Selon un rapport de Human Rights Watch publié le 10 février 2020, au moins 400 civils ont été tués en 2019 dans des attaques survenues au centre et au nord du pays. Aussi, plus de 85 000 personnes ont été forcées à fuir leurs domiciles, à causes desdites violences et des menaces terroristes.
De ce document, il ressort que la situation des droits humains au Mali s’est dégradée en 2019, à cause des tueries et plusieurs déplacements causés par des groupes d’autodéfense ethniques, dans la plupart des cas en raison de leur prétendu soutien aux groupes islamistes, et lors d’attaques lancées par les islamistes dans les régions du nord et du centre du pays.
« En 2019, au moins 400 civils ont été tués lors d’incidents de violence communautaire dans le centre et le nord du Mali. Cette violence a vu s’opposer des groupes d’auto-défense répondant à des critiques ethniques similaires à des communautés ethniques principalement peules ou fulani accusées de soutenir les groupes armés islamistes », peut-on lire dans le rapport.
Le document précise aussi : « En 2019, plus de 85 000 civils ont fui leurs domiciles à cause de la violence. Des agences humanitaires ont été attaquées, dans la plupart des cas par des bandits, ce qui a nui à leur capacité à apporter une aide. Le banditisme généralisé a continué de mettre à mal les moyens de subsistance, et les mouvements de contestation contre le gouvernement au sujet de la corruption se sont poursuivis.»
S’agissant du centre du pays, le rapport souligne que les attaques les plus meurtrières ont été commises par des miliciens dogons, y compris la pire des atrocités jamais commise dans l’histoire récente du Mali, lorsqu’au moins 150 civils ont été massacrés le 23 mars 2019 dans le village d’Ogossagou ; une attaque le 1er janvier contre le village de Koulogon qui a conduit à la mort de trente-sept civils ; et des attaques en juin de la même année dans les villages de Bologo et de Saran qui ont fait plus de vingt morts. « Après le massacre d’Ogossagou, le gouvernement s’est engagé à désarmer et dissoudre la milice impliquée, mais il n’a pas tenu cet engagement. Des miliciens peuls ont été impliqués dans le massacre de 35 civils dogons le 9 juin dans le village de Sobane-da. Des dizaines de fermiers, d’éleveurs et de commerçants ont été tués par différentes milices ethniques lors de meurtres de représailles alors qu’ils s’occupaient de leurs champs ou de leurs bêtes ou qu’ils se rendaient au marché, provoquant des déplacements généralisés et une crise alimentaire», ajoute le document.
Des exactions commises par des groupes armés islamistes
Selon le document, les attaques lancées par des islamistes armés alliés à Al-Qaïda, et dans une moindre mesure l’État islamique au Sahel affilié, ont tué plus de 150 civils, ainsi que des dizaines de membres des forces gouvernementales et au moins seize agents de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA), dont l’attaque du 20 janvier lancée contre la base de l’ONU à Aguelhok qui a fait onze morts parmi les Casques bleus tchadiens.
« Des islamistes armés ont massacré de nombreux civils, y compris dans la région de Ménaka, et au moins trente-huut dans les villages de Yoro et de Gangafani II près de la frontière avec le Burkina Faso. Dans plusieurs cas, ils ont expulsé des hommes des véhicules de transport public au bord desquels ils se trouvaient et les ont tués, notamment autour des villes de Sévaré et de Bandiagara. Plus d’une cinquantaine de civils ont été tués par des engins explosifs improvisés plantés sur les routes, notamment dans le centre du Mali. Le 3 septembre, une explosion a tué quatorze passagers d’un autobus près de Dallah, et en juin, une attaque près de Yoro a fait onze morts. Des islamistes armés ont planté des explosifs sur le corps de membres des forces de sécurité ainsi que sur la dépouille d’un civil, en février, qui a explosé lors de ses funérailles, faisant dix-sept morts »,peut-on lire dans le rapport.
Ousmane BALLO
Source : Ziré