Le président de l’Union pour la République et la démocratie (Urd) et non moins le chef de file de l’opposition, l’Honorable Soumaïla Cissé, était face à la presse le lundi 27 janvier, dans la salle de conférence de la Maison de la presse. C’était lors de sa traditionnelle présentation de vœux à la presse malienne avec en toile de fond la tenue des prochaines élections législatives, la mise en œuvre des recommandations du Dialogue national inclusif (Dni), la mauvaise gouvernance, la situation sécuritaire…
Dans ses mots de bienvenue, l’Administrateur délégué de la Maison de la presse, Mamadou Talata Maïga, a rendu un vibrant hommage au chef de file de l’opposition pour sa contribution dans la promotion de la presse privée au Mali. Aussi, il a insisté sur les différentes réformes permettant à la presse de jouer davantage son rôle, notamment la dépénalisation des délits de presse et l’annexion de l’aide à la presse au budget de l’Etat.
Prenant la parole, le chef de file de l’opposition a, pour la énième fois, interpellé le pouvoir sur la disparition mystérieuse, il y a 4 ans, du journaliste Birama Touré. “Les enquêtes ont été ouvertes mais n’ont toujours rien révélé et la justice est restée au point mort. Cette disparition continue de nous préoccuper”, a déploré Soumaïla Cissé. Aussi, il a dénoncé l’exil forcé du directeur de publication du journal Le Sphinx, Adama Dramé, suite aux différentes publications sur cette disparition.
Le président de l’Urd a saisi l’occasion pour plaider qu’une loi sur la dépénalisation des délits de presse soit enfin adoptée en République du Mali. Et d’inviter les journalistes au respect des règles déontologiques de leur profession. “Nous condamnons les actes d’intimidations et les menaces à l’encontre des journalistes. Une presse libre est la condition d’une démocratie vivante et respectueuse de ses citoyens, ne l’oublions jamais !”, a laissé entendre Soumaïla Cissé.
Par ailleurs, il a demandé à la presse d’être un rempart contre les maux qui minent la société malienne. Pour lui, l’affairisme, la corruption, la prévarication et les scandales financiers qui jalonnent la chronique ordinaire du pouvoir en place doivent être dénoncés avec force. “Soyez des francs-tireurs contre l’inaction, contre le non-respect de la parole proférée. Oui, tirez sur nous, opposition, majorité, société civile car vous êtes les garde-fous contre la dérive, la déchéance et la corruption”, a déclaré Soumi.
1 868 personnes ont perdu la vie dont 888 civils
A en croire le président de l’Urd, l’année précédente a été la plus meurtrière parce qu’au moins 1 868 personnes ont perdu la vie dont 888 civils contre 1 739 morts en 2018 dont 871 civils. Et de poursuivre que le régime peine à assurer la sécurité des populations du centre de notre pays.
Dans son réquisitoire, il dira que, par ses soins, l’Assemblée nationale a été saisie par rapport à l’insouciance et à la gabegie du régime. Selon lui, une commission d’enquête parlementaire a déjà été mise en place pour faire la lumière sur les fameux aéronefs cloués au sol. Cependant, il a exprimé son inquiétude que cette commission d’enquête ne connaisse le même sort que la commission d’enquêtes sur les évènements de mai 2014 à Kidal, car, dit-il, la commission d’enquête n’a toujours pas déposé son rapport.
A ses dires, la mise en place des autorités intérimaires, le vote de la loi d’entente nationale et l’organisation du Dialogue national inclusif qui avaient été considéré comme déclencheurs de la paix et de la réconciliation ont été peine perdue. “Au contraire, les tragédies continuent, les grèves se multiplient, l’éducation des enfants est plus que compromise par l’incapacité notoire du gouvernement à respecter ses propres engagements vis à vis des syndicats d’enseignants”, a-t-il déploré.
Aux dires de l’Honorable Soumaïla Cissé, c’est dans ce contexte de désolation et de désespoir que le régime a cru bon de convoquer le collège électoral afin d’organiser les élections législatives en mars et avril 2020, sans au préalable régler les déficiences qui ont été à l’origine des prorogations du mandat des députés. Et de poursuivre qu’une telle attitude est susceptible d’entraîner une crise pré et postélectorale aux conséquences fâcheuses qui, selon lui, peuvent entacher le très fragile processus de sécurisation et de stabilisation de notre pays.
Pour le chef de file de l’opposition, le gouvernement devait procéder au préalable à la relecture du Code électoral avant de vouloir convoquer le collège électoral. Malgré les différentes réserves émises, Soumaïla Cissé a annoncé la participation de l’Urd aux prochaines élections législatives.
Boubacar PAÏTAO
Source: Journal Aujourdhui-Mali