Une figure des islamistes somaliens shebab, affiliés à Al-Qaïda, a menacé d’« égorger » les membres du mouvement tentés de s’allier avec l’État islamique (EI), sur fond de divisions croissantes au sein du groupe entre partisans de l’alliance avec le réseau fondé par Oussama ben Laden et les tenants d’une nouvelle allégeance.
« Quiconque dit appartenir à un autre mouvement islamique, tuez-le immédiatement », a déclaré Muhammad Abu Abdalla, haut responsable des shebab dans la région de Lower Shabelle sur les ondes d’une radio qui leur est proche. « Nous égorgerons quiconque (…) menace l’unité » des shebab, a-t-il averti. « Le monde nous veut diviser. »
« C’est une décision collective, quiconque veut adhérer à un autre groupe islamique doit quitter le pays et les rejoindre là où ils se trouvent », a poursuivi le chef shebab. « Je jure, au nom de Dieu, que nous ne tolérerons pas les actes de saboteurs ».
Muhammad Abu Abdalla est un proche de feu Ahmed Abdi « Godane », « émir » suprême des shebab tué en septembre 2014, qui avait fait allégeance dès 2009 à Oussama ben Laden. Le numéro un d’Al-Qaïda et successeur de ben Laden, Ayman Al-Zawahiri, avait promu Godane chef des « moujahidines » d’Afrique de l’Est, après la mort le 8 juin 2011 à Mogadiscio du Comorien Fazul Abdullah Muhammad, chef d’Al-Qaïda dans la région.
Selon les experts, des divisions sont apparues au sein des shebab à la faveur de la montée en puissance de l’EI, qui attire de plus en plus de djihadistes étrangers et de groupes islamistes.
Si la direction actuelle reste fidèle à Al-Qaïda, des figures-clés du mouvement militent pour un rapprochement avec l’EI. Un chef local des shebab, Abdul Qadir Mumin, a récemment fait allégeance fin octobre à l’EI, mais il semble qu’il ait été peu suivi au sein de ses troupes.
Selon des observateurs, seule une poignée de groupes shebab ont récemment fait défection vers l’EI. Ils ont été châtiés et leurs chefs tués par les fidèles d’Ahmed Diriye, le successeur de Godane, qui cherche à raffermir son autorité.
Les shebab, qui contrôlèrent un temps une vaste partie de Mogadiscio et des centre et sud du pays, ne cessent de perdre du terrain depuis qu’ils ont été chassés de la capitale en août 2011 par la force de l’Union africaine (l’Amisom) qui épaule l’embryon d’armée somalienne, puis de la quasi-totalité de leurs bastions.
Ils contrôlent néanmoins toujours de larges portions de territoire dans les zones rurales et restent une menace pour la sécurité en Somalie – où ils mènent actions de guérillas et attentats contre l’Amisom et les symboles du fragile État somalien – et en Afrique de l’Est où ils ont porté le fer ces dernières années, menant notamment des attaques spectaculaires et meurtrières au Kenya.
Source: Lapresse