À la veille du 15ème Sommet de la Francophonie en terre sénégalaise, pays symbole de naissance de l’illustre défunt poète Léopold Sedar Senghor, père fondateur de la francophonie, la messe la plus célèbre de la communauté des pays ayant pour langue commune le français à Dakar – qui s’apprête à accueillir plus d’un millier de participants – s’en va en eau de boudin : des médias locaux marginalisés qui ont décidé de boycotter le sommet, opacité entourant le budget de communication confié au publiciste français Richard Attias, insuffisance d’infrastructures hôtelières aux environs du village de conférence, marche de l’opposition et de la société civile…
La fête est gâchée avant le rendez-vous.
Ça râle déjà! La grand-messe de la Francophonie, qui se tiendra à Dakar les 29 et 30 novembre, prend l’eau. Aussi bien les médias locaux qu’internationaux accrédités pour la couverture de l’événement sont sur leurs nerfs. Un gros flop qui confirme le manque de préparation de ce rendez-vous international de la communauté francophone drivé par les autorités sénégalaises. Six mois déjà avant le rendez-vous de Dakar, le marché de la communication événementielle a été confié au veinard publiciste français Richard Attias, le chouchou d’une poignée de chefs d’État et patrons d’institutions internationales. Le montant de l’opération Com reste toujours une nébuleuse, en dépit des interpellations çà et là des médias locaux sénégalais. Comme si le coût de l’opération Com était un sujet qui fâche. Les choses se dégradent au fur et à mesure qu’on s’achemine vers la grand-messe et la crédibilité du sommet est sévèrement entachée.
La situation s’est détériorée à la suite de la répartition de la cagnotte (3, 5, 7 milliards de f CFA) que l’État a attribuée à des supports ciblés locaux pour une promotion de l’événement. Le 15ème Sommet de la Francophonie est avant tout une promotion de la destination du Sénégal. L’allocation des ressources financières dans les coffres des médias locaux du pays semble lézardée. Mauvais casting, estiment certains. Des médias à grande audience comme le GFM (Group Futurs Médias) appartenant à la star planétaire Youssou Ndour, ministre conseiller du président Macky Sall, ont décidé de tourner le dos à l’événement. Pis, bon nombre d’entreprises de presse entendent boycotter aussi. Ça sent mauvais pour Attias et son équipe qui peinent à s’accommoder de la dure réalité de l’environnement médiatique sous nos tropiques. On se souvient de ces chaumières et chapiteaux insolents révélés par Les Afriques lors du dernier raout de la BAD à Kigali (Rwanda). À l’évidence, tout le monde s’accorde à dire que le comité d’organisation drivé par le tandem Jacques Habib Sy-Hamidou Kasse tourne en dérision et semble être dépassé par le poids de la grand-messe.
La récente parution du livre du secrétaire général sortant de la Francophonie et ancien président du Sénégal, hôte de l’événement, Abdou Diouf, très critiqué par une frange de personnalités politiques et religieuses emblématiques du pays, n’arrange pas les choses. La goutte de trop qui va gonfler la bulle du ratage au premier degré est sans doute cette grande marche de protestation de l’opposition le jour même de l’ouverture du sommet devant un parterre de chefs d’État, de chefs de gouvernement et de représentants diplomatiques, invités de marque du président Macky Sall. L’opposition qui se radicalise de jour en jour contre le régime Sall a promis de déballer…
Les Afriques : Par Ismael AIDARA, Rédacteur en che