C’est en treillis, avec trois étoiles au galon et béret vert vicié sur la tête, que le ministre de la Sécurité et de la Protection civile, le général Salif Traoré a tenu, hier, un point de presse devant un parterre de journalistes nationaux et internationaux. L’objectif était de donner la version officielle du gouvernement sur la sécurisation du scrutin du second tour de la présidentielle tenu le 12 août dernier.
«La sécurisation s’est passée de manière acceptable à notre entendement», a rassuré le ministre. Selon le général Salif Traoré, l’objectif au départ était de faire en sorte qu’il y ait moins d’incidents au second tour qu’au premier lors duquel 871 bureaux de vote n’ont pu être ouverts dans les Régions de Mopti et de Ségou. «Aujourd’hui, la situation nous donne un effectif total de 490 bureaux de vote qui n’ont pas pu ouvrir», a affirmé le ministre.
La Région de Mopti arrive en tête avec 440 bureaux non ouverts dont 100 non opérationnels pour cause, selon le général Salif Traoré, «d’inaccessibilité» en raison des inondations, «de peur de représailles». «Certains disaient qu’après l’élection, les bandits viendraient les chercher chez eux», a révélé le ministre. Dans la Région de Ségou, les Cercles de Macina et de Niono ont connu quelques incidents. Quant à la Région de Tombouctou, elle a enregistré 23 bureaux non opérationnels. Pour le ministre de la Sécurité et de la Protection civile, cela est une grande avancée par rapport au premier tour de la présidentielle lors duquel plus de 100 bureaux de vote n’ont pu ouvrir dans cette localité. «Nous avons un peu plus de 3,7% de bureaux de vote qui n’avaient pas fonctionné normalement au premier tour. Au moment où je vous parle, nous sommes à 2% de bureaux qui n’ont pas ouvert pour ce second tour», a expliqué le général Salif Traoré.
Satisfait de cette avancée, il a félicité toutes les forces de défense et de sécurité et les partenaires (groupes armés signataires, MINUSMA, Barkhane) pour le travail abattu en coordination, le jour du scrutin du 12 août dernier.
Il a aussi félicité la Commission nationale de sécurisation du processus électoral et tous les gouverneurs pour leur travail de sécurisation.
Toutefois, le ministre en charge de la Sécurité n’a pas manqué d’appeler à la vigilance jusqu’à la fin du processus électoral. «Ce n’est pas tout à fait fini encore tant que tous les bulletins et les procès-verbaux ne sont pas regroupés au niveau des chefs-lieux de région et acheminés jusqu’à Bamako à la Commission nationale de centralisation», a-t-il conseillé. « Quand on parle du processus, beaucoup ne s’intéressent qu’aux détails, c’est-à-dire les incidents », a regretté le ministre, avant de rappeler que le Mali est «un pays en relèvement». Il a exhorté tous les Maliens à se donner la main pour que les incidents soient moindres lors des prochaines échéances électorales.
Le général Salif Traoré s’est incliné devant la mémoire du président de bureau de vote assassiné vers 14 heures, le jour du second tour, dans la commune de Saraféré, dans la Région de Tombouctou. «Au niveau de la foire du village, la place publique du village qui abritait deux bureaux de vote, des hommes armés ont pu tirer sur un individu et emporter ses biens et en même temps saccager le matériel électoral du bureau», a-t-il expliqué. D’après le ministre, l’autre bureau, situé à côté, n’a pas été touché. Les agents qui y étaient n’ont pas été non plus inquiétés «Les enquêtes nous diront pourquoi exactement ce bureau », a-t-il promis.
Un rapport complet et détaillé précisant les endroits où le vote n’a pas pu avoir lieu a été publié hier après-midi sur le site du ministère de la Sécurité et de la Protection civile. Auparavant, le ministère avait publié sur le même site un premier rapport de constat vers 16 heures, le jour de l’élection.
Sékouba KONARÉ
L’Essor