L’Hôtel Azalai Salam, a abrité, ce 12 juillet 2019, la campagne internationale « Agir pour protéger les enfants affectés par les conflits ». La campagne, qui doit se poursuivre à l’échelle mondiale jusqu’à la fin 2022, vise à catalyser l’attention et les efforts nécessaires au niveau global pour mettre fin aux six violations graves des droits de l’enfant ainsi qu’à prévenir de futures violations, en renforçant la collaboration, le partenariat et les synergies entre acteurs locaux, régionaux et internationaux.
L’événement était placé sous la présidence de la ministre de l’Elevage et de la pêche, le Dr Kané Rokia Maguiraga, assurant l’intérim de son homologue en charge de la Promotion de la femme, de l’enfant et de la famille. C’était en présence de la représentante spéciale du secrétariat général des Nations unies pour les enfants et les conflits armés, Mme Virginia GAMBA ; de la chef adjointe de la MINUSMA, Johan ADAMSON ; de la représentante résidente de l’UNICEF, Mme Lucia ELMI, ainsi que les membres du groupe des amis des enfants.
Renforcer le plaidoyer
Au Mali, « Agir pour protéger » permettra de renforcer le plaidoyer pour la protection des enfants, les premières victimes du conflit. La campagne fera également la promotion du travail exemplaire réalisé sur le terrain par les partenaires et mettra en relief les défis auxquels sont confrontés les garçons et les filles tout en tâchant d’identifier les réponses adéquates.
Selon la représentante de l’UNICEF, Mme Lucia ELMI, il faut agir pour que les enfants puissent jouir de leur enfance. Elle a rappelé que le Mali est l’un des premiers pays à signer la convention relative à la protection des enfants.
Selon Johan ADAMSON, la situation est grave, mais nous devons agir dans la cause de cette campagne globale. Selon elle, la situation qui était au nord s’est déplacée au centre avec et se caractérise par des enlèvements, des enrôlements dans les groupes armés, des privations de l’accès à l’éducation, les abus sexuels, meurtres. Avant de terminer, elle a réaffirmé l’engagement de l’ensemble du système des Nations unies à accompagner le Mali à travers la création d’un groupe ami des enfants.
Les six violations graves
Dans son intervention, Mme Virginia GAMBA a indiqué qu’il faut renforcer la coopération avec les partenaires qui n’ont pas encore signé le protocole, notamment les groupes terroristes qui sont à l’origine de l’enrôlement des enfants.
« On ne doit plus attendre que les enfants qui subissent le pire puissent se rétablir tout seul », a-t-il insisté. Avant d’inviter les autorités à prioriser l’éducation pour un accès de tous les enfants à l’école.
Selon elle, les six graves violations des droits des enfants constituent une réalité dans le conflit du Mali. Il s’agit du recrutement et de l’utilisation d’enfants ; du meurtre ou l’atteinte à l’intégrité physique d’enfants ; des violences sexuelles faites aux enfants ; l’attaque contre les écoles et les hôpitaux ; l’enlèvement d’enfants ; le refus d’accès humanitaire, etc.
« Le Mali doit mettre en œuvre des solutions durables qui permettront aux filles et garçons qui ont souffert et souffrent toujours des affres du conflit de retrouver et de profiter pleinement de leur enfance, mais surtout d’avoir accès à de véritables options pour réintégrer la société et se reconstruire avec l’espoir d’un avenir meilleur », a déclaré Virginia Gamba lors du lancement de la campagne malienne à Bamako.
L’engagement du Mali
Le ministre de l’Élevage et de la pêche, le Dr Kané Rokia Maguiraga, a salué l’engagement de la communauté internationale aux côtés du Mali. Selon elle, cette campagne sera une opportunité pour les autorités maliennes d’amplifier leurs engagements vis-à-vis des enfants, notamment par la mise en œuvre effective d’instruments internationaux comme la Déclaration sur la sécurité dans les écoles, adoptée par le Mali en février 2018, et l’adoption rapide d’un code de protection de l’enfant révisé.
Au cours du point de presse qui a suivi le lancement de la campagne, Mme Virginia GAMBA, a commencé par expliquer son mandat avant de s’appesantir sur les cas de violation des droits des enfants en lien avec le conflit au nord et au centre.
« La campagne lancée aujourd’hui est porteuse d’espoir pour les filles et garçons les plus vulnérables du Mali, mais doit s’accompagner d’actions concrètes pour mettre fin aux violations graves contre les enfants », a dit les coprésidentes de l’équipe spéciale des Nations Unies sur les enfants et les conflits armés.
État des lieux
Au total, il ressort de son intervention qu’au et au centre du Mali, 159 cas d’enfants enrôlés ont été enregistrés, depuis 2012, parmi lesquels, 157 garçons, 2 filles. Sur ce chiffre, 114 cas étaient survenus les années précédentes, mais ont été documentés en 2017. Ces affaires ont été imputées à la CMA (47) ; à la Plateforme (73) ; au Mouvement pour le salut de l’Azawad (MSA) (12), à Ansar Eddine (9), à AI-Mourabitoun (3), au Mouvement pour l’unification et le jihad en Afrique de l’Ouest (1), au Front de libération du Macina (1), ainsi qu’à des groupes armés non identifiés (13). Aussi, l’ONU a confirmé que 19 enfants avaient été tués et 15 autres grièvement blessés par des tirs croisés et l’explosion d’engins explosifs improvisés et des restes explosifs de guerre. Une fille est décédée après avoir été violée. Il ressort également des déclarations faites que c’est dans les régions de Gao et de Kidal qu’il a été enregistré la plupart des victimes (36 % et 25 % respectivement). Toujours selon la conférencière ; 9 cas de viol et d’autres formes de violences sexuelles sur 13 filles âgées de 12 à 17 ans ont été confirmés. La responsabilité en a été imputée à la Coordination des mouvements et forces patriotiques de résistance II (CMFPR-II) (5), aux Forces armées maliennes (3), au MSA (1) et à des éléments non identifiés (4). Une procédure judiciaire a été engagée dans deux affaires (contre la CMFPR-II et des éléments non identifiés).
Toujours dans le même registre, deux cas d’enlèvement concernant trois garçons et une fille ont été confirmés.
Par Abdoulaye OUATTARA