A travers une conférence de presse qu’il a tenu hier, jeudi 13 juin 2019, à la maison de presse, le Front pour la sauvegarde de la démocratie (FSD) a non seulement rejeté la prorogation du mandat des députés jusqu’au 2 mai 2020, mais a aussi annoncé son opposition au projet de révision de la constitution de 1992. Aussi, s’est-il prononcé sur l’insécurité grandissant au Mali et l’accord politique de gouvernance. C’était sous l’égide de son président, l’honorable Soumaila Cissé.
Le Front pour la Sauvegarde de la démocratie de Soumaila Cissé rompt le silence dans lequel il était, depuis la mise en place de l’actuel gouvernement. Il a donné sa position claire sur tous les sujets d’actualité du pays : l’Accord politique de gouvernance ; la prorogation du mandat des Députés ; la Révision de la Constitution du 25 février 1992 ; le Dialogue national inclusif.
Le FSD invite le gouvernement à sortir « des incantations » pour faire de la sécurité des Maliens et leurs biens sa priorité
Habillé en costume noir, avec l’air inquiet pour l’avenir de ce pays, le Chef de file de l’opposition démocratique et républicaine du Mali, l’honorable Soumaila Cissé, a déploré l’attaque barbare contre le village de Sobane Da, faisant des dizaines de victimes. Pour le président de l’URD, les populations du centre du Mali sont victimes d’un conflit qui leur est imposé. « Depuis notre dernière rencontre, l’actualité s’est accélérée avec les recompositions politiques qui ont abouti à la formation du gouvernement actuel et surtout, la reprise, avec une accélération incroyable, des actes de violence qui endeuillent les populations, semant le désespoir »,déplore-t-il d’un ton inhabituel. Et d’ajouter : « Oui, désespoir des populations innocentes qui se trouvent victimes d’un conflit qui leur est totalement étranger ».
Sans langue de bois, le président du FSD affirme que la détérioration de la sécurité dans le centre du pays a atteint des seuils jamais vus au Mali. Pour lui, le mal a atteint un seuil intolérable qui menace la survie voire l’existence même du pays de Soundjata Keita, Da Monzon Diarra,… « La vie est devenue presque impossible dans les trois quarts de notre pays. Malgré tous les efforts de nos Forces armées et de leurs partenaires, l’insécurité s’amplifie au point où la sécurité des personnes et de leurs biens est devenue la priorité des priorités », déclare Soumaila Cissé d’une voix basse devant ses militants déçus de l’incapacité du gouvernement à garantir la sécurité de la population. Le député élu à Niafunké estime que face à cette insécurité grandissante, le gouvernement doit faire de la sécurité des personnes et de leurs biens sa priorité.
L’Accord politique de gouvernance, les raisons pour lesquelles le FSD n’a pas signé
La signature de cet accord politique de gouvernance par certains membres du Front pour la sauvegarde de la démocratie a créé des confusions. Soumaila Cissé lève toute équivoque en se prononçant sur la question. A ses dires, le FSD, en tant qu’entité, n’a pas signé le document. Ceux qui ont signé (Tiebilé Dramé, Oumar Hamadan Dicko, Djibril Tall), l’ont fait au nom de leur parti politique.
Parlant des raisons de leur refus de signer l’Accord, le Chef de file de l’opposition a été, on ne peut plus claire. Il affirme que le document que son front a proposé a été vidé de sa substance dans une partie importante de la feuille de route. Aussi, précise-t-il, le nouveau texte proposé par le chef gouvernement comporte, dans son préambule, des affirmations inexactes. A en croire Soumaila Cissé et ses militants, ils ont refusé de signer l’Accord parce qu’au lieu de prendre comme priorité la sécurité des personnes et leurs biens et le dialogue national inclusif, le Chef de l’Etat met au-devant, la révision constitutionnelle. « Au total, ce texte se ramenait substantiellement à la révision constitutionnelle et à la prorogation du mandat des députés qui en étaient les préalables alors que le FSD souhaitait une approche plus globale et plus ambitieuse pour le Mali », explique-t-il.
Présent au présidium, l’ancien ministre Choguel Kokalla Maiga ne fait pas cadeau au régime en place. Il estime que l’accord politique de gouvernance qui a été signé, est « escroquerie » car dévié de son sens initial.
Le FSD rejette la prorogation du mandat des députés
La question de la prorogation du mandat est enfin tranchée au niveau du FSD ; il s’y oppose. Ce rejet, selon le Chef de file de l’opposition, s’explique par plusieurs raisons .D’abord, le gouvernement viole ses propres viole ses engagements pris dans l’Accord politique de gouvernance, l’article 2, alinéa 5, où il est indiqué : « L’organisation de consultations référendaires, des élections législatives, locales et régionales dans les délais convenus lors du dialogue politique inclusif ». Une deuxième raison de son refus d’adhérer au projet est, selon le conférencier, la violation flagrante de la Constitution malienne de 1992. Ce que déplore le FSD, si pour la première prorogation du mandat des députés, le gouvernement a demandé l’avis de la Cour constitutionnelle, cette fois-ci, il ne l’a pas fait. « Cette fois-ci donc, l’habillage juridique manque », déclare Me Mountaga Tall, membre du FSD.
Le FSD niet à la « violation » de l’article 118 de la constitution malienne
Dans son discours, Soumaila Cissé a, au nom de son front, dit non à la révision constitutionnelle en vue. La principale cause de son refus est la violation de l’article 118 de la constitution malienne qui stipule en son alinéa 3 : « Aucune procédure de révision ne peut être engagée ou poursuivie lorsqu’il est porté atteinte à l’intégrité du territoire ». Pour le FSD, avant le referendum sur la révision de la Constitution, l’Etat doit d’abord assurer l’intégrité du territoire en libérant Kidal et en le faisant revenir dans le giron national.
Le FSD favorable à un vrai dialogue national inclusif
Selon le chef de file de l’opposition, le gouvernement a violé, plusieurs fois, les lois, parmi lesquelles : l’initiative « illégale » de la Commission Lois de l’Assemblée nationale qui a organisé des écoutes en usurpant les prérogatives d’une éventuelle commission spéciale qui, aux termes du règlement intérieur du parlement est présidée par un député de l’opposition ; la désignation unilatérale par le président de la République, des personnalités chargées de conduire le processus du dialogue politique inclusif et du président du Comité d’organisation, au mépris de toutes les mesures inclusives, et de l’esprit des discussions avec le Chef de file de l’opposition politique. Or, précise Soumaila Cissé, le dialogue national inclusif est le vrai. « La plus urgente mesure de sortie de crise était la tenue indispensable d’un dialogue politique national inclusif, pour permettre à tous les Maliens de se parler afin de sauvegarder l’essentiel, aujourd’hui, dangereusement menacé par une crise multidimensionnelle sans précédent », a-t-il laissé entendre.
Avant de terminer, le Front pour la sauvegarde de la démocratie réaffirme sa disponibilité pour le dialogue national inclusif, qu’il n’a cessé de réclamer. « Nous réitérons cette exigence d’un dialogue national inclusif »,a-t-il insisté.
Boureima Guindo
Source: lepays