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Soumaïla Cissé sur RFI à propos des derniers événements de Kidal : « C’est très grave que l’armée ne soit pas contrôlée par le chef de l’Etat «

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Après les propos du Premier ministre Moussa Mara expliquant à sa manière le départ du gouvernement du ministre de la Défense, Soumeylou Boubèye Maïga, c’était le tour, le vendredi dernier, du chef de file de l’opposition et président de l’Union pour la République et la démocratie (URD), Soumaïla Cissé de se prononcer sur les récents événements survenus à Kidal en déplorant la cacophonie autour de l’absence d’ordre du chef suprême des armées avant l’offensive du 21 mai.

Concernant le départ de Soumeylou Boubèye Maïga du gouvernement, Soumaïla Cissé dira qu’il voudrait savoir si c’était une démission ou un limogeage. « Le Premier ministre semble dire qu’il a été limogé, les rumeurs font croire qu’il a démissionné. Je pense que cela doit être éclairci. Pour l’histoire, Soumeylou Boubèye Maïga doit pouvoir s’expliquer pour que le peuple malien sache exactement ce qui s’est passé », a-t-il déclaré.

 Pour ce qui est des mesures de redressement dont a parlé Moussa Mara, le leader de l’URD dira qu’il faut d’abord tirer les leçons de ce qui s’est passé le 17 mai à Kidal. « Le Premier ministre a manqué de sagesse parce que la Minusma, Serval et ses services lui ont demandé de ne pas partir à Kidal. Malheureusement, il a passé outre, il s’est entêté. La deuxième chose à mon avis est qu’il a manqué de discernement. Et là, dans ses discours, il fait un amalgame entre nos ennemis et nos amis « , a-t-il expliqué. Pour Soumaïla Cissé, le Premier ministre ne peut pas déclarer la guerre. Il devait attendre au moins d’aller vers Bamako, de rendre compte au président de la République.

Le quatrième point qui est important pour moi, c’est qu’il a manqué de sens de la responsabilité. Le Premier ministre aurait dû reconnaître ses fautes. Vous savez, les conséquences sont très graves. Des membres de l’administration, des préfets, des sous-préfets ont été tués. Une centaine de soldats, au moins officiellement, sont morts, ce qui fait une trentaine de veuves, des centaines d’orphelins, surtout un peuple humilié. Il y a un dicton de chez nous qui dit que : « Le jour de la mort de votre ami, vous ne mourrez certainement pas, mais le jour où il est humilié, vous êtes humilié.  » Au Mali, ce sentiment d’humiliation, on le retrouve dans toutes les couches de la population et je vous assure que beaucoup de Maliens ont affirmé que dans la nuit du mercredi 21, ils n’ont tout simplement pas dormi. Donc c’est très important, les conséquences sont très graves. Et le Premier ministre aurait dû prendre ses responsabilités, reconnaître ses fautes et en tirer les conséquences en démissionnant. Je crois que cela aurait rendu au Président la tâche beaucoup plus facile pour prendre des initiatives et pouvoir avancer ».

 Réclamant la démission du Premier ministre, Soumaïla Cissé assure que les Maliens ont élu un président de la République, ils n’ont pas élu le Premier ministre. « Qu’il ait la confiance du président, soit. Mais je crois que le Premier ministre aurait dû démissionner quitte à ce que le chef de l’Etat lui renouvelle sa confiance. Il a dit dans sa dernière interview sur les ondes que ce n’est pas grave. Qui a donné les ordres ? Si l’armée n’est pas contrôlée par le chef suprême des Armées, n’est pas contrôlée par le Premier ministre, n’est pas contrôlée par le ministre de la Défense, quid alors des prochaines opérations ? Je crois qu’au contraire, c’est très grave. On ne peut pas avoir tant de morts, tant d’humiliation et considérer que ce n’est pas grave et ne faire qu’avancer « . Et le leader de l’opposition d’enfoncer le clou :  » ce que nous attendons, c’est qu’il(le gouvernement NDLR) nous dise qui est responsable de tant de morts, de tant de souffrances et de tant d’humiliation « .

 Le chef de file de l’opposition assure que s’il avait été élu à la tête du pays, il aurait respecté les accords de Ouagadougou qui invitent à négocier à partir des deux premiers mois du mandat présidentiel. « Nous avons attendu 8 mois avant de négocier. Je crois que ça a été une perte de temps terrible et qui a été préjudiciable en vies humaines, dans nos amitiés, dans la force de notre diplomatie et qui a abouti aujourd’hui à une démoralisation non seulement des armées, mais aussi du peuple malien « , a-t-il expliqué.

Avant d’ajouter que les futures négociations sont devenues forcées, malheureusement.  » On aurait pu négocier dans de meilleures conditions. Le cessez-le-feu a été signé dans les conditions que vous savez, qui ne sont pas toujours à notre honneur. Aujourd’hui, les négociations vont s’entamer forcément et je crois que la communauté internationale elle-même veille. Les Maliens sont convaincus aujourd’hui que l’une des solutions et sinon la seule solution, c’est de négocier. J’ose croire et j’ose espérer que les négociations aboutiront « , a-t-il conclu.

 

Bruno D SEGBEDJI

SOURCE: L’Indépendant

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