L’ancien Premier ministre, Moussa Mara, et le premier vice-président de l’Assemblée Nationale, Moussa Timbiné, arrivés premiers respectivement en communes IV et V du District de Bamako, ne dorment plus, tant ils font face à des forte coalitions déterminées à leur barrer la route au second tour. L’ancien Premier ministre et son colistier Hassane Sidibé ont récolté au premier tour plus de suffrages que l’alliance UDD-PSDA, mais auront en face d’eux une coalition composée outre de l’UDD-PSDA, de l’ADEMA, l’URD, le RPM, le PARENA et d’autres partis ou candidats indépendants. Quant à Moussa Timbiné, il est arrivé en légère avance en commune V et sera opposé à l’alliance ADEMA-URD-ADP, qui aura le soutien ferme et entier de la quasi-totalité des autres candidats recalés au premier tour.Les deux Moussapourront-ils desserrer l’étau pour passer au second tour ? Qu’ont-ils fait pour mériter cette inimitié, voire haine, contre eux ?N’ont-ils pas leur part de responsabilité dans ce qui leur arrive ?
On aurait crié à une cabale contre la jeunesse si les deux jeunes candidats, à savoir Moussa Mara et Moussa Timbiné, étaient des modèles par leurs parcours politiques ou s’ils étaient exempts de reproches. Selon nos informations, l’ancien Premier ministre Moussa Mara serait victime de sa versatilité. Tantôt il est de la majorité, tantôt de l’Opposition, et même souvent non aligné. Ses détracteurs lui reprochent son manque de courage et ses ambitions machiavéliques qui se sont transformées en prétentions. Cette lecture serait-elle celle des électeurs qui lui ont propulsé en tête au premier tour ?Rien n’est moins sûr, mais en se référant aux élections législatives de 2007 où il a mis en ballotage l’actuel Président de la République IBK, candidat dans la même commune et qui a gagné grâce à la forte coalition, ADEMA-URD-RPM, on pourrait alors en conclure qu’il sera difficile pour Moussa Mara de gagner au second tour.
Pour le RPM, après avoir été Premier ministre au nom de la Majorité Présidentielle où il n’avait que quelques députés, Moussa Mara aurait dû rester loyal à IBK jusqu’à la fin de son mandat. Pour cette forfaiture, le RPM tout comme les autres partis de l’EPM ne donneront jamais leurs voix à YELEMA.La position du RPM, en tant que parti majoritaire dans l’ensemble, sera celle des autres partis de la Mouvance Présidentielle, surtout que les deux partis qui sont opposés à Mara, à savoir l’UDD et le PSDA, sont tout aussi membres de la majorité. Quant à l’URD, le principal parti de l’Opposition, elle aurait dû soutenir Moussa Mara si après sa démission de la Majorité présidentielle, il avait débarqué à l’Opposition. L’ancien premier ministre a toujours eu des mots très durs vis-à-vis des partis qui ont géré le pays de l’avènement de la démocratie à nos jours, et particulièrement l’URD, alors doit-on espérer avoir le soutien de celui à qui tu méprises tant ? Donc il n’aura que ses deux yeux pour pleurer, s’il venait à être battu au second tour le 19 avril.
Quant à Moussa Timbiné, bien qu’étant le candidat du parti présidentiel, il n’échappera pas à la même cabale que son homonyme. Le premier vice-président de l’Assemblée Nationale aurait eu tort de constituer tout seul sa liste, surtout après avoir exclu tous les caciques du parti des Tisserands en commune V dont le Président du RPM Bocari Tréta et le Maire Ouattara. Par cet acte, Moussa Timbiné aurait créé la dissidence, voire la rébellion contre lui-même au sein de sa propre formation politique. On reproche à l’ancien leader estudiantin d’être arrogant, irrespectueux et trop imbu de sa personne, toutes choses qui pourront être des handicaps pour le second tour. Sinon, il est arrivé en tête au premier tour avec un plus de 25 %, contre 22 % pour la seconde liste. Cette dernière bénéficiera d’une très large coalition dirigée par les dissidents du RPM qui jurent d’en découdre avec Moussa Timbiné, pour enfin récupérer leur parti entre les mains « d’un aventurier politique ».
En somme, Moussa Mara et Moussa Timbiné, deux noms, issus de deux partis politiques distincts, mais certainement ont un même destin, celui d’un homme incompris. Si malgré les grandes coalitions contre eux, ils arrivent à gagner, ils auraient démenti tous les préjugés fallacieux, mais s’ils perdaient leurs détracteurs auraient alors raison sur eux.
Youssouf Sissoko
Source: Infosept- Mali