Au Mali, les mariages ne durent plus, et les raisons occasionnant les divorces, comme simples bonjours, demeurent diverses. Ce qui est sûr c’est qu’il urge de tout mettre en œuvre pour mieux préparer les futurs époux.
Quand on regarde le taux de divorces dans notre pays, on se rend compte que les séparations entres les conjoints se font à partir de diverses préoccupations.
Pour certains spécialistes dans le domaine conjugal, les mariages se construisent sur le mensonge, l’incompatibilité de l’éducation des deux familles et autres. Selon eux, les jeunes filles ont une petite chance, à une semaine du mariage, de recevoir quelques conseils venant de leurs familles, alors que ce temps est insuffisant pour préparer un individu à bien faire face à une situation matrimoniale qu’elle va affronter durant toute sa vie.
Si la fille à cette petite chance, du coté du garçon, on n’oublie de l’encadrer par rapport à l’accueil d’une nouvelle personne, qui vient d’une autre famille, allusion faite à la culture de l’autre. Et que lorsque l’union est faite, généralement, la vie du couple occidentale s’invite dans ces jeunes foyers au détriment de nos valeurs coutumières et ancestrales. Selon ces observateurs, avant, les mariages se faisaient dans une dynamique de patriarches, les jeunes une fois mariés, restaient dans les grandes familles pour un temps d’adaptation, comme une sorte de stage à la vie du foyer. Contrairement à aujourd’hui, où les jeunes, une fois dans les liens du mariage, quittent la grande famille, pour s’isoler. Cet isolement va provoquer ou du moins faciliter la dislocation du couple, à la moindre épreuve ou divergence de vue.
A cela s’ajoute l’avènement des réseaux sociaux sur lesquels les gens se rencontrent n’importe comment et n’importe quand. Sur cet aspect des progrès du numérique, certains mariages se sont construits sur la base virtuelle sans aucune connaissance éducative, coutumière, culturelle des deux futurs époux.
Par ailleurs, dans les tribunaux, ces raisons de divorces sont vues d’un autre angle. Ainsi, selon des hommes de droit, comme Me Kotto Traoré, le magistrat Alexandre Ouédraogo, le Coach Malick Diallo, le mariage n’est plus dans le contexte institutionnel ou le mariage allait au-delà des deux époux. A les en croire, le mariage se fait aujourd’hui dans un contexte contractuel, qui se fait souvent sur la base des intérêts matériels.
Ces hommes de droit estiment que le mariage précoce est l’une des principales raisons des divorces précoces. Selon le magistrat spécialisé des Violences basées sur le genre (VBG), Alexandre Ouédraogo, qui, sur Africable TV, dans l’émission de Robert Dissa, se référait à nos textes. « Je suis au regret de le dire, c’est notre Code des personnes de la famille qui a permis cela, quand on regarde dans les articles 281 et 282, où on permet à la femme de se marier en dessous de 16 ans, pour des motifs graves. Une fille de 15 ans, qui n’a même pas fini sa puberté peut faire quoi ? Et pourtant, celle-là doit étudier, puisque l’éducation est un droit fondamental pour l’enfant, et l’enfant reste enfant jusqu’à l’âge de 18 ans ».
Au vu de toutes ces raisons, il est important que les jeunes fassent un rétropédalage vers nos valeurs coutumières et traditionnelles, qui donnaient aux mariages des centaines d’années de vie. Ce qui pousse à se demander aujourd’hui si le mariage a perdu de sa…sacralité.
Lamine BAGAYOGO
Source : Mali Horizon