Au moment où le pays est plongé de nouveau dans une situation inquiétante, les formations politiques s’engagent dans une quête acharnée du pouvoir sans esprit solidaire aucun à l’endroit des localités en difficulté. Dans les gestes, il manque largement de sincérité et de loyauté vis-à-vis du peuple pour le bien-être duquel l’on prétend conquérir le pouvoir.
C’est une évidence : la situation sécuritaire s’est sérieusement détériorée ces deux dernières semaines sur l’ensemble du territoire national. Du braquage spectaculaire à Kita, à l’évasion des 25 prisonniers à Ouéléssébougou, d’autres événements très tristes ont été vécus au centre et au nord du pays. Au-delà du Centre du pays, devenu tristement célèbre à cause des affrontements intercommunautaires, dans la région de Ménaka, c’est encore le deuil. Au moins une quarantaine de civils ont été assassinés les 26 et 27 avril dans des conditions non encore élucidées. Quarante-huit plus tard, un préfet a été tué à Gossi. Pendant ce temps, à Bamako, les formations s’entredéchirent dans la perspective de la présidentielle du 29 juillet, aucun communiqué ni de la part du gouvernement ni de la classe politique, notamment de l’opposition politique qui, dans un passé très proche, ne ratait aucune occasion de ce genre. La dernière déclaration du cabinet de l’opposition sur la question sécuritaire, sauf erreur de notre part, date du 14 mars 2018 où des affrontements intercommunautaires avaient lieu dans la région de Mopti. Pas un mot sur la mort de la quarantaine de civils à Ménaka, celle du préfet à Gossi, le braquage spectaculaire à Kita, l’évasion de Ouéléssébougou. Ironie du sort, c’est la même opposition politique qui, à travers un communiqué en date du 29 avril, a eu le réflexe de condamner l’incident qui s’est passé entre manifestants à Ségou le 28 avril, soit 24 h après seulement après les faits. Comme pour dire qu’il vaut avoir Ras Bath avec soi que contre soi. A la Convention de majorité présidentielle (CMP) le silence non surprenant s’explique pour beaucoup d’autres d’observateurs, par le fait qu’elle ne souhaite étaler l’échec du régime sur cette question sécuritaire. D’aucuns soutiennent aussi qu’il manque à la CMP de la compétence rédactionnelle pour rédiger un communiqué sans faire de fautes d’orthographe ou se tromper de date. Des cas similaires ont fait l’objet de moqueries sur la toile numérique, les réseaux sociaux. Ce qui fait taire l’opposition Se voyant en favori pour la présidentielle prochaine, l’opposition politique a toutes les raisons de se taire sur les questions de détérioration de la situation sécuritaire perçue comme principale menace pouvant occasionner la non-tenue de ces élections à la date indiquée. Communiquer davantage sur la dégradation de la situation c’est (peut-être) pour l’opposition renforcer les arguments de ceux-là qui avancent la thèse sécuritaire comme obstacle à la tenue des élections. Faut-il rappeler par-là à l’opposition politique que c’est la question sécuritaire qui a été sa principale arme pour faire échec au processus de révision constitutionnelle en juillet dernier ? Koulouba aussi ! En plus de son péché de ne pas communiquer sur la mort de la quarantaine de civils dans la région de Ménaka, le gouvernement du Mali, en lieu et place d’un deuil national, a animé une soirée à Koulouba le 29 avril, soit 48 h après les événements par les “orchestres cubain Aragon et malien Taras”. Selon le tweet de la présidence de la République qui a annoncé l’événement, la soirée a été animée en faveur de la paix. Mais de quelle paix parle-t-on ? Quand on sait que pendant que guitaristes, chanteurs et danseurs des deux orchestres mouillaient les cou… cous à Koulouba, des parents des victimes de Ménaka mouillaient encore le maillot pour pouvoir mettre à terre leurs morts.