La gestion des problèmes sociaux des militaires maliens requiert de nos jours une assistance qui interpelle Maliens de l’intérieur comme de l’extérieur car plus que jamais, les forces armées maliennes traversent une période de risques, de difficultés multidimensionnelles, voire de tragédie liés à leurs fonctions. La guerre, la crise, les accidents et les décès se sont invités dans le quotidien de nos concitoyens en uniforme depuis trois ans. Que de veuves, d’orphelins, de familles endeuillées, de femmes et d’hommes blessés voire handicapés à vie depuis que les hostilités sont ouvertes ! Ne méritent-ils pas notre reconnaissance, notre solidarité, notre assistance ?
Quand le marché brûle, l’Etat porte assistance aux commerçants qui ne manquent pas non plus de soutiens, chacun en ce qui le concerne, de la part du voisinage. Cependant, le commerçant évolue d’abord pour lui-même, ses recettes vont dans sa poche à lui, et les pertes sont quantifiables autant que les dommages sont réparables. A la guerre ouverte dans notre pays depuis début 2012, nombreuses sont les pertes en vie humaine avec leurs lots de dommages inestimables et irréparables. Inconsolables sont en effet les veuves et les orphelins de guerre. Aussi, dès que le militaire passe sous le drapeau, il est au service permanent de la Nation, au risque de perdre sa vie pour la patrie. Cette mort qui commence dès la période de formation. Comme quoi, plus que tout autre citoyen, cette catégorie d’agent a droit à la solidarité agissante de tous. Mais comment s’y prend l’Etat et que peut faire chacun de nous en la matière ?
A propos de l’Etat
Actualité oblige, nous avons cherché à en savoir plus sur la question, en conduisant une visite d’entreprise des étudiants en quatrième année de journalisme communication de l’Ecole Supérieure de Technologie et de Management (ESTM). C’était vendredi dernier à la Direction du Service Social des Armées (DSSA) sise route de Koulouba, côté sud du lycée Askia Mohamed. L’accueil a été très enthousiaste de la part la Directeur Mme Samaké Mariétou Dembélé, entourée de ses sous-directeurs (Action sociale, Administration du Personnel et Finances, Formation et Recouvrements) ainsi que d’agents subalternes. La Directeur (c’est ainsi dans l’armée pour marquer l’absence de différence entre l’homme et la femme dans leur fonction, et non la Directrice, nous a-t-on indiqué)a bien voulu nous présenter sa structure.
En effet, le contexte de sa création se définit à travers les aspects et contraintes suivants:
– L’absence d’assistance conséquente à la gestion des problèmes sociaux des militaires maliens pendant leur service actif malgré les risques et les difficultés liés à leurs fonctions (Guerre, crise, accidents et même décès) ;
– L’existence et la persistance d’une forte dichotomie entre le civil et le militaire (liée surtout à des préjugés et l’imagerie populaire abolis à 90% par les événements d mars 1991) ;
– L’oubli, l’exclusion ou la non prise en compte de l’espace militaire par les programmes de développement social initiés par les différents gouvernements.
A cet effet, afin de lever lesdites contraintes la création d’un Service Social des Armées s’est avérée capitale en vue d’aider les militaires et leurs familles.
La Direction du Service Social des Armées (DSSA), rattachée à l’Etat Major des Armées, est créée par le décret N°00-534/PRM du 26 octobre 2000, abrogé par le décret N°0-477 PRM du 30 octobre 2002. Le 19 septembre 2006, l’ordonnance N°06-024/PRM portant création de la DSSA fut adoptée. Cette ordonnance a été suivie du décret N°06-562/PRM du 29 septembre 2006 fixant l’organisation et les modalités de fonctionnement de ladite structure. La DSSA sert d’interface entre les structures civiles à caractère social et l’espace militaire.
Pour lui permettre d’atteindre son objectif global de couverture sociale des militaires et leurs familles, un certain nombre de missions ont été confiées à la DSSA, notamment d’assurer la mise en œuvre des éléments de la politique des Forces Armées en matière de solidarité, protection et promotion sociale des militaires et leurs familles ; de mettre en œuvre et évaluer les stratégies et actions de solidarité et de protection sociale des militaires et leurs familles ; d’assurer les formations de reconversion des militaires partant à la retraite.
De sa création à nos jours, le Service Social des Armées compte dans son actif plusieurs actions qui ne peuvent toutes être énumérées dans cet article. Elles sont entre autres:
– Aides aux anciens combattants, militaires blessés ou malades, veuves et familles des militaires décédés ;
– Aides aux militaires (et familles) porteurs du VIH/SIDA ou atteint de maladies graves;
– Aides aux enfants de militaires en déperdition scolaire par l’octroi de bourses d’étude (IMATEC, ITP, COPCC, INFTS, Ecole Paramédicale 4 « O « ) ;
– Aides aux militaires handicapés en activité ;
– Aides et appuis aux jeunes des camps ;
– Aides et appuis aux Associations des femmes de camps ;
– Assistance aux familles de militaires décédés dans les zones de conflits ;
– Assistance psychosociale aux militaires et leurs familles en cas de catastrophes naturelles ou autres sinistres ;
– Assistance aux couples militaires dans la gestion de leurs conflits conjugaux à travers l’APDF ;
– La régularisation des mariages des couples militaires ;
– Ateliers de formation, colonies de vacances citoyennes et patriotiques, cours de vacances, etc.
Consciente de l’ampleur de ses tâches et de l’importance de son rôle, la DSSA a vite compris qu’elle ne pouvait évoluer seule en dehors de l’environnement des acteurs déjà existants. Ses responsables ont ainsi entrepris et noué des relations partenariales avec entre autres les départements chargés du développement social, de l’Education, de la promotion de la femme, de la formation professionnelle et du sport, des organisations de la société civile, des ONG, des partenaires au développement dans notre pays, la Direction générale des services sociaux des forces armées royales du Maroc, des instituts de formation, etc.
A propos de la contribution du citoyen
Plus citoyen que le militaire, tu meurs. Outre la défense de l’intégrité territoriale et la sécurité des populations du dernier (Doumbia de la DSSA) au N°1 des Maliens, il est là pour planter des arbres, pour la salubrité, pour la montée et la descente du drapeau, pour les obsèques, pour les festivités et événements de tous ordres, pour la construction des routes, pour les sports… Mais ce qui est plus délicat, c’est de mourir pour nous, s’en aller pour toujours en laissant derrière lui une famille, des enfants qui ne peuvent désormais poser le regard que sur nous. Un regard perdu dans la douleur, un espoir en extinction, des chances au diminutif. Voilà qui nous interpelle. Dans ce pays de solidarité où l’hospitalité est légendaire, parfois et c’est le cas, les bonnes volontés ne manquent pas mais comment et que faire ?
C’est pourquoi nous avons voulu vous faire découvrir (redécouvrir) la DSSA qui dispose de représentations dont le Bureau d’Action Sociale au niveau des Etats Majors et Services et des Zones de Défense, des Antennes Sociales au niveau des Régions militaires et Assimilés, et des Correspondants Sociaux au niveau des Unités. Il est vrai que les Maliens ont manifesté un soutien de taille à l’armée au nom de l’effort de guerre à la demande du Président par Intérim Dioncounda Traoré. Mais l’armée a besoin de soutien même en période de paix en raison des maladies, des décès, des calamités et sinistres dans la vie. Pour soulager nos combattants, assécher les larmes des orphelins et des veuves, il n’y a plus qu’à contacter la DSSA, et tout sera le bienvenu : des couvertures, des fournitures scolaires voire des bourses d’études et de formation, des billets d’avion pour l’évacuation sanitaire ou pour le pèlerinage, de l’argent… N’hésitez surtout pas à parrainer les orphelins à travers une prise en charge personnelle ou en votre qualité de personnalité morale (Entreprise, ONG, Institution nationale ou internationale, Associations ou Organisations de la société civile…)
En cela vous ferez œuvre utile. Et votre soutien sera d’un apport important à la réalisation des perspectives de la DSSA :
– Œuvrer à la construction et à l’équipement des garderies et des jardins d’enfants, de centres sociaux et d’alphabétisation dans les garnisons ;
– Poursuivre la politique de création d’emploi au profit des enfants des militaires en déperdition scolaire ;
– Améliorer les conditions d’accueil et d’assistance des militaires évacués à l’étranger dans le cadre de la santé ou en matière de formation ou stage;
– Appuyer les femmes des camps dans l’accès au microcrédit ;
– Appuyer la construction de logements sociaux (notamment pour les veuves et orphelins) ;
– Mettre en place un régime de prévoyance sociale complémentaire au profit des militaires (assurance vie) et favoriser leur adhésion à l’assurance maladie obligatoire (AMO) ;
– Organiser des opérations de pèlerinage dans les lieux Saints au profit des militaires…
Bref, aux Maliens de l’intérieur comme de l’extérieur de tendre une main charitable à leur armée nationale. Nous avons espoir que la générosité ne fera pas non plus défaut de la part de nos amis et de l’ensemble de la communauté internationale dont notre pays est partie prenante. A vos rayonnantes réflexions et votre remarquable générosité!
Mamadou DABO