« Il y a plus de 10 ans que nous nous battons contre les Accords de partenariat économiques. Mais, aujourd’hui, voilà que les Chefs des Etats de la CEDEAO vient de décider de trahir leur peuple ». Cette déclaration a été faite le 15 novembre 2014, par Ibrahim Coulibaly, Président de la Coordination nationale des organisations paysannes (CNOP), lors d’une conférence de presse organisée au siège de l’Association des organisations professionnelles paysannes du Mali (AOPP), pour dénoncer les Accords de partenariat économiques (APE) que la CEDEAO est en passe de signer avec l’Union Européenne.
Dans les jours à venir, les chefs des Etats de la CEDEAO vont devoir faire face à des frondes, chacun dans son pays. Le réseau des organisations paysannes et producteurs agricoles de l’Afrique de l’Ouest s’oppose à la décision des Chefs des Etats de la CEDEAO en date du 14 juillet 2014 et qui invite tous les Etats à signer les APE en l’état. En attendant une coordination des actions à l’échelle de la sous-région ouest africaine, les organisations paysannes maliennes ont donné de la voix le 15 novembre 2014. « Nous invitons le Président Ibrahim Boubacar Keita à ne pas signer les APE en l’état », a indiqué Ibrahim Coulibaly, Président du CNOP. Selon lui, il y a plus de 10 ans que l’Union Européenne, bien organisée et structuré, tente d’imposer à l’Afrique de l’Ouest, un Accord de libre-échange, sous le vocable d’Accords de partenariat économique. « Ils veulent qu’on installe une zone de libre-échange entre l’Europe et la CEDEAO », a-t-il indiqué. Avant d’ajouter que cela pouvait être logique si nous avons quelque chose à aller vendre en Europe. « Comme aux premières de la colonisation, l’Europe est aujourd’hui dans la logique de faire de nos Etats de gros marchés de consommation de ses produits manufacturés », a-t-il déclaré. Avant d’accuser les Chefs des Etats de la CEDEAO de trahison de leur peuple. Selon lui, cet acte historique grave de conséquence pour le développement de l’intégration de l’Afrique de l’Ouest a été pris sous le leadership des Présidents Macky Sall du Sénégal et de Alassane Dramane Ouattara de Côte d’Ivoire. « Malgré que toutes les études, même celles de la CEDEAO ont démontré la nocivité des APE pour le développement économique de la CEDEAO, les Chefs de nos Etats se sont engagés à les signés », a-t-il dénoncé. Avant de dire que les peuples d’Afrique de l’Ouest ne se mobilisent, les chefs des Etats de la CEDEAO vont les conduire droit dans un mur. En sa qualité de Président de l’AOPP, Tiassé Bouaré non moins député à l’Assemblée nationale, a demandé aux autorités maliennes de surseoir à la signature des APE en attendant de mieux organiser l’Etat à faire face aux pertes des droits de douanes. Pour sa part, Mamadou Goïta a rappelé que c’est grâce au leadership de Abdoulaye Wade à côté de la société civile ouest africaine et la mobilisation des peuples que les APE ont tardé à être signés. Selon lui, les chefs d’Etat avaient prévu de boucler tout le processus en 2006. Il a indiqué que l’Union Européenne veut imposer à l’Afrique de l’Ouest ce qu’elle refuse aux Etats-Unis d’Amérique qui souhaite avoir une zone de libre-échange avec le vieux continent. En attendant la reprise des mouvements de rue partout en Afrique de l’Ouest pour s’opposer aux APE, les organisations paysannes maliennes sont convaincues que « les APE seront un frein à notre développement d’ici 20 ans, car nous aurons des problèmes pour développer des partenariats avec d’autres pays comme la Chine, l’Inde, l’Afrique du Sud, le Brésil… qui seront en pleine expansion, alors que l’Union Européenne sera en déclin ». Ils estiment qu’aujourd’hui, « la priorité est l’appel à l’intégration économique des Etats de l’Afrique de l’ouest et non les APE qui vont ruiner cette initiative avec les TEC ».
Assane Koné