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Secrétariat général de la présidence : Ousmane Sy va-t-il démissionner ?

Pourra-t-on résoudre définitivement l’équation de la candidature des acteurs de la transition ? La question suscite déjà différentes réactions après que le Secrétaire général de la présidence de la République, Ousmane Sy, ait déposé sa candidature pour les primaires de l’Adema Pasj. Le secrétaire général, qui a rang de ministre et deuxième personnalité de la présidence, est-il habilité à briguer un poste électif pendant la Transition.

Ousmane Sy

L’Alliance pour la démocratie au Mali (Adema), a publié la semaine dernière la liste des candidats à la candidature du parti. Ils sont 19 candidats pour un seul fauteuil : le candidat de l’Adema à la présidentielle de 2013. Dix-neuf candidats, mais aucune femme. Mme DIALLO, qui avait postulé au départ, s’est retirée au profit de Boubacar Bah dit Bill. Le vingtième candidat, Mohamed Ag Billal, a été disqualifié.

 

En revanche, plusieurs anciens ministres sont partants. Il s’agit, entre autres, de Soumeylou Boubeye Maïga, Ibrahima N’Diaye, Tiémoko Sangaré ou encore Sékou Diakité. Mais aussi et surtout de l’ancien ministre de l’administration territoriale et non moins secrétaire général de la présidence de la République sous la Transition, Ousmane Sy. Sa candidature fait déjà débat à l’Adema, mais également au sein de l’opinion nationale. Est-elle compatible avec les mesures édictées par la communauté internationale et les autorités de la transition ?

 

Si l’on en croît au président de la République, les acteurs de la transition ne pourront pas être candidat aux prochaines échéances électorales de 2013, à commencer par la présidentielle. C’est également ce que souhaitent la Cedeao et l’Union africaine. Mais ces déclarations et instructions font-elles des exceptions ? L’Adema prendra-t-elle le risque d’engager un candidat « trempé » dans la transition politique ? Si Ousmane Sy est désigné candidat du parti à la présidentielle de 2013, l’Adema pourra se retrouver devant un dilemme du fait des responsabilités du secrétaire général de la présidence de la République.

 

Un rôle de « Premier ministre bis »

 

Le rôle du secrétaire général de la présidence de la République est souvent assimilé à celui de du chef de l’exécutif.  Le secrétaire général est le membre le plus haut placé du cabinet du président de la République. C’est son plus proche collaborateur et le supérieur hiérarchique de tous les fonctionnaires composant les services de la présidence. Il est, de par la nature de sa fonction, souvent surnommé « le deuxième homme le plus puissant de la République », « le Premier ministre bis », ou encore « le vice-Président ». Ousmane Sy, qui a les privilèges de cette fonction, est aujourd’hui tenté par la conquête du pouvoir. Un droit légitime. Mais c’est un droit auquel s’oppose l’opinion nationale du fait de contexte de transition, qui exige une certaine neutralité des acteurs de la dite transition. Les principaux acteurs sont appelés à œuvrer pour la réussite d’une sortie de crise par la libération des régions du nord et l’organisation d’élections transparentes.  Ceux-ci (les acteurs de la transition) ne doivent avoir aucune ambition pour un poste électif. C’est en tout cas le sens de la déclaration de Dioncounda Traoré. Et cela a été réaffirmé mainte fois y compris au moment où l’ancien Premier ministre a voulu remettre en cause ce principe.

 

En prenant ses fonctions en décembre dernier, l’ancien ministre de l’administration territoriale n’ignorait pas ce principe, qui fut officialisé par le discours du président par intérim, Dioncounda Traoré, après son retour de sa longue convalescence de Paris. La responsabilité majeure du secrétaire général de la présidence est d’aider le président de la République par intérim à accomplir sa mission pendant cette transition.

 

A l’Adema, certains cadres du comité exécutif du parti ne voient pas d’un bon œil la candidature du secrétaire général de la présidence, Ousmane Sy. Qui pouvait, il y a quelques semaines, décliner l’offre de Dioncounda et garder ses chances intactes à la candidature du parti. Certains ténors parient que son engagement aux côtés du président, n’est pas fortuit. Il s’agit ni plus, ni moins que d’influencer les grands électeurs de l’Adema Pasj, qui auront le dernier mot dans le processus de désignation du candidat du parti à la présidentielle de 2013.

 

En plus de la direction et la coordination des membres du cabinet présidentiel (hormis l’équipe rapprochée), le rôle principal du secrétaire général est d’informer le Président de toutes les affaires du pays et de le tenir au courant des informations administratives et politiques utiles. Ainsi, il s’occupe des affaires privées du chef de l’État et gère pour lui les relations avec les partis politiques et les syndicats dont il reçoit régulièrement les représentants. Le secrétaire général de la présidence assure également une mission de communication.

 

En effet, il est le porte-parole du Président : c’est lui qui transmet « la parole, la position officielle » du chef de l’État. Il intervient plus particulièrement dans les domaines d’intervention privilégiés du président de la République, tels que la défense et les relations internationales. Qui plus que ce fonctionnaire est acteur de la transition ? Si la candidature de Ousmane Sy est retenue, elle serait une menace à la fois pour l’Adema, mais aussi pour l’élection présidentielle. Un collaborateur direct du chef de l’Etat, et pas n’importe lequel, pourrait naturellement influencer l’électorat. Dès l’instant qu’il a pris la décision de briguer la candidature du parti, il devrait rendre le tablier et quitter ses fonctions de secrétaire général de la présidence. Le président de la République ne doit avoir dans son entourage aucun proche susceptible de remettre en cause sa neutralité.

 

Aussi, la candidature de l’élu de Bandiagara, qui avait des ambitions sénatoriales, pourrait faire l’objet de rejet par la Cour constitutionnelle afin de garantir l’impartialité de la présidence de la République dans ces élections. Toute chose qui pourrait totalement disqualifier l’Adema Pasj de la course à la présidentielle de 2013. Un risque que le comité exécutif des Abeilles pourra difficilement cautionner.

 

Idrissa Maïga

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