C’est cette semaine que devra notamment s’achever la première étape de la seconde phase des pourparlers inclusifs inter-Maliens d’Alger.
Celle-ci prévue pour quatre semaines, arrivera à son terme ce jeudi 25 septembre avec un squelette d’accord de paix qui sera proposé par la médiation aux différentes parties en conflit. Même si elles ont été très ardues, ces négociations ont été menées habillement par une équipe de médiation rompue à la tâche sous la conduite de l’Algérie. Cependant, des incidents ont émaillé son démarrage effectif à cause notamment de l’attitude de la coordination des mouvements qui réclament une partition du pays à travers un protocole d’entente signé le samedi 13 septembre.
Dans ce document, ils avaient exigé aux mouvements non-signataires de ne pas participer aux discussions en même temps qu’eux. Finalement, la formule préconisée par l’équipe de médiation pour maintenir le dialogue était de recevoir les deux camps séparément. Ainsi, ce sont d’abord les mouvements de la plateforme (CM-FPR de Me Harouna Toureh, du MAA-loyaliste et d’une partie de la CPA) qui sont les premiers à discuter avec le gouvernement. Notons qu’au cours des échanges, il est apparu de nombreux points de convergence entre les deux parties sur le fait qu’il fallait impliquer davantage les communautés à la base dans la gestion de leurs terroirs.
Les séparatistes font monter les enchères
Par ailleurs, pour participer à ces négociations, les groupes séparatistes (MNLA-HCUA-MAA-dissident et la mouvance de la CPA, restée fidèle à Ibrahim Ag Assaleh) avait en plus de l’exclusion des mouvements non-signataires du protocole divisant le Mali, demandé de trancher d’abord les questions politico-institutionnelles avant de discuter des autres thèmes. Dans le document qu’ils ont transmis à la médiation, les séparatistes ont réitéré leur revendication relative à un Etat fédéral avec deux entités. Bien qu’ayant déploré cette attitude considérée comme non conforme à la feuille de route signée en juillet dernier, la médiation estime que c’est néanmoins une » avancée majeure « .
Signalons que dans le groupe thématique lié à la défense et à la sécurité, les séparatistes ont réclamé une armée propre à cette région. La réponse du gouvernement a été implacable en indiquant que » ces questions relèvent de la souveraineté nationale « . Il y a lieu de préciser que dans tous les autres groupes thématiques (développement économique, social et culturel ainsi que justice et réconciliation nationale), les séparatistes n’ont fait que réitérer la même demande relative à un Etat fédéral. C’est ainsi qu’ils ont demandé à ce que la gestion des fonds destinés au développement des régions du nord leur soit exclusivement réservée en plus des tribunaux spéciaux relevant de leur propre compétence. Face à cette situation, le gouvernement a mis sur la table son projet de décentralisation poussée voire une régionalisation afin que les communautés puissent prendre en charge les questions liées au développement de leur terroir. Il se dit même prêt à entreprendre d’autres réformes allant dans le sens d’une meilleure implication des citoyens dans la gestion des affaires de leur localité.
Un processus long et complexe
L’équipe de médiation a pris bonne note de toutes ces propositions. Avant le retour des délégations maliennes au plus tard samedi prochain, elle devrait leur proposer un projet d’accord réaliste et réalisable, qui prend en compte les préoccupations des uns et des autres. La reprise des travaux est programmée le 11 octobre prochain d’abord par une réunion de haut niveau sur les propositions faites par l’équipe de médiation. Ce n’est donc qu’après cette réunion que les différentes délégations reviendront à Alger pour un ultime round de négociation dans un cercle plus restreint. Par ailleurs, une source proche de la médiation a indiqué que le » processus est évolutif » et marque des points. Elle reste persuadée de pouvoir rapprocher les points de vue et arracher ainsi un accord de paix entre toutes les parties à l’issue des quatre semaines restantes du processus soit environ avant le 10 décembre. Mais cela dépendra bien évidemment de la bonne volonté des uns et des autres. Ainsi, des compromis sont donc nécessaires par toutes les parties pour y parvenir. Notons que les mouvements séparatistes se disent prêts à lâcher du lest encore faudrait-il que le gouvernement leur fasse des propositions qui leur permettront de renoncer à leur idée de fédéralisme. Reste à savoir si l’intérêt général et le souhait d’un Mali uni et réconcilié l’emporteront sur la passion ou d’autres considérations étroites.
Massiré DIOP, depuis Alger