La situation sécuritaire est toujours précaire au centre du Mali, au pays dogon en particulier. Les forces du mal, sans foi ni loi, continuent d’endeuiller les familles dans les 4 cercles du pays dogon : Bandiagara, Bankass, Koro et Douentza. Et la gravité de la situation a poussé l’association Ginna Dogon à sortir de son silence profond.
« Si nous vous invitons aujourd’hui, c’est que les situations, sécuritaire et humanitaire sont très graves dans le centre en général et au pays dogon en particulier », a déclaré le vice-président de l’association Ginna face aux hommes de médias. Ginna dogon dénonce, avec virulence, la liberté de mouvement accordée aux forces du mal dans la partie exondée de la région de Mopti. « Avec la liberté de mouvement accordée par complaisance ou par incapacité à des hordes de barbares qui, sous le couvert de l’islam, terrorisent les paisibles populations, nous ne serons pas surpris que surviennent d’autres Diougani, Ogossagou, sobane Da, Koun dogo… », a déclaré le vice-président de Ginna Dogon, Hamidou Ongoiba.
Selon le conférencier, l’insécurité a fait des centaines de victimes en 2021. « Comme d’autres années, 2021 est marquée par une recrudescence des attaques terroristes sur les populations civiles innocentes, avec leur cortège de morts et de blessés dont certains resteront à jamais handicapés », a-t-il regretté
L’échec des accords locaux
Nombreux étaient des Maliens qui ont applaudit les accords locaux entre les populations et les terroristes au centre du pays, au pays dogon en particulier. Mais à analyser le discours de Ginna dogon, ces accords ont échoué. « Il faut souligner que la singularité de cette année, surtout dans les cercles de Koro, Bankass et Douentza est que, ces attaques et enlèvement interviennent après que certains villages aient signé des accords qui sont de fait, des accords de reddition avec leurs agresseurs » a déclaré Hamidou Ongoiba avant de regretter que « Dans ces villages occupés de fait par ces terroristes, on leur impose les zones à cultiver et les zones à laisse en jachère ». Pour le vice-président de Ginna Dogon, les terroristes réclament aux populations sous leur domination, le paiement de 25000 par hectare cultivé, sans compter qu’à la récolte la dime sera prélevé. Pour lui, les populations du pays dogon vivent aujourd’hui dans la pire des servitudes. « Et comme il n’y a ni école, ni centre de santé, ni centre d’état civil, si cette situation perdure, pourrait-on encore parler de citoyen dans cette zone ». Pis, selon les membres de la plus grande association dogon, les villages qui ont refusé l’asservissement des terroristes sont attaqués en longueur de journée. « C’est ainsi que Mondoro dans le cercle de Douentza est sous embargo depuis 2 ans malgré la présence des FAMa. Il en est de même pour Dinangourou dans le cercle de Koro, qui est sous embargo depuis le 2 mai 2021 et qui a fait l’objet d’attaque terroriste sur des forains le 21 juin 2021 et qui a fait 06 morts et plusieurs blessés », a regretté Hamidou Ongoïba. Les conférenciers ont également rappelé l’attaque des forains de Petaka qui a fait 06 morts et 13 blessés.
Les dégâts causés par l’insécurité dans le cercle de Bankass entre 2018 et 2021
L’Association pour le Développement du cercle de Bankass (ADESEB) a dressé un tableau statistique des crimes commis dans le cercle de Bankass entre 2018 et 2021. Dans ledit tableau, il est mentionné que 476 personnes de toute ethnie confondue ont été tuées entre 2018 et 2021. Les blessés sont au nombre de 202 tandis que 13 personnes ont été enlevées. Toujours selon ce tableau, 2961 personnes ont été contraintes de quitter leur localité alors que 139 villages et hameaux sont victimes de l’insécurité. Les villages et hameaux déplacés sont au nombre de 60. 301 habitations ont été brulées ; 4937 greniers aussi. Durant ces trois dernières années, 9228 animaux ont été enlevés. Les matériels agricoles et autres engins brulés sont au nombre de 141. 73 écoles ont été fermées et 21900 enfants ont été déscolarisés seulement dans le cercle de Bankass.
La situation humanitaire inquiétante au pays dogon
A cause de l’insécurité, plusieurs villages n’ont pas pu cultiver dans les trois dernières années. D’autres ne pourront pas le faire cette année encore. Donc, la menace de la famine est grande selon Ginna dogon. « Aux vues de ce qui se passe, il est à prévoir que cette année encore, la plupart des populations du pays dogon ne pourront pas s’adonner à leurs activités traditionnelles : agriculture, élevage et pêche. Les réserves étant épuisées ; il faudrait s’attendre à une catastrophe humanitaire sans précédent », a regretté Hamidou Ongoïba qui a laissé entendre que depuis quatre hivernages, les activités agricoles sont réduites au strict minimum à cause des attaques de villages et hameaux avec leurs conséquences multiples. « La malnutrition menace la survie des populations et surtout celles des plus fragiles : enfants, femmes et personnes âgées, si des des dispositions ne sont pas prises par les autorités nationales et ses partenaires internationaux », a alerté Ginna Dogon avant de préciser que le besoin humanitaire est beaucoup grand.
Les autorités interpellées
Face à la situation sécuritaire et humanitaire inquiétante au pays dogon, Ginna Dogon invite les autorités de la transition à s’assumer. « Nous demandons au gouvernement de s’assumer pour assurer notre sécurité », a plaidé le vice-président de L’Association malienne pour la protection et la promotion de la culture dogon (Ginna Dogon), Hamidou Ongoiba. Ce n’est pas tout, Ginna Dogon a demandé au Premier ministre Choguel Kokalla Maïga à « intégrer dans son Plan d’Action gouvernemental (PAG) un genre de plan Marshall pour le pour le relèvement du centre du Mali en général, et du pays dogon en particulier ».
Boureima Guindo
Source: Journal le Pays– Mali