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Sénégal : la maison des esclaves de Gorée fait peau neuve

Après plus de trois ans de travaux, cette célèbre demeure a été complètement rénovée grâce au concours d’une équipe pluridisciplinaire.

Le lieu est symbolique. Son histoire, dramatique. La préservation de sa mémoire, un devoir. Pendant plus de trois ans, une équipe pluridisciplinaire s’est attelé à assurer de façon pérenne la vitalité et l’impact de la Maison des Esclaves de Gorée.

« L’esclavage transatlantique, marquée par le silence historique et l’invisibilité, est en réalité la plus grande tragédie humaine. Le travail accompli est donc d’une extrême importance parce que nous redonnons à ce lieu de mémoire toute son épaisseur et toute sa vitalité. De ce fait, nous transformons cette histoire de tragédie en cette dimension de la résistance, de la conquête de l’humanité par ceux qui ont été mis en esclavage et que nous avons oublié, et au combat que mènent leurs descendants dans les sociétés esclavagistes et qui font face au racisme », a indiqué le Conseiller du projet, Doudou Diène.

Ce travail, fruit d’une collaboration entre l’Etat du Sénégal et la fondation Ford, a coûté 1,8 million de dollar et a également permis de rénover le musée retraçant le commerce triangulaire à partir de l’île.

« Le centre d’interprétation que nous inaugurons aujourd’hui est bien plus qu’un simple bâtiment. C’est le lieu où nous pouvons plonger dans les profondeurs de cette île et les événements qui l’ont façonnée. Il représente un lieu de convergence des connaissances d’un espace dédié à la découverte d’un carrefour où les passionnés de culture, chercheurs… peuvent se réunir pour explorer, échanger les idées et élargir les horizons à travers des ateliers et des programmes éducatifs », a déclaré le ministre de la Culture Aliou Sow.

Parmi les innovations mises à jour dans le musée figurent des panneaux qui explorent le rôle et la vie des femmes sur l’ile de Gorée ; des espaces de méditation, des œuvres d’art d’artistes sénégalais contemporains, le tout, dans une scénographie qui incite les visiteurs à établir des liens entre l’histoire du site et les nouvelles formes de violations, du trafic sexuel à la migration forcée.

« En visitant cette exposition, nous devons garder à l’esprit que l’esclavage n’était pas seulement un chapitre de l’histoire, mais un système complexe qui a laissé des traces profondes dans les sociétés du monde entier. Ces œuvres ne se limitent à exposer les horreurs du passé. Elles sont également un appel à l’action pour la justice et l’égalité », a relevé M. Sow.

Pour vulgariser davantage l’histoire de la Maison des Esclaves de Gorée, le conservateur, Eloi Diouf, a souligné la nécessité de digitaliser le patrimoine historique. Selon le ministre de la Culture, un projet allant dans ce sens est en train d’être finalisé avec l’Agence française de développement et d’autres acteurs. Aliou Sow a aussi approuvé l’idée de créer un réseau mondial des lieux de mémoire de l’esclavage en faisant de Gorée le centre.

ARD/ac/APA

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