François Hollande a rendu hommage lundi aux Invalides au « sacrifice » des deux soldats français tombés une semaine plus tôt en Centrafrique, soulignant que « l’honneur de la France » était de « s’engager sans la moindre hésitation » quand des « crimes contre l’Humanité » étaient commis.
Les cercueils de deux soldats recouverts du drapeau tricolore avaient été portés jusqu’au centre de la cour des Invalides par leurs camarades du 8e régiment de parachutistes d’infanterie de marine (RPIMa) de Castres, au son de la Marche funèbre de Chopin interprétée par la Garde républicaine.
Elevés au rang de caporaux et faits chevaliers de la Légion d’honneur à titre posthume par le chef de l’Etat, Nicolas Vokaer et Antoine Le Quinio étaient âgés respectivement de 23 et 22 ans quand ils ont trouvé la mort en Centrafrique.
« Antoine et Nicolas sont allés jusqu’au bout de leur devoir au service de la paix dans un pays tombé dans le chaos, meurtri par les violences et ravagé par la faim et le dénuement », a déclaré François Hollande qui avait salué auparavant les familles qu’il devait ensuite retrouver dans l’intimité.
Les deux bérets rouges, a-t-il rappelé, avaient été déployés à Bangui dès le 5 décembre, au soir même du déclenchement par la France de l’opération militaire Sangaris, visant à rétablir la sécurité en Centrafrique.
Quatre jours plus tard, « peu avant minuit », les deux jeunes soldats avaient été pris « dans des échanges de tirs au cours d’une reconnaissance dans les ruelles de la capitale centrafricaine », a rappelé le chef de l’Etat. Blessés et évacués vers l’antenne chirurgicale avancée déployée sur l’aéroport de Bangui, il s’y étaient « rejoints dans la mort, en frères d’armes », a-t-il poursuivi.
Avant cet hommage officiel, un autre hommage, officieux celui-là, leur avait été rendu comme il est désormais de tradition quand des soldats français sont tués en opération, sur le Pont Alexandre III, face aux Invalides.
« Il y avait urgence » à intervenir
Plusieurs centaines de personnes, dont de nombreux militaires et anciens combattants, se sont figées, parfois au garde-à-vous, quand le cortège funèbre a franchi le pont, à faible allure dans un silence total, précédés de motards de la Garde républicaine.
« Ils sont morts pour la France, il est normal que les familles sachent qu’elles ne sont pas seules », a souligné Henri Denys de Bonnaventure, président de Gueules Cassées, une association de blessés de guerre.
« Très concernés par la situation », un groupe de Centrafricains était venu également « soutenir les familles des deux soldats morts pour la paix ». « Ils ont perdu la vie dans un conflit qui ne les concerne même pas », constatait tristement Serge Bozanga, en brandissant un petit drapeau de la Centrafrique.
Le chef de l’Etat, qui s’était déjà recueilli mardi devant leurs dépouilles, lors d’une visite éclair dans la capitale centrafricaine, a de nouveau justifié l’intervention française; « Il y avait urgence », a-t-il fait valoir, rappelant que « plus de 600 personnes y avaient été tués en deux jours » et que « les affrontements confessionnels risquaient de dégénérer en un immense bain de sang ».
« Quand des crimes contre l’Humanité sont commis, c’est l’honneur de la France, l’honneur de ses soldats, de s’engager pour y mettre fin et ceci sans la moindre hésitation », a-t-il alors souligné.
Une nouvelle fois cependant, le président Hollande a souligné que les forces françaises n’avaient « pas vocation à rester durablement en Centrafrique ».
Les soldats français « seront progressivement relayés par la montée en puissance des forces africaines dont les effectifs vont doubler en quelques semaines pour atteindre 6.000 hommes », a-t-il poursuivi. Lorsqu’elles auront atteint « une taille et une capacités suffisantes, alors nous pourrons nous retirer », a ajouté François Hollande sans fixer de délai.
Quelque 1.600 soldats français ont été déployés en Centrafrique, officiellement en appui à la force africaine. Mais en attendant la consolidation de cette force, ils se retrouvent bien souvent en première ligne.