Aujourd’hui c’est au travers d’une cage qu’il parle au monde dans le box des accusés. Tel un esclave. Telle une bête sauvage, ‘’la bête de Khartoum’’ , celui qui avait un droit de vie et de mort, un demi Dieu au Soudan, est réduit à un simple voleur, un brigand encagé. Au sommet de sa gloire, il a déclenché une guerre contre son peuple : les Fours, les Masalits et les Zaghawas.
Cette guerre civile a fait des victimes innocentes et provoqué le déplacement de près de 3 millions de personnes, fuyant les atrocités des combats. Il risque d’aller méditer son sort en prison tout le reste de sa vie. Son pays lui a offert la gloire il a préféré choisir le chemin du déshonneur, des richesses matérielles. L’ex-président soudanais est une honte pour la postérité de son pays. A son âge, 75 ans, sans enfant, c’est très regrettable. Oumar El Béchir est accusé par la justice de son pays de «possession de devises étrangères», de « corruption » et de « trafic d’influence ». Il est également poursuivi par la Cour pénale internationale (CPI), pour génocide, crimes contre l’humanité et crimes de guerre dans le cadre de la guerre du Darfour. Moawiya Khodr al-Amine l’avocat des victimes a déclarait sur RFI, lors l’ouverture du procès : « Nous commençons une nouvelle ère dans un Soudan nouveau. Nous avons une nouvelle justice dans un état de droit. Les martyrs tombés durant l’ère d’Omar el-Béchir ont été abattus par les armes de ce régime et par les directives d’Omar el-Béchir. L’ancien président était la cause de tous ces martyrs. C’est un criminel, un tueur. Nous considérons qu’il faut l’accuser d’avoir tué des citoyens innocents, d’avoir commis des crimes ethniques et d’avoir imposé des déplacements forcés aux gens du Darfour et à d’autres populations du Soudan. Pour les milliers de Soudanais qu’il a tués, nous allons renvoyer ce dossier au procureur général du gouvernement civil pour qu’il prenne en compte ces accusations lors du procès de ce criminel ».
Les leçons que Koulouba doit retenir
Quelles que soient les performances économiques et électorales, toute dictature n’apporte que ruines et désolations à un peuple asservi. L’ancien président zaïrois, Joseph-Désiré Mobutu, a tenté de justifier le monopole du pouvoir par des performances économiques dans les années 70. Tôt ou tard, le peuple réclame la liberté, la justice.
Toute dictature finit par avaler ses propres enfants
A la fin de toute dictature, il faudra se battre encore pour repartir de zéro. Un perpétuel recommencement. De Mobutu à Idi Amin Dada en passant par IBK, une dictature qui s’installe se justifie au départ. Les intellectuels de circonstance apportent leurs idées pour falsifier les textes, éditer une nouvelle constitution dont le seul but est de servir le dictateur. Ces intellectuels défendent nuit et jour le nouveau régime, dans les médias, tant au niveau national qu’international. Au nom du bonheur des Maliens, nous avons fermé les yeux sur la dictature d’un pouvoir gérontocrate usé, au Mali. Certains chiffres présentés par les régimes dictatoriaux constituent un prétexte pour se maintenir au pouvoir. On se rappelle qu’au Soudan, quelques années seulement avant sa chute, Omar El Béchir avait été réélu avec 94,5% des voix. Les zaïrois sous Mobutu ont toléré leur président, au nom de la prospérité. Plus près de nous, au Mali, le président Ibrahim Boubacar Keita a été réélu en 2018 avec 67,17% des suffrages. Pourtant il s’avère être le plus illégitime président que le Mali ait connu depuis son indépendance.
La base de toute dictature est avant tout intellectuelle
Les intellectuels se compromettent toujours au début de toute dictature. Malheureusement, il n’y a pas de dictature à moitié. Personne n’a de l’avenir dans un pays dont les autorités ont choisi la voie dictatoriale. Battons-nous afin d’éviter la dictature dans notre pays. Peu importe les comparaisons du genre : ‘’Ailleurs c’est pire’’. Disons-nous aussi : ‘’Au Rwanda c’est meilleur’’. Le président Paul Kagamé est un bel exemple à suivre sur la voie véritable de la démocratie au service du peuple. Pour ce petit pays qui revient de loin après le génocide de 1994, la voie du développement est à la portée de tout Etat africain, si nous nous engageons honnêtement et sincèrement sur le véritable chemin de la justice, de la vérité et de la réconciliation. Battons-nous pour éviter l’installation d’une dictature dans notre pays. Car lorsqu’un président n’écoute personne et en fait seulement à sa tête, le pays n’est pas loin de la dictature.
Les plus grands dictateurs s’en remettent à Dieu pour justifier leurs forfaitures. Yahya Jammeh a plongé la Gambie dans le chaos, de sorte que même après son départ du pouvoir, les plaies occasionnées mettront des générations pour se cicatriser. Béchir, pour sa part, aurait pu choisir de mourir les armes à la main, en vrai soldat. Le président IBK a encore le choix. Il est encore temps de changer de cap et d’emprunter le vrai chemin, celui de Kagamé, le chemin du courage et l’amour incorruptible pour le pays. Un amour qui ne s’achète pas, qui ne se vend pas comme du poisson fumé au marché de Sougouni Coura, à un jet de pierre de Koulouba.
H.L