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Situation politique du Mali : Le M5-RFP sur pied de guerre

Puisse Dieu faire que nul ne regrette son passé“, souhaitait ainsi le vieux sage. Malheureusement, la situation politique du Mali aujourd’hui démontre carrément le contraire. Si au lendemain du renversement du régime d’Ibrahim Boubacar Keïta (IBK), le 18 août 2020, l’espoir était né pour un nouveau départ pour le pays sur de nouvelles bases conformément aux aspirations profondes du peuple, tout porte à penser aujourd’hui que cet espoir n’est plus qu’un souvenir. Le climat entre les deux (02) acteurs principaux qui furent à la base de la chute du régime, à savoir le Mouvement du 5 juin-Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP) et la junte militaire réunie au sein du Comité national du salut du peuple (CNSP), se trouve aujourd’hui totalement insupportable. Est- ce déjà la rupture ? Même si l’on prend soin d’éviter soigneusement de parler de ce mot “rupture“, la façon dont évolue la situation ne nous condamnerait nullement à penser ainsi.

 

Depuis un certain temps, nous assistons à une véritable offensive du Mouvement du 5 juin, à travers meetings, assemblées générales, pour dénoncer les dérives de la transition et de véhiculer sa vision du changement tel que souhaité par le peuple malien. C’est en droite ligne de cette contestation qu’il a tenu un point de presse au siège de “Bittar Trans“, ce vendredi 9 décembre 2021.

L’objectif principal de ce point de presse, selon ses responsables, était d’informer et sensibiliser l’ensemble du peuple malien de l’intérieur comme de la diaspora, sur la détérioration de la situation globale dans notre pays qui selon eux nécessite une rectification du processus de transition afin de créer les conditions d’une refondation totale du Mali dans le cadre des Assises nationales de Refondation.

À l’issue de cette conférence de presse, une déclaration liminaire a été rendue publique. Dans cette déclaration, le Mouvement du 5 juin-Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP) dresse un tableau sombre de la situation actuelle du pays et le manque d’initiatives des autorités à apporter ne serait ce qu’un début de solution à cette situation avant de dénoncer l’ingérence extérieure dans les affaires internes de notre pays.

Selon le président Choguel Kokala Maïga, il n’appartient à aucun autre pays de venir apprécier notre transition, c’est à nous Maliens de le faire et selon lui, les Maliens dans leur grande majorité crachent cette transition.

Pour le Mouvement du 5 juin, une rectification de la transition s’impose, cela à partir des constats qu’il a résumé en dix (10) points tel que mentionné dans sa déclaration.

Selon le Mouvement du 5 juin, en plus de l’injustice et des violations des droits les plus élémentaires dont fait l’objet les citoyens, en plus de la baisse du pouvoir d’achat avec son corolaire de paupérisation croissante , s’ajoute  une situation politique, sécuritaire et sociale des plus préoccupantes mais surtout une gestion chaotique et irresponsable caractérisée par

  1. L’option des colonels du Comité national du salut du peuple (CNSP) de troquer leur uniforme contre les boubous civils pour se barricader dans les bureaux climatisés de Bamako et s’immiscer allègrement dans des combines et intrigues politico-financières, alors que des officiers d’autres nationalités viennent nous porter main forte sur les théâtres des opérations et que l’insécurité s’étend de façon accélérée à l’ensemble du territoire national.
  2. Les autorités de la transition font preuve d’amateurisme politico-diplomatique criard ainsi qu’en témoigne leur silence assourdissant sur les cas de bavures meurtrières avérées ayant coûté la vie à au moins une trentaine de civils à Bounti, tel que ressorti dans les premiers témoignages puis dans un rapport officiel des Nations unies et sur certaines immixtions inacceptables dans les affaires inter- maliens ou intérieures maliennes.
  3. Le choix clairement assumé des autorités de la transition, dans leur entreprise de séduction de certains parrains internationaux de mouvements séparatistes, d’aller sans discernement vers l’application rapide et intégrale de l’accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger au prix de la parution programmée du Mali et d’une trahison nationale dont ils auront à rendre compte.
  4. Le refus d’approfondir les enquêtes et poursuites judiciaires contre les commanditaires, auteurs et complices des tueries et exactions contre les victimes de la crise .Le M5-RFP, sur ce point, n’observe malheureusement que des déclarations dans suite.
  5. Le constat accablant et désolant de la poursuite de la gabegie au sommet de État pour le seul confort des autorités de la transition et leurs protégés et complices.il est symptomatique à cet égard de constater que les plus hautes autorités de l’État persistent dans leur refus de déclarer leurs biens conformément à la loi.
  6. Jamais la corruption et le népotisme n’ont atteint le niveau actuel au Mali. Tout se vend et s’obtient avec l’argent- roi auprès de parents, d’amis et protégés rapidement promus au sein de l’appareil de l’État. Un simple décryptage du gouvernement, du Conseil national de transition, des nominations dans la haute administration et des marchés publics «octroyés», révèle des pratiques mafieuses de mise en coupe réglée du Mali. Accaparer le plus possible le plus rapidement possible devient la norme. D’ailleurs, c’est in extremis que le Mali à la suite d’une évaluation menée par les pairs des cellules financiers de renseignements de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) a échappé au qualificatif infamant d’État-voyou.
  7. L’obstination à vouloir organiser la cession du pouvoir à un ami qui dicte in fine, le refus de mettre en place un organe unique indépendant de gestion des élections et d’instaurer une transition inclusive et transparente notamment sur le calendrier des élections.
  8. La défiance, le mépris affiché à l’égard de la classe politique et son exclusion de la conduite de la transition malgré les artifices comme le Comité d’orientation stratégique (COS) qui tente d’en faire des alibis ou des faire-valoir pour mieux abuser la Communauté internationale.
  9. La marche solitaire du gouvernement sur des sujets requérant par essence un consensus et une mobilisation nationale comme la Révision Constitutionnelle, les réformes politiques, administratives et territoriales dans lesquelles le M5-RFP ne se reconnaît nullement.
  10. L’illégalité et l’illégitimité du Conseil national de transition (CNT) que le Mouvement du 5 juin-Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP) a déféré à la censure de la Cour Suprême dont la décision est attendue avec sérénité et optimisme.

Face à cette situation délétère voire chaotique, le M5-RFP, aux dits de ses responsable, se voit investi d’un devoir moral et politique de conduire la lutte jusqu’à l’aboutissement de son juste et noble combat et exhorte le peuple malien à maintenir et à renforcer la mobilisation et la détermination sur l’ensemble du territoire national et dans la diaspora, jusqu’à l’aboutissement de son juste combat patriotique pour la refondation et la restauration d’un Mali démocratique, républicain et laïc doté d’une gouvernance responsable et vertueux.

La question que l’on peut se poser ici est de savoir si cet appel sera entendu au vue de la situation actuelle marquée par le mépris général du peuple envers les politiques.

Daouda DOUMBIA

Source : L’Inter De Bamako

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