Pendant que nos soldats meurent par dizaines et que d’innocents compatriotes civils sont tués sans raison par des individus armés, on fête sans retenue à Bamako comme si la mort de ces dignes fils du pays qui ont donnent leur vie pour la patrie ne vaut rien !!! Honte à ceux et celles qui dansent ou fêtent quand la patrie brûle ! Honte à ceux et celles qui opposent les communautés !
Le 23 juillet 2018, Dr Hamed Sow, ancien ministre des Mines, de l’Energie et de l’Eau, Président du Rassemblement des Travailleurs pour le Développement (RTD), faisait état de ses inquiétudes face à la situation du Mali. C’était au Grand Hôtel de Bamako au cours d’une conférence de presse tenue à la veille de l’élection du président de la République de 2018. L’ancien ministre estimait que le risque d’une «somalisation» du Mali est là en cas de réélection du Président de la République, Ibrahim Boubacar Kéïta.
Les craintes de «somalisation» du Mali ainsi formulées par Hamed Sow en 2018 sont aujourd’hui palpables. Le pays descend de plus en plus dans l’abime et ne finit pas de compter ses morts. Des groupes armés constitués sur des bases purement communautaires dans un pays où les populations vivent en parfaite harmonie depuis des siècles dictent leurs lois et rançonnent les populations. Des forces obscurantistes brûlent les écoles, prennent en otage des enseignants afin de les obliger à abandonner leurs postes.
Des soldats meurent par dizaines. Des civils sont tués par des individus armés. Pendant ce temps, à Bamako, on fête sans retenue comme si la mort de ces dignes fils du pays, les meilleurs d’entre nous qui ont accepté de donner leur vie pour la patrie, ne vaut rien. Que de concerts ! Que de cortèges de mariage ! Que de Sumu ! Que faut-il faire à Bamako pour que les gens prennent conscience de la gravité de la situation ? L’heure n’est point aux fêtes et réjouissances dans ce pays qui ne cesse de compter ses morts.
Des choses inimaginables se passent sur le territoire national dans l’indifférence totale de certains habitants de la capitale qui continuent à fêter comme si rien n’était. Il y a quelques années, personne ne pouvait croire qu’un Malien pouvait en égorger un autre, filmer cette scène et la diffuser sur la toile mondiale avec fierté, comme un trophée de guerre. Comment peut-on éventrer son semblable et dépecer ses organes ? Pur cannibalisme ! Des images insoutenables qui circulent sur les réseaux sociaux. Des actes barbares et inhumains.
La haine est en train de prospérer dans notre pays. Or quand elle pénètre les cœurs et les esprits, elle se solde par des crimes les plus abominables. L’histoire récente de certains pays en est une parfaite illustration. Certains tiennent aujourd’hui des discours de haine sans en mesurer toute la portée et toutes les conséquences. Récemment, le Vice-président de la Commission nationale des Droits de l’homme (CNDH) du Rwanda rappelait à notre frère Aguibou Bouaré, président de la CNDH, « de conseiller à ses compatriotes de ne jamais BANALISER les discours de HAINE ».
Le Mali a déjà les pieds dans l’horreur. Ce qui est arrivé aux autres nous arrive aujourd’hui. Est-ce par notre division ? Notre indifférence ? Notre égoïsme ? Notre lâcheté ? Notre manque de courage ou nos mensonges ?
Honte à ceux et celles qui dansent ou fêtent quand la patrie brûle ! Honte à ceux et celles qui opposent les communautés !
Chiaka Doumbia
Source: Le Challenger