Les vaccinations de routine constituent une étape très prépondérante dans la vie de l’enfant. Elles permettent de le prévenir de 11 maladies, notamment la rougeole, la fièvre jaune, la tuberculose, l’hépatite B, la coqueluche, les maladies diarrhéiques, la diphtérie. Cependant, ces vaccinations sont actuellement négligées par une grande partie de la population de Sikasso à cause de la pandémie de Covid-19. Beaucoup de mères estiment qu’en fréquentant les centres de santé, elles vont attraper le virus. Un tour dans quelques CSCOM et du CSREF de la capitale du Kénédougou pour en savoir davantage.
Il est 10 heures ce jeudi 11 juin 2020 au CSCOM de Wayerma I et de Kaboïla I, où l’on constate une timide affluence. Ici, on fait la vaccination de routine chaque lundi et jeudi. Dans la salle et sous la véranda, une trentaine de femmes portant leurs progénitures attendent leur tour. Les cris des bébés et les causeries des mamans dominent les lieux. Mme Koné Sogona Traoré réside à Kaboïla I. Par peur d’attraper la Covid-19, elle a accouché à la maison. Son bébé a aussi raté la première vaccination de routine. Aujourd’hui, cette mère le regrette très fort.
Le petit garçon de Mme Traoré Barakissa Koné, habitante de Wayerma II, a 1 an. Elle nous confie que cela fait trois mois qu’elle n’était pas venue à la vaccination. «Ce sont les rumeurs du teste d’un vaccin contre la Covid-19 qui m’avaient fait peur. Mon enfant a raté une vaccination », explique-t-elle. «Je suis venue aujourd’hui, car je pense que ces rumeurs sont fausses», renchérit-elle.
Selon Mme Fofana Aminata dite Mata Diallo et Mme Coulibaly Niamey Dicko, deux agents de la vaccination de routine du CSCOM de Wayerma I et de Kaboïla I, les mamans doivent comprendre que les vaccinations de routine préservent les enfants des maladies qui tuent aussi.
En outre, les agents évoquent les difficultés auxquelles le personnel est confronté à cause de l’impact de la pandémie. En effet, auparavant le CSCOM pouvait vacciner une centaine d’enfants par séance, mais en cette période de pandémie, il ne dépasse pas une une soixantaine. «à un moment, les femmes ne venaient même pas. J’ai été obligée de me rendre à une radio de la place afin de les sensibiliser.
C’est suite à cela que les femmes ont commencé à sortir », révèle Mme Fofana Aminata dite Mata Diallo, tout en invitant les mamans à sortir massivement pour faire vacciner leurs enfants afin de les protéger contre des maladies.
«Auparavant, notre centre pouvait vacciner plus de 100 enfants par séance. Mais au début de l’apparition de la pandémie, on ne recevait qu’une vingtaine de femmes. Actuellement, grâce à la sensibilisation, nous arrivons à vacciner une cinquantaine », indique la directrice technique du CSCOM de Sanoubougou I. Dr Traoré Maïmouna invite la population à se ressaisir pour ne pas décourager les partenaires qui financent les vaccinations de routine.
La chargée de la vaccination du CSCOM de Wayerma II, Mme Niaré Oumou Cissé, explique que certaines mamans viennent leur raconter qu’elles ont appris que les vaccinations de routine sont suspendues à cause de la maladie à coronavirus. Ce qui est archi faux, insiste l’agent de santé.
Ici, tout comme dans les autres centres où nous sommes passés, le nombre d’enfants à vacciner a diminué comparativement aux années précédentes. «De 60 enfants, le centre de Wayerma II vaccine actuellement 30 enfants par séance », précise Mme Niaré. Selon elle, le gouvernement doit renforcer la sensibilisation afin d’inciter les mamans à faire vacciner les enfants.
C’est dans ce contexte de manque de suivi des vaccinations de routine que l’épidémie de la rougeole a fait son apparition dans le quartier Sanoubougou I de Sikasso. La directrice technique du CSCOM de Sanoubougou I, Dr Traoré Maïmouna, indique que tout a commencé par l’infection de trois enfants de son aire de santé. Dès lors, le personnel a commencé la riposte. Mais à ce jour, sur les 12 000 enfants ciblés, les agents n’ont pu vacciner que 2.000 enfants. «Les villages de Zianso et Sabalibougou font partie de l’aire de santé de Sanoubougou I.
Les populations de ces deux villages avaient carrément refusé la vaccination contre la rougeole.», déclare Dr Maïmouna Traoré, ajoutant que c’est après la sensibilisation que les agents de vaccination ont été acceptés par les familles. Au CSREF de Sikasso, le médecin d’appui à la vaccination et membre de l’équipe d’intervention rapide de la Covid-19 souligne que la rumeur concernant le test d’un vaccin contre la Covid-19 dans notre pays a fait que beaucoup de mamans ne vaccinent plus leurs enfants. «La vaccination est un droit pour les enfants», affirme le Dr Sidibé Aoua Togola qui appelle les mères au respect strict des vaccinations de routine.
Mariam F. DIABATÉ
Source : L’ESSOR