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Séquelles de la colonisation : – Le petit-fils d’un ancien Général de l’armée française abandonné à son triste sort à Tombouctou – Il réclame à François Hollande la reconnaissance de sa nationalité française

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Il s’appelle Frédéric Gardey, né en 1958 à Tombouctou d’un père français, Lieutenant Louis Gardey aujourd’hui Colonel à la retraite, et d’une mère Malienne de Tombouctou, Aïchatou Mint Abdallah Fatalla. Abandonné depuis sa naissance sur les terres de ses oncles, Frédéric lance aujourd’hui un cri de détresse au président de la République française, François Hollande, pour la reconnaissance de sa nationalité française. Toutes ses tentatives auprès d’éminents avocats français, tels Me Jacques Vergès et Me Tarik Abahri, ayant échoué.

L’histoire de Frédéric Gardey n’est, malheureusement, pas unique en son genre. En effet, ce sont plusieurs enfants issus d’union entre des militaires de l’armée coloniale française et des femmes indigènes qui peinent à bénéficier de la nationalité française. Leurs pères rentrés, ayant décidé, pour des raisons qui leur sont propres, de ne plus prendre contact avec eux. Toute chose qui interpelle les autorités françaises car ces  » Français «  non reconnus par leur patrie ne sont pour rien dans ce qu’il leur est arrivé.

 

Il faut préciser que, selon Frédéric, son grand-père était le Général Gardey, Commandant de l’Afrique occidentale française (AOF), installé à Dakar. Son père, le Lieutenant Louis Gardey, commandait en son temps le Groupement nomade d’Araouane (G.N.A), au Nord de Tombouctou de 1954 à 1959. A la suite d’un mouvement de grève de ses soldats méharistes, le Lieutenant Gardey fut appelé en 1959 pour la guerre d’Algérie, date à laquelle son fils qui avait à peine un an ne le revoit plus.

 

En 1962, Louis Gardey fut mêlé à l’affaire de l’OAS (Organisation de l’armée secrète accusée de vouloir renverser le gouvernement français). Il fut arrêté et emprisonné pendant un an pour tentative de coup d’Etat contre le Général De Gaulle. Réintégré au sein de l’armée, il fit valoir ses droits à la retraite en 1977 avec le grade de Colonel et vivrait à Paris, à en croire son fils.  Pourtant, Frédéric soutient avoir entrepris plusieurs démarches  afin de rencontrer son père. En vain. Cependant, muni d’un laissez-passer français (avec nationalité présumée d’après lui), il parvint à arriver à Marseille en septembre 1983. Ce document remis à la police de l’air française permit à Frédéric de passer deux semaines à la légion du 1er  régiment d’Aubagne. Il en profite pour adresser une correspondance au ministre français de la Défense.

 

En réponse, la Direction générale des Armées notifia à l’intéressé qu’en principe sa nationalité était acquise mais qu’il devait contacter sa préfecture de résidence pour y décliner sa filiation en vue de son intégration dans la société française.

 

 

Alité durant cinq mois pour raison de maladie et n’ayant aucun très proche, Frédéric fut obligé de rentrer au Mali pour regagner Tombouctou, sa terre natale. C’est pourquoi, aujourd’hui, il lance un cri de détresse :  » En parlant dans ce prestigieux journal, l’Indépendant, je ne souhaite nuire à qui que ce soit de façon directe ou indirecte encore moins à mon père. Je ne veux nullement obliger mon père à me rencontrer. Ce que je recherche, à travers cette démarche, c’est de bénéficier simplement du minimum auquel ma filiation me donne droit à savoir la nationalité française. Je ne suis pour rien dans le comportement ou attitude de mes parents dont je suis le produit. Je souhaiterais pouvoir me rendre sur le territoire français comme tout enfant français de 1ère, 2ème, 3ème ou 4ème génération issu de la colonisation ou de l’intégration. Je voudrais jouir simplement du droit de sang conformément aux lois et règlements en vigueur de la République française. Je suis un Français à part entière et je voudrais être reconnu comme tel « .

 

Appelé familièrement Baba Toubabou (Baba le Blanc), Frédéric a sollicité les services du célèbre avocat Me Vergès. En réponse, celui qui est surnommé l’avocat des causes perdue, a, dans une correspondance datée du 27 septembre 2006, regretté de ne pouvoir assurer la défense des intérêts de Frédéric, évoquant son agenda chargé. Toutefois, Me Vergès lui proposa d’entrer en contact avec Me Tarik Abahri. Ce dernier également a, dans une lettre datée du 18 juin 2007,  évoqué un emploi du temps chargé pour ne pas assurer la défense des intérêts de Frédéric.

 

Toutes choses qui, naturellement, nous contraignent à des questionnements : Pourquoi ces deux avocats français n’ont pas souhaité défendre les intérêts d’un citoyen  » français non reconnu « ? Y’aurait-il une raison d’Etat non évoquée ? Une chose est sûre, Frédéric Gardey tient à sa nationalité française et souhaite rentrer en France pour vivre tranquillement.

 

En attendant la réaction des nouvelles autorités françaises, Baba Toubabou vit paisiblement dans le quartier populaire d’Abaradjou où il détient un petit commerce qui lui permet, ironie du sort et de l’histoire, de ravitailler les soldats français de l’Opération Serval en boissons et autres produits alimentaires. Comme pour dire que reconnu comme citoyen français ou pas, il aime sa patrie et la sert comme telle.

 

 

Source: L’Indépendant

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