Au centre du Mali, plus précisément dans la région de Bandiagara, l’insécurité ne recule pas. Entre le 22 janvier et le 02 février 2024, une série de massacres a été perpétrée dans la région, soit près de quarante personnes tuées. Des massacres qui sont passés dans le plus grand silence des autorités administratives nationales et mêmes locales.
Le 30 janvier dernier, une présence passive des forces obscurantistes a été signalée dans le secteur de Peledourou dans le cercle de Koro. Cela après le massacre perpétré dans les villages d’Ogata et d’Oimbè dans la région de Bandiagara. Une incursion qui a fait plus de vingt-trois morts, selon des sources locales.
En effet, une attaque terroriste perpétrée le 27 janvier 2024 dans la commune de Ségué, toujours dans la région de Bandiagara, a coûté la vie à dix-huit personnes dans le village de Ogata. Trois jours après, les terroristes sont revenus pour raser le reste du village et emporter ce qu’ils pouvaient avec eux. Toutes les maisons ont été incendiées par les groupes armés terroristes », témoigne un ressortissant de la zone sous anonymat.
Le village d’Oimbè a subi presque le même sort. Selon les mêmes sources, dans cette localité, les terroristes ont surgi, puis tiré, à bout portant, sur des populations sans défense, faisant cinq morts et plusieurs blessés. Là aussi, des bétails et des objets précieux ont été emportés par les assaillants.
Juste avant les attaques d’Ogata et d’Oimbè, nous avons appris de sources crédibles que les villages de Anakanda et de Tegrou avaient été ravagés par les terroristes le 22 janvier 2024, faisant aussi cinq morts et des dizaines de blessés. Une semaine avant cette attaque, ajoutent les mêmes sources, l’incursion d’un groupe terroriste sur plus de vingt motos a été signalée dans le secteur de Toroli, cercle de Koro.
Ces multiples attaques démontrent, une fois de plus, que les groupes armés terroristes sont certes dispersés dans la nature, mais sont là et continuent d’opérer pour le grand malheur des populations. C’est une situation qui interpelle toujours les autorités de la transition.
Récemment dans une vidéo devenue virale sur les réseaux sociaux, le chef d’état-major de Dana Amabassagou, Youssouf Toloba, a piteusement interpellé les autorités face à la gravité de la situation. « Je me demande si les autorités sont réellement au courant de ce qui se passe au centre du Mali, ou alors si elles ont décidé de ne rien voir, entendre et comprendre. Vingt-trois personnes ont péri dans une seule attaque. Mais, aucune disposition n’a été prise. Le pire est qu’on a décidé de ne rien dire comme si ce ne sont pas des êtres humains qui sont en train de mourir », a-t-il déclaré.
Dans la même vidéo, Toloba a demandé au colonel Assimi Goïta, chef de l’État, de veiller personnellement sur le déroulement des opérations militaires sur le terrain, car, selon lui, ‘’beaucoup sur le terrain ne sont pas investis pour la bonne cause’’.
Arrêt de trafic sur l’axe Bandiagara-Bankass-Koro
En plus des attaques, l’axe Bandiagara-Bankass-Koro est complètement impraticable pour les véhicules de transport après la destruction du pont de Parou en mi-décembre 2023 par des groupes armés terroristes. Depuis, les usagers, quittant la zone de Koro et Bankass, sont obligés d’emprunter la dangereuse voie appelée route-serpentée qui mène vers Somadougou. Cette rupture rend aujourd’hui quasiment impossible le déplacement des personnes et leurs biens par voie de transport commun ou de camion routiers pour l’approvisionnement des populations en produits de première nécessité.
Par peur de représailles, l’axe Parou et Songobia, selon des sources locales, qui constitue un corridor économique pour plusieurs localités du centre du pays, a été finalement abandonné par les usagers au profit des terroristes. « Rien qu’entre novembre et décembre 2023, trois cars ont été détournés avec leurs passagers par des terroristes dont deux restent toujours introuvables », nous a confié une source locale.
Au regard de la situation actuelle qui prévaut au centre du Mali, l’association Ginna Dogon, ainsi que des associations des jeunes du pays Dogon se battent jour et nuit auprès des autorités de la transition afin de trouver des solutions permettant d’atténuer les souffrances des populations. C’est dans ce cadre qu’elles ont été reçues le 5 janvier 2024 par le ministre de la Défense et des Anciens combattants, Col. Sadio Camara. Au cours des échanges, il a été question de la réhabilitation rapide du pont Parou et de la sécurisation des populations et leurs biens.
Aujourd’hui, la réalité du terrain est que dans la majeure partie des localités du centre du Mali, les populations sont toujours dans la psychose et continuent de s’interroger sur le silence des autorités face à la recrudescence de l’insécurité par endroits.
Amadou Kodio
Source : Ziré