Depuis le jeudi 30 octobre 2014, la température est montée au Burkina Faso, 48 heures avant que le désormais ancien président du Faso n’envoie sa famille à Korogho. Lui-même, selon nos sources, avait quitté Ouagadougou peu après le début des violences. C’est dire que la case du médiateur et professionnel en médiation a brûlé sur sous ses yeux.
Dans le feu de l’action, Blaise Compaoré a demandé des pourparlers, des rencontres avec la classe politique et la société civile. Sans succès. Il n’aura pas réussi à rassembler ces composantes du peuple burkinabè. Malgré ses talents supposés de médiateur aguerri.
Pour mémoire, c’est Blaise qui a assuré la médiation dans la crise malienne au nom de la Cédéao. Jusqu’à l’élection d’un président de la République, en l’occurrence Ibrahim Boubacar Keïta. Lequel ne lui a jamais fait confiance. Certes, IBK lui a rendu visite pour le remercier de ses efforts, mais il ne ratait en revanche aucune occasion pour manifester sa méfiance vis-à-vis du désormais ex-président du Faso.
C’est ainsi qu’en janvier 2014, lors d’une visite en Algérie, IBK demanda à son homologue algérien d’être le nouveau médiateur dans la crise malienne. Cela, afin de faire asseoir tous les fils du Mali autour d’une même table. Bien avant cette visite du 18 au 20 janvier 2014 à Alger, les Algériens avaient organisé des réunions exploratoires avec les groupes armés. Seul le Mnla s’y refusait, avant de finir par rejoindre les autres.
En vérité, beaucoup de Maliens n’étaient pas d’accord avec la position du président Ibrahim Boubacar Keïta. Au point que certains disaient que l’Algérie n’avait rien fait pour le Mali pendant la crise, et ne comprenaient point la position d’IBK qui tournait ainsi dos au Burkina Faso : ce pays qui avait tant fait pour le Mali. Le temps vient de lui donner raison. Car ce médiateur était aussi celui qui accueillait, hébergeait et nourrissait l’une des parties en conflit. Ce médiateur parlait souvent au nom d’une seule partie.
On ne comprend toujours pas pourquoi Blaise Compaoré laissait toute liberté au Mnla et à ses hommes armés de vadrouiller sur le territoire burkinabè. C’est ce même Blaise qui avait envoyé un hélico pour tirer d’affaire les leaders du Mnla, alors blessés, dont Billal Ag Chérif, lors du combat entre le Mujao et le Mnla. N’est-ce pas lui qui venait libérer des otages sur le sol malien sans en aviser les Maliens ? Ce médiateur n’était pas neutre : il était juge et partie.
Dans une récente intervention sur une radio de la place, Seydou Badian avait déclaré qu’il n’a jamais été d’accord avec la médiation du Burkina Faso dans la crise malienne. Car, pour lui, «Blaise n’a jamais aimé le Mali et voulait toujours se venger du Mali». Cet avis du Soudanais est partagé par beaucoup de Maliens. Est-ce pour cela qu’IBK, en homme averti, s’est toujours battu, même lors des sommets de la Cédéao, pour lui retirer le statut de médiateur de la Cédéao dans la crise malienne ?
Aujourd’hui, avec la situation au Burkina Faso, que serait-il advenu des pourparlers entre le Mali et les groupes armés du Nord, si Balise Compaoré en était le médiateur ? Il y aurait sans doute eu un blocage dans la mesure où les pourparlers sont sur la voie d’aboutir à un accord définitif.
Il ne s’agit point pour nous de postuler un quelconque problème entre les peuples burkinabè et malien. La preuve, au plus fort de la crise malienne, les autorités maliennes ont choisi le Burkina Faso pour abriter le match de football entre les Aigles du Mali et l’Algérie.
En tout cas, pour une fois, le président Ibrahim Boubacar Keïta a vu juste en refusant la médiation du désormais président du Burkina Faso, Blaise Compaoré, actuel réfugié politique en Côte d’Ivoire.
Kassim TRAORE
Source: Le Reporter