Le Mali va mal. Le pays est atteint dans tous les segments. La situation d’ensemble du pays offre l’image d’un Mali en proie à une insécurité chronique, un climat social tendu, une crise politique permanente Conséquence : une incertitude totale sur l’avenir immédiat du pays ! Où va donc le Mali ? La question est sur toutes les lèvres ! En plus d’une désastreuse situation sécuritaire qui se focalise au Centre du Pays, l’on assiste à une grogne sociale dans tout le pays. Sept mois, après sa réélection le président IBK est au Centre de la tourmente. Coupé des réalités du pays, acculé par sa population, il est pressé par l’extérieur pour aller à une révision constitutionnelle qui est loin de faire l’unanimité chez les Maliens.
Dans le nord du Mali, les attaques, embuscades et autres actions de guérilla se multiplient contre les forces présentes sur le terrain. Cependant, l’armée est la principale cible de ces actions violentes et meurtrières. L’attaque à l’obus contre le poste militaire d’Almoustrat, le jeudi dernier, est en réalité une des nombreuses manifestations de la dégradation de la situation sécuritaire dans une grande partie des régions du nord, malgré la signature de l’Accord de paix entre Bamako et les groupes armés de la CMA (Coordination des mouvements de l’Azawad).
Les massacres en masse perpétrés, le 23 mars dernier, à Ogossagou et qui ont provoqué la mort de 174 morts et de nombreux blessés, confirment l’extension de la violence au Centre du pays, (Mopti). En effet, après les régions du Nord, une bonne partie de la 5è région est infectée de groupuscules terroristes. Même les régions de Ségou, Koulikoro n’échappent à l’ire des terroristes. Almoustrat, Nampala, Ansongo, Boulkessi, Dioura, Koulikoro … le mode d’opération est presqu’identique : les auteurs des attaques agissent toujours par surprise. Ils semblent disposer également de solides réseaux de renseignements. Ce qui explique sans doute les nombreuses attaques visant les convois de l’armée. Ailleurs, malgré les revendications émanant souvent du Mouvement d’Iyad Ag Ghaly, une certaine confusion règne autour de l’identité des auteurs des actions contre l’armée et les forces onusiennes…
Plus de quatre ans après la signature de l’accord de la paix, l’Etat malien, les groupes armés et les amis du Mali, n’ont toujours pas pu asseoir la sécurité tant recherchée par les populations maliennes du Nord au Sud. Et pire, l’insécurité qui était circonscrite au Nord s’est répandue gravement au Centre du Mali à la barbe des forces maliennes, de la Minusma et de Barkhane. Que dire encore de l’absence de l’Etat malien au Centre et au Nord, comme une vraie force souveraine, investie de missions régaliennes? Cependant fautt-il se lasser de rappeler au gouvernement ses responsabilités dans la protection des personnes et de leurs biens sur l’ensemble du territoire national.
Et dire de la Minusma ? Lors du dernier renouvellement de sa mission en juin dernier, le Conseil de sécurité à travers la Résolution 2423 (2018) du 28 juin 2018, a placé « la protection des populations civiles » au cœur de sa mission : « assurer, sans préjudice de la responsabilité première des autorités maliennes, la protection des civils menacés de violences physiques… ». Le conseil de sécurité demande à la Minusma de prendre : « des mesures actives et robustes pour protéger les civils, y compris en effectuant des patrouilles énergiques et efficaces dans les zones où les civils sont en danger, et atténuer les risques auxquels sont exposés les civils avant, pendant et après toute opération militaire… ». La Minusma à travers ses casques bleus s’acquittent-elle à souhait de cette mission ? Cette question est sur toutes les lèvres !
Ça gronde partout !
Ailleurs, dans le reste du pays, la situation n’est guère meilleure. Désillusion, déception, découragement et pessimisme… tels sont les éléments constitutifs du Mali d’aujourd’hui. Le Mali va mal ! Les populations souffrent énormément !
En effet, entre un front social qui bouillonne, un immobilisme au niveau des secteurs vitaux de l’économie, une crise financière, et la pauvreté, le Mali est le centre d’un foyer social qui risque d’exploser à tout moment. Conséquence ? Des revendications et des grèves qui s’enchainent au niveau des organisations syndicales. C’est ainsi que le Mali connait avec la grève des enseignants l’une des plus longues séries de grèves de toute notre histoire démocratique. La synergie des enseignants signataires du 15 octobre 2016 a entamé une nouvelle grève de 23 jours allant du15 avril jusqu’au 23 mai 2019. Ainsi, les élèves de l’enseignement primaire et secondaire s’acheminent à grand pas vers une année blanche face à l’incapacité de l’Etat et des syndicats à trouver une solution.
Autre front ? Les agents chargés de la gestion financière, matérielle et administrative de plusieurs départements gouvernementaux comme la primature qui sont eux aussi en prise avec le gouvernement. Leur dernier mot d’ordre en cours s’élève à 19 jours de grève sur toute l’étendue du territoire à compter du 1er Avril. Selon leurs responsables syndicaux ce mot d’ordre sera suivi par d’autres actions dans les jours à venir. Rappel : la Coordination des DAF-DFM-DRH -CPS demande que les contenus du décret N° 2018-0541/P-RM du 05 juillet 2018 soient en intégralité élargis aux personnels de la DAF de la Présidence et de la Primature, des CPS, et des DFM des départements ministériels, que la prime de sujétion pour risque soit ramenée à 25 % du salaire au lieu de 10% pour le personnel des deux DAF et des DFM, que les contenus du décret N°2018-0653/P-RM du 08 août 2018 soient en intégralité élargie aux personnels des DRH sectorielles.
Les agents des collectivités territoriales expriment aussi leur mécontentement envers le gouvernement .C’est le lundi dernier, après un préavis de déposé depuis la semaine dernière, que les agents des collectivités territoriales, œuvrant essentiellement, dans les mairies, ont débuté 15 jours de grève intense sans volonté de recul. Parmi les points de discorde, il y a, entre autres : le paiement immédiat des salaires du 2e semestre 2017 et ceux de l’année 2018 en application à l’arrêté interministériel n°1482/MCT/MEF-SG du 8 mai 2018 portant prise en charge des salaires des fonctionnaires des collectivités du cadre de l’Administration générale sur le fonds national d’appui aux collectivités territoriales (FNACT.
Climat politique tendu
Le dialogue politique entamé par le Président de la République et l’ensemble des partis politiques ainsi que de la société civile est dans l’impasse. Il aura fallu les grandes tueries de Dioura et d’Ogossagou pour que le fossé s’élargisse entre le pouvoir et une partie de la classe politique. En effet, la classe politique et la société civile nationale, à l’unanimité, ont pointé un doigt accusateur sur l’actuel régime. Il n’en faut pas plus pour que le chef de l’Etat ferme la porte du dialogue à ses partenaires. Comme si cela ne suffisait pas, le président IBK décide de relancer (de nouveau) « son » fameux projet de révision de la Constitution suscitant l’incompréhension de la classe politique. Si elle s’accorde sur la nécessité d’opérer des changements à la Constitution de 92. La classe politique juge inopportune d’engager de telle réforme à un moment où le pays traverse une forte turbulence. A la place, la classe politique propose l’ouverture d’un dialogue sur la vie de la nation, ainsi que les nombreuses crises qui secouent actuellement notre pays.
Signe de la crispation politique, l’idée du dépôt d’une motion de censure contre le premier ministre, Soumeylou B Maïga et son gouvernement. En effet, le PM est dans le collimateur d’un groupe de députés composés d’élus de l’opposition et de la majorité. Ces derniers (députés de la majorité) ; députés du RPM, le parti présidentiel évoquent l’échec de la politique gouvernementale en matière de sécurité.
Quant à l’opposition, elle reproche au Premier ministre Soumeylou Boubeye Maïga et à son gouvernement d’être « incapables de résoudre les problèmes urgents de l’heure ».
La marche conjointement organisée par le chérif de Nioro et l’imam Dicko qui a drainé une marée humaine à Bamako le vendredi 5 avril 2019 confirme la rupture et le désaveu total du peuple et envers le président Ibrahim Boubacar Keita quant à la gestion actuelle du pays
Mémé Sanogo
Source: L’ Aube