L’armée soudanaise aurait intimidé les témoins d’un viol collectif commis par des soldats sur 200 femmes d’un village du Darfour du Sud en octobre dernier. Selon un rapport interne des Nations unies, les casques bleus de la mission ONU-UA au Darfour n’ont pas pu enquêter dans de bonnes conditions sur ces accusations de viol collectif. La Minuad note une ambiance de peur et de silence.
Deux cents filles et femmes ont-elles été violées par des soldats soudanais dans le village de Tabit fin octobre ? Voilà la question à laquelle la Minuad ne peut apporter de réponse claire. La mission conjointe ONU-UA au Darfour est allée enquêter à Tabit, suite aux informations relayées par un site en ligne soudanais.
Dans un premier temps, les autorités militaires soudanaises ont empêché les enquêteurs internationaux de se rendre sur place. Puis la porte s’est ouverte, mais les bouches sont restées fermées. Sur place, les enquêteurs découvrent des témoins réticents, des regards fuyants, des femmes qui n’osent pas s’exprimer.
Durant toute leur présence à Tabit, les casques bleus notent une forte présence de soldats soudanais en uniformes ou en civils, certains filment avec leur téléphone les entretiens menés avec les villageois par les enquêteurs. Enfin la Minuad cite un enseignant qui affirme que l’armée avait par avance « briefé » la population, lui demandant de ne pas fournir d’informations à la Minuad.
Toutes ces révélations proviennent d’un rapport interne à la Minuad qui n’a pas été rendu public mais dont l’Agence France-Presse a obtenu une copie. Officiellement, à New York, la Minuad a affirmé qu’elle n’avait pas trouvé de preuves concernant un viol collectif à Tabit. Le 29 octobre dernier, le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon critiquait publiquement la Minuad pour avoir sciemment minimisé les exactions commises au Darfour.
Source: RFI