Cinq gendarmes burkinabés ont été tués mardi lors d’une attaque contre un détachement militaire à Oursi (nord du Burkina), le jour même de la tenue du sommet G5 Sahel à Ouagadougou, a annoncé l’armée burkinabé dans un communiqué.
“Un détachement militaire du groupement des forces de sécurisation du nord, installé à Oursi, région du Sahel, a été attaqué par des terroristes. Le bilan fait état de cinq gendarmes décédés lors des combats et trois blessés dont deux dans un état grave”, selon le texte diffusé par l’état-major général des armées, au lendemain d’une attaque qui avait fait 14 tués.
“Les forces de défense et de sécurité ont repoussé cette attaque et lancé une contre-offensive” qui “a permis de neutraliser 21 terroristes”, selon le texte.
Une source militaire a confirmé à l’AFP que le terme “neutraliser” voulait dire tuer.
Des opérations de ratissage sont en cours dans la zone, selon l’armée qui explique que cette attaque a été menée “en réaction à la riposte des forces de défense et de sécurité menée le lundi 4 février dans les départements de Kain, Banh et Bomboro”.
Lundi à l’aube, 14 civils ont été tués dans le nord du Burkina à Kain, une localité située dans la province du Yatenta, frontalière du Mali. Il s’agit d’une des plus graves attaques enregistrées dans le pays.
L’armée, qui s’est montrée incapable d’enrayer la spirale de violence, assure avoir mené dans la journée des raids terrestres et aériens dans le Nord, au cours desquels elle affirme avoir tué 146 jihadistes, un bilan que l’AFP n’a pas pu confirmer de source indépendante.
Le bilan des attaques jihadistes au Burkina Faso s’élève à près de 300 morts depuis 2015.
“Le Burkina Faso qui était parmi les pays les plus paisibles au moment de la création du G5 Sahel, est aujourd’hui victime d’attaques de terroristes aux visées obscurantistes”, avait souligné dans la matinée l’ancien chef d’Etat burundais Pierre Buyoya, représentant de l’Union africaine au sommet.
A l’issue du sommet, les chefs d’Etat ont répété leur “préoccupation” et leur désir de renforcer le G5-Sahel. Les chefs d’Etat soulignent que la force militaire ne peut être la solution unique face à la menace jihadiste, et “appellent la communauté internationale” à “soutenir les efforts du G5 Sahel” dans “la sécurisation”, mais aussi “le développement”.
Créé en 2014 notamment avec le soutien de la France, le G5 Sahel, qui a eu du mal à trouver son financement, compte pour le moment 4.000 hommes pour un objectif d’un peu plus de 5.000 à terme. Son commandant, le général mauritanien Hanena Ould Sidi, a annoncé dimanche que la force avait mené trois opérations depuis le 15 janvier, sans donner plus de détail.
Malgré ces assurances et les déclarations politiques, la force n’a encore jamais été au contact des jihadistes. Pire, elle s’est même signalée négativement: des soldats maliens se sont rendus coupables en 2018 de l’exécution sommaire de douze civils, selon un rapport de la Mission de l’ONU au Mali (Minusma).
Mahamadou Issoufou, président du Niger, président sortant du G5 Sahel, a souligné lors d’un point presse qu’il fallait “travailler”, pour rechercher “un mécanisme pérenne de financement de cette force”, citant lui aussi le Chapitre 7.
Pour lui, “c’est sur le terreau de la pauvreté que prospère le terrorisme”.
Le président burkinabè Roch Marc Christian Kaboré, nouveau président en exercice du G5 Sahel, a appelé à “redoubler d’efforts pour accélérer la montée en puissance de la force conjointe. La paix dans le Sahel n’a pas de prix et le combat que nous menons ne concerne pas que les pays du Sahel car le terrorisme n’a pas de frontière”.
Son pays doit accueillir fin février le Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (FESPACO), un des plus grands rendez-vous du septième art sur le continent, qui fête son cinquantenaire. Parallèlement, le Burkina accueillera à partir du 18 février le grand exercice militaire américain “Flintlock”, coopération entre des centaines de militaires africains, américains et européens.
Source: libe.ma