C’était en présence des membres du corps diplomatique, de la société civile malienne, les organismes internationaux, les leaders religieux, la responsables de la Plateforme et la CMA, les chefs d’institutions ainsi que des députés et autres acteurs invités.
A l’entame de ses propos, le Pr Dioncounda Traoré a rappelé le caractère à la fois multidimensionnel et important des missions à lui confiées par le président de la République, Ibrahim Boubacar Keita.
Selon le Haut Représentant du président IBK, le retour de la paix au Centre passe par le désarmement de toutes les milices et forces hostiles à travers l’élaboration et la mise en œuvre d’une stratégie globale axée sur la protection des civils menacés par des violences physiques et la réduction des violences inter-communautaire. Aussi, insiste-t-il, il urge d’assurer le suivi du sort réservé aux crimes perpétrés à Koulongo, Ogossagou et Sobane Da ainsi que d’autres crimes semblables commis au Centre du pays.
Par ailleurs, il a expliqué son approche qui consiste à comprendre d’abord le problème avant d’agir.
«Un médecin qui pose un mauvais diagnostic et qui procède à l’ablation d’un gros orteil pour un malade qui a une pneumonie n’a aucune chance de le guérir », schématise-t-il.
Et de révéler : « Nous avons invité, reçu et écouté à ce jour près de 500 personnes: maliens, étrangers, intellectuels, cadres religieux, politiques, ressortissants ou non des zones concernées, organisations, associations, groupes civils ou armés, partenaires africains et internationaux, Nations Unies, Union Européenne, des structures africaines et internationales spécialisées dans l ‘étude des crises de toute sorte tels que l’ISS, de simples citoyens des zones considérées, etc. ».
De son point de vue,les premières causes de cette crise sont entre autres l’abandon des valeurs sociétales par les générations actuelles, la mauvaise gouvernance, la défaillance de l’Etat, dont certains représentants étaient devenus de véritables prédateurs.
La création des milices d’autodéfense, explique-t-il, répond aux besoins de régler les vieux comptes mais aussi des vengeances pour les vieilles rancunes accumulées. Ce qui a favorisé le terrorisme religieux : « Ces djihadistes ont donc rapidement crée ou réorganisé et restructuré leurs troupes sous la bannière du GSIM de Iyad Ag Ghaly dont est membre Hamadoun Kouffa, chef de la katiba Macina ».
Selon le conférencier, ces ennemis de la paix, dotés de la capacité de prendre la couleur locale utilisent savamment les ethnies l’une contre l’autre. Ce qui a contribué à renforcer l’apparence ethnique des conflits au centre : « Les ressortissants de ces ethnies sont utilisés pour des missions ciblées : attaque d’un village dogon, on utilise des peuls. Conclusion ces dogons pensent avoir été massacrés par les peulhs. Attaque d’un village peulh, on utilise les dogons. Conclusion, les peuls pensent avoir été massacrés par les dogons »
Pour le Pr Dioncouda Traoré, outre les conclusions du DNI, il est important d’identifier les vrais acteurs afin d’initier un dialogue permanent, franc et sincère entre les acteurs concernés,auxquels il faudra faire comprendre la nature véritable des problèmes qu’ils connaissent.
Aussi, il préconise la présence des Forces armées et de sécurité du Mali pour offrir aux communautés concernées une alternative sécuritaire et socio-économique crédible.
Concernant la lutte conte le djihadisme, le Haut Représentant du Président de la République pour le Centre, non moins ancien Président par intérim, sollicite un engagement patriotique de tous les Maliens et de tous les pays amis du Mali :
«Ce que nous vous demandons c’est d’être nos porte-paroles auprès de vos pays respectifs. Nous vous demandons d’expliquer, d’expliquer encore et d’expliquer toujours à ces pays et à ces peuples amis que la guerre dont nos pays sont hélas le théâtre des opérations aujourd’hui est en réalité celle de l’humanité toute entière. Car il s’agit d’une lutte sans merci entre d’une part ceux qui n’ont aucun respect pour la vie et la dignité humaine, qui égorgent, qui mutilent, qui violent et ne laissent dans leur sillage que misère et désolation au nom d’une religion dont ils ignorent l’essence et d’un Dieu qu’ils trahissent dans chacun de leurs actes ; et d’autres part, ceux qui croient en Dieu créateur du monde qui est la miséricorde, la clémence et le pardon », a-t-il conclu.
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Andiè Adama DARA
Source: Bamakonews