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Situation sociopolitique: Religieux et politique, liaisons dangereuses ?

Plus que jamais, le cercle des Marabouts et autres leaders religieux a de l’importance dans la balance publique. Désormais, avoir leur bénédiction est un soutien de poids dans toute démarche politique. Alors que beaucoup pensent que de telles approches seraient blasphématoires pour l’exercice politique, d’autres disent au contraire que les religieux sont des citoyens qui eux aussi ont droit de fouler le ring de la politique, quitte à souiller leur boubou.

Très particulièrement, le Mali des années 2000 a consacré l’entrée des hommes en boubou enturbannés par la grande porte. Tout le monde se souvient de la fracassante initiative de l’Imam Mahmoud Dicko en 2011 lorsqu’il voulut faire abroger le nouveau code de la famille. Pratiquement, à lui tout seul, il put remplir le stade du 26 Mars pour imposer la volonté de bon nombre de musulmans maliens. Mais en réalité, le religieux occupe une place importante dans notre société depuis toujours. Et c’est presque naturellement qu’il eut accès aux hautes sphères du pouvoir. Pour remonter à plus loin dans le temps, rappelons que le Chérif de Nioro, Bouyé Haidara Hamahoullah, jouit de privilèges commerciaux dus à son rang de saint mystique depuis les années Moussa Traoré.

Egalement, en 2013, alors que tous voulaient une moralisation de la vie politique pour une meilleure gouvernance devant préserver le Mali d’un autre péril multidimensionnel, les yeux furent tournés vers ces mêmes religieux. Eux qui doivent être des exemples pour tous de par leur connaissance du livre saint, ils eurent pignon sur rue. L’imam Mahmoud Dicko, le Chérif de Nioro ainsi que d’autres étaient très écoutés des Maliens. Et le candidat IBK concentrait à lui seul tout le soutien du cercle religieux musulman malien. Dicko et Bouyé le soutinrent, et la suite est connue. Un quasi plébiscite. Les images d’un IBK recevant les bénédictions du saint de Nioro avaient fait le tour de la presse et de la toile.

Sauf qu’entre temps, de l’eau a coulé sous les ponts. Les deux leaders religieux ne sont plus en si bon termes avec IBK. Lors de la dernière présidentielle, c’était au tour de Soumaila Cissé de recevoir les bénédictions du chérif. IBK, lui, se rendit à Tombouctou pour recevoir pareils bénédictions. Aujourd’hui, l’Imam Dicko, tout en reconnaissant le soutien qu’il apporta au candidat IBK en 2013, chose qu’il présente comme une erreur de sa part, voulait tout simplement sa démission avant de se raviser et de demander de profondes réformes politiques. L’on apprend encore que le chérif de Nioro aurait donné trois noms sur les six ministres du gouvernement restreint actuellement en œuvre afin de baliser le terrain pour un gouvernement d’union national censé mettre fin à la crise actuelle.

Ces religieux doivent-ils s’immiscer à ce point dans la gestion de l’Etat ? Certes, ils sont des citoyens, mais pas des citoyens ordinaires. Et si c’est pour la patrie qu’ils le font, ils doivent le faire autrement. Car de par leur stature, ils doivent à certains moments, se rendre discret et laisser chacun, même leurs disciples, faire sa réflexion citoyenne nécessaire afin de faire tel ou tel choix. Ils ne doivent point donner des consignes de vote, encore moins montrer à la face du monde qu’ils sont pro tel ou tel homme politique. Leur mission, c’est de sensibiliser les fidèles, comme les commandements de la religion leur demande, afin de dire ce qui est bien et ce qui ne l’est pas. Mais en investissant le terrain politique, avec leur grande aura, ils risquent fort de faire rentrer l’eau dans la pirogue. Surtout, leur mission c’est de dire la vérité aux gouvernants, sans complaisance, pour l’intérêt des gouvernés.

Peut-être ne se rendent-ils pas compte de l’impact que peut avoir une seule phrase placée de leur part. En tout cas, le suivisme aveugle aura fait beaucoup de dégâts dans ce pays. Chacun devra mener sa part de réflexion.

Ahmed M. Thiam

Source: Infosept

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