Un sommet des Chefs d’État des pays du G5 Sahel (Mauritanie, Mali, Burkina Faso, Niger et Tchad) est prévu pour les 15 et 16 février à N’Djamena, au Tchad. Un sommet au cours duquel les Chefs d’État vont évaluer la lutte contre l’insécurité dans l’espace et donner de nouvelles orientations, tant sur le plan sécuritaire que sur le plan de la diplomatie et du développement.
Ce que doit être le Sommet de N’Djamena
La France, partenaire clé des pays du G5 Sahel, sera au rendez-vous à ce sommet. Mais bien avant, son ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, a exprimé, devant le Senat français, ses attentes de ce sommet qui aura lieu la semaine prochaine. « Le sommet de N’Djamena doit être le sommet du sursaut diplomatique, du sursaut politique et du sursaut du développement afin de consolider les résultats des derniers mois. En tout cas, c’est ce que nous proposerons à nos partenaires », a déclaré, mardi dernier, Jean-Yves Le Drian.
Ce sommet doit être un sommet diplomatique pour trois raisons, selon le ministre français des Affaires étrangères. La première, « pour renforcer la coordination entre les pays du G5 Sahel et les pays riverains du Golfe de Guinée afin d’enrayer l’extension de la menace terroriste vers leurs terroirs ». La deuxième raison, selon Jean-Yves Le Drain, parce qu’il s’agirait de renforcer la coopération des pays du sahel avec l’Algérie et le Maroc. La troisième parce qu’il sera question de faire le lien avec la question libyenne.
Le Sommet de N’Djamena doit, selon le ministre des Affaires étrangères français, également être un sursaut politique. À ce niveau, il s’est prononcé sur la question du Mali. « S’agissant du nord du Mali, les conditions d’un règlement politique sont connues depuis longtemps », a-t-il laissé entendre avant d’exprimer son opposition à la position selon laquelle il faut « reconsidérer l’accord d’Alger ». Pour ce membre du gouvernement français, l’Accord d’Alger ne pose pas de problème. « Le problème, c’est que jamais il n’y a eu derrière de volonté politique de le faire aboutir », a-t-il regretté. La France défendra, certainement, même à N’Djamena, sa position de ne pas dialoguer avec les djihadistes au Mali. « On ne négocie pas avec les terroristes. On les combat », a déclaré Jean-Yves Le Drian devant le Senat français. Sur le plan politique au Mali, le ministre français trouve qu’«il est impératif que les demandes de reformes de la population soit entendues, notamment en matière de gouvernance, de lutte contre l’impunité et de la refonde du cadre et d’engagement face aux défis sécuritaires ».
Sans développement, il n’y a pas de sécurité. C’est pourquoi, en plus de la lutte farouche contre le terrorisme, la France trouve qu’il faut des projets de développement du sahel. « Nous allons également proposer que N’Djamena soit le moment du sursaut de la stabilisation du développement pour gagner encore en réactivité et en efficacité face aux défis du long terme », a confié Jean-Yves Le Drian aux Sénateurs français. Selon lui, cela passe par une prise de responsabilité des États du G5 Sahel appuyés par une meilleure coordination de leurs partenaires internationaux. Le ministre français des Affaires étrangères regrette, par ailleurs, que la coordination et surtout la territorialisation ne soit pas satisfaisante. « Il faut donc ouvrir davantage d’écoles, recruter davantage d’enseignants, créer et faire vivre davantage des dispensaires », a-t-il proposé.
Ce sommet de N’Djamena sera, selon le ministre Le Drian, l’occasion pour la France de confirmer la relance qu’elle a initiée du projet de « muraille verte » dont l’objectif est de verdir le sahel et lutter contre la désertification.
Pour sa part, la ministre française des Armées, Florence Parly a déclaré : « Notre enjeu est de réussir à transformer les gains et les victoires tactiques en progrès politiques et sociaux […]. Ce sera tout l’objet du sommet de N’Djamena ».
Quant au Sénateur Guillaume Gontard, N’Djamena doit être « un tournant », car il trouve que « le bilan de l’engagement français nous laisse perplexes. Le coût financier a été accru. Nous sommes passés de 520 millions en 2014 à un milliard en 2020 ».
Boureima Guindo
Source: Journal le Pays- Mali