Dans le cadre de la 10ème édition du forum annuel des enfants du Mali « Oxyjeunes », tenu à Ségou du 07 au 12 août derniers, les participants sont partis à la rencontre des chefs religieux et traditionnels afin d’échanger avec eux sur leur vision pour une sortie définitive et durable de la crise qui sévit dans notre pays depuis 2012.
Cette rencontre vise à créer un espace d’échange entre les enfants et les leaders communautaires dans le cadre du débat intergénérationnel afin de susciter la réflexion et proposer des solutions pour la culture et la consolidation de la paix. D’entrée de jeu, les enfants ont interpellés leurs interlocuteurs sur la façon dont les conflits étaient gérés dans le temps anciens. Ainsi, on retiendra de Ba Seydou Tall, chef religieux à Ségou que dans le passé une fois que des querelles surviennent entre les individus, les familles ou les tribus, les chefs religieux et coutumiers sont interpellés.
Et ces derniers avaient un monopôle total sur la gestion des conflits parce qu’ils sont réputés et connus pour cela par les autres membres de la société. En quelque sorte, ils sont les juges légitimes à cet effet. Parce que les chefs coutumiers sont les garants de la tradition et les religieux de la parole de Dieu. Mieux, selon M. Tall, non moins descendant du grand conquérant Elhadj Omar Tall, tout se reposait sur le pardon et l’obéissance à l’époque, une fois que les leaders communautaires tranchent l’affaire est close et oubliée par les parties en conflit.
Parlant de la crise malienne, Ba Seydou Tall affirme que la médiation internationale est une bonne chose en soi, mais ne doit pas prendre partie, elle doit être neutre et impartiale. « Il faut dire la vérité et que le pardon soit sincère pour que les maliens se réconcilient pour de bon ». a-t-il déclaré. Pour sa part Mamadou Kouyaté, président du Réseau des Communicateurs traditionnels (Recotrad), il laissé entendre que les comportements ont beaucoup changé de nos jours notamment chez les griots qui étaient connus comme des hommes de paroles et l’incarnation de la sagesse, de la cohésion sociale et l’entente. « Dans le temps, quand le griot parle, le conflit est fini, mais aujourd’hui non.
Car, nous les griots, nous sommes devenus matérialistes et on a oublié notre mission et bafoué nos valeurs au profit de nos intérêts personnels, il faut avoir le courage de le dire » a-t-il martelé avec un air désespéré et déçu. Et d’ajouter « Tout repose sur l’éducation, aujourd’hui certains parents ont démissionné, d’autres ont failli à l’éducation de leurs enfants. C’est qui nous a mis dans cette situation que nous vivons aujourd’hui. Il y a aussi la mauvaise gouvernance. Quand vous voyez des frères prendre des armes prendre des armes contre d’autres cela veut dire que l’éducation n’y ait plus. Quand un enfant est laissé à lui-même, il est appelé à tout, même à tuer… ». Ainsi, Mamadou Kouyaté opte pour un retour aux valeurs traditionnelles et coutumières. Car pour lui, « l’homme Malien doit être entièrement refondé ».
S’agissant du rôle et de la place des enfants dans la recherche de la paix, Ba Seydou Tall, chef religieux à Ségou, pense que ces derniers doivent être informés, consultés, impliqués et prise en charge dans le processus de réconciliation. Pour ce faire, il faut cultiver un esprit de paix chez en leurs inculquant des valeurs sociétales, citoyennes et patriotiques.
Quant au président du Recotrad Mamadou Kouyaté, il insiste sur l’éducation familiale. Car, d’après lui, c’est le moyen efficace pour cultiver les idéaux de la Paix et les principes du vivre ensemble qui est prôné depuis des années par les plus hautes autorités du pays, mais aussi et surtout, par les populations maliennes, notamment celles du nord.
La rédaction