente d’organiser une marche.
L’actuel Premier ministre croit pouvoir obtenir sa légitimité dans la communication tous azimuts. Ses faits et gestes sont montrés partout. Même si certaines activités n’apportent rien de potable au quotidien des Maliens. Un chroniqueur de la place disait que le Premier ministre est dans la communication, parce que ses déplacements à l’intérieur du pays ne changent rien à la situation sécuritaire. Mais, en réalité, ces sorties sont plus politiques avec des rencontres hors micros et caméras pour parler aux militants et militantes, surtout mobiliser les troupes à la base.
À Ségou, plus de la moitié des membres du gouvernement était à la conférence des cadres, qui ressemblait à une rencontre de la majorité. «Rien ne nous unit si ce n’est pas le Mali. Moi je suis de Gao, si nous sommes ici c’est pour le Mali». Un morceau choisi des propos du Tigre de Badalabougou devant les cadres et les responsables de la cité des Balanzans.
À Bamako, il a rencontré les membres du C.E. de l’Adéma comme pour leur dire qu’ils vont rester ensemble. Les ministres Adéma peuvent rester dans le gouvernement, peu importe celui qui sera le candidat des abeilles. Mais l’actuelle majorité ne devrait pas exploser. Même exercice au niveau de l’APM. Or, certains responsables de ce parti politique n’excluent pas une candidature à l’interne à la présidentielle. Le Premier ministre ne veut pas en entendre parler. Il veut que tout le monde reste soudé derrière IBK.
En fin stratège, il mène une stratégie de récupération de plusieurs responsables, militants et jeunes de partis politiques de la majorité, créant ainsi une implosion au sein de ces partis politiques. Cette stratégie consiste à avoir la frange la plus importante avec IBK.
Dans ce dessein, plusieurs ministres Adéma ont été rassurés quant à leur maintien dans le gouvernement. Certains ont informé leurs bases respectives de leur soutien à IBK. Ils ont alors pris leurs distances avec les actions en cours au niveau du Comité Exécutif.
En plus, le PM travaille à ce que les communautés, les députés et certaines personnalités, associations viennent à Koulouba pour demander au président de se porter candidat. Actuellement, il y a une file indienne à Koulouba. Certaines délégations sont même reçues à Sébénicoro.
Pour ce qui concerne les autres candidats indépendants ou de partis politiques de l’opposition, le Tigre de Badalabougou est en train de voir comment semer la zizanie, créer de faux problèmes entre les cadres. Surtout qu’il est convaincu que l’opposition n’ira pas en rangs serrés à l’élection présidentielle.
Les candidatures farfelues et les candidats qui ne peuvent pas avoir de parrainage auront des propositions. À défaut, leurs casseroles, surtout ceux qui étaient dans le gouvernement, seront mises sur la place publique. Dans le but exclusif qu’IBK demeure au pouvoir.
L’application de l’accord d’Alger 2015 n’est point son affaire. Que les partenaires et bailleurs de fonds soient mécontents, il s’en soucie peu ; que la situation au centre du pays se pourrisse, le Tigre ne veut pas de l’espace pour les urnes.
En demandant à l’armée de sécuriser le centre, cela peut avoir des conséquences, notamment créer un désordre ou une anarchie. Ce qui rendrait ainsi impossibles les élections générales de 2018. Peu importe, l’homme étant, selon Oumar Mariko, la somme des responsabilités non assumées, ne perd rien !
La nomination aux affaires de Soumeylou Boubèye Maïga répondait à cet «impératif». Certains commenceraient peut-être à mieux comprendre la répression des marches, sit-in et autres manifestations.
En tout cas, plusieurs diplomates et partenaires du Mali sont en train de se concerter avec des partenaires sociaux, des leaders d’opinion. Sans oublier la classe politique et les leaders religieux pour d’éventuelles propositions au pouvoir. Déjà, ces diplomates parlent de l’impossibilité de tenir l’élection présidentielle à échéance, comme l’a dit Ousmane Sy, l’ancien ministre de la Décentralisation.
Ferko DIARRA
Source: Le Reporter